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2006 -B - Luc 2, 1-14 -Noël- Devenir «plus» humain

ANNÉE B- NOËL, Luc 2, 1-14 : DEVENIR «PLUS» HUMAIN

Notre société lance le message, dont l'écrivain André Comte-Sponville en est le plus illustre représentant, que notre existence humaine personnelle aussi bien que collective, n'a pas besoin de la religion pour être heureux. Il écrit: on peut se passer de religion mais pas de communion, ni de fidélité (L'esprit de l'athéisme, une spiritualité sans Dieu, éd. Albin Michel, 2006, p. 77). Nous l'observons, nombreux sont ceux et celles qui s'épanouissent et se mettent au service des autres sans être soutenus par une foi en Dieu.

Votre présence nombreuse ce soir (ce matin) envoie le message : si l'expérience de Dieu n'est pas radicalement une nécessité pour être heureux, elle est radicalement désirable, précieuse, salutaire.  La foi en Dieu est désirable même si elle n'est pas nécessaire pour vivre en humain authentique. Pour contester l'inhumanité humaine que nous laisse voir nos mass médias.

L'expérience actuelle de la non-nécessité de Dieu dit quelque chose du mystère de Dieu que nous célébrons aujourd'hui (ce soir). Noël nous place en présence d'un Dieu «débarrassé de puissance», non IMPOSANT mais nous offrant une parole DÉSIRABLE. Et le Verbe s'est fait chair (messe du jour). André Gide écrivait : Il y a dans les paroles du Christ plus de lumière que dans toute autre parole humaine. Ceci pourtant ne semble pas suffire pour qu’on devienne chrétien. Encore faut-il croire. Eh bien, je ne crois pas. Et, nous dit le bienheureux Newman  : Nous croyons parce que nous aimons […] ce projet de Dieu désirant pour nous une terre neuve.

 

Noël, c'est la fête-commencement d'une manière de vivre à la mode de Dieu. Jésus le premier né d'un monde nouveau, a inauguré une manière de vivre et de faire vivre qui fait «neuf». Qui fait sens. Jésus montre que l'autre a de l'importance, qu'il existe. Il a passé sa vie à faire exister l'autre, les sans voix, les sans papier, les sans avenir. Voila la bonne nouvelle. Il y a dans cette manière de vivre non pas une perte de soi, une mésestime de soi, mais un accomplissement de soi jusqu'à privilégier l'existence de l'autre. Marie, qui est au cœur de cette fête, en sait quelque chose, elle qui a dit OUI à ne plus exister pour elle-même.

 

Au cœur de l'expérience de foi qui n'est pas nécessaire pour être heureux mais radicalement désirable, une attente se loge: celle de vivre entre nous en créature nouvelle. Nous sommes tellement ce que Dieu a de plus précieux (Tertullien, au IIe siècle) que le Fils du Père est venu nous montrer comment développer entre nous un comportement à l'image et à la ressemblance de Dieu (Gn). Un Père de l'Église antique disait que Dieu s'est fait homme pour que l'homme devienne Dieu. Jésus a vécu à la perfection ce qu'est être une personne humaine, ce qu'est être humain. Il a été le seul humain qui n'a pas vécu sur le bord de l'humain, qui n'a pas vécu à moitié humain.

 

Celui dont nous célébrons la naissance est vraiment homme. Vraiment humain. Jésus n'est pas un gourou retiré du monde, vivant dans son monde, ni un intellectuel, ni un théoricien désincarné. Sa seule notoriété, sa seule grandeur c'est qu'il a passé sa vie à sauver l'humain, à nous sortir des ténèbres d'un comportement non humain. Jésus a aboli l'ère du soupçon, de la vengeance, de l'œil pour œil pour inaugurer le pari de l'homme nouveau. Il a montré que nous avons en nous, humains, la capacité de vivre entre nous d'un humanisme nouveau, évangélique. D'une loi nouvelle : il a été dit [...],  moi, je vous dis (Mt 5, 43-48).

 

Nous pouvons très bien connaître cette manière de vivre de Jésus qui a fasciné tant d'êtres humains dans l'histoire; nous pouvons très bien admirer le Verbe fait chair venu diviniser nos manières humaines de vivre et aussi avoir de la difficulté de vivre à la perfection ce chemin. Jean-Paul II dans sa lettre ouvrant le nouveau millénaire (# 2)  déclare que Jésus ouvre à chaque être humain la perspective de devenir plus homme, de devenir divinisé. Ne sommes-nous pas créés à l'image et ressemblance de Dieu !

 

Comme le disait Origène, un maître incomparable de la lecture de la Bible : à quoi me sert [de savoir] que le Verbe soit venu dans le monde, s’il ne vient pas en moi ?  La création du monde a débuté par une parole: Dieu dit.  La récréation du monde a débuté par la naissance d'une Parole : Celui ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le.

Je termine par ces mots de l'hymne des premières vêpres annonçant Noël,  des mots qui devraient bouleverser notre manière de vivre : Aujourd'hui dans notre monde le Verbe est né. Aujourd'hui dans notre mort est semée la vie. AMEN.

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Vendredi, 1 décembre, 2006

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