Vous êtes ici

Recherche dans les textes de "À lire pour vivre"

2005- A- Funérailles temps de Noël- Jn 12, 22-28

HOMÉLIE FUNÉRAILLES TEMPS DE NOEL

"Aujourd'hui dans notre mort a paru la Vie. Aujourd'hui dans notre monde le Verbe est né". Ces mots ouvrent la liturgie des Vêpres de la veille de Noël. Ce sont des mots invraisemblables, presque incroyables tant ils semblent très loin de notre quotidien. Des paroles ineffables, incompréhensibles. Devant ces mots, nous avons plus souvent qu'autrement des oreilles qui n'entendent pas. " Ils ont des oreilles et n'entendent pas" dit Jésus quelque part. Et pourtant ce sont des mots à dire, redire jusqu'à ce qu'ils prennent forme en nous. Jusqu'à ce qu'ils deviennent prière.

Nous venons de célébrer Noël. Noël, c'est Jésus Lumière incréée , Jésus le commencement sans commencement, Jésus la plénitude de l'être , Jésus, " engendré non pas créé" comme nous le disons chaque dimanche, Jésus le Fils innommable du Père, qui devient l'un de nous. Il s'est fait humain. Il s'est fait l'un de nous pour que nous devenions éternel dit une préface de Noël. Jean - " qui a vu, entendu, touché le Verbe de Vie" ( 1Jn 1,1) - nous transmet et nous invite à entendre : " je suis venu vous dire, à vous qui mettez votre foi dans le nom du Fils de Dieu, que vous avez la vie éternelle" ( 1 Jn 5,13. A ceux qui l'ont connu, il a donné la vie éternelle dit St Jean. Ce n'est pas une destination qui nous est offerte mais une manière de voyager.

Merveilleux échange: il a pris notre chemin pour nous ouvrir le sien. Il a assumé notre mort pour nous introduire dans sa Vie. Aujourd'hui dans notre mort est semé la vie. Il faut entendre ces mots, les accueillir, les ruminer longuement jusqu'à ce qu'ils viennent nous bouleverser. Les entendre jusqu'à ce qu'ils nous "affectent" dirait le mystique Ruysbroeck.

Ce que nous voyons de nos yeux, c'est une tombe. Un corps inanimé s'y cache. Ce que nos yeux de foi voient, c'est pour citer un père de l'Église, " une espèce de vie nouvelle". Un poète Augustin Villerant a des mots qu'il faut laisser vibrer en nous : " nos jours sont courts mais Dieu offre de les prolonger en les faisant entrer dans le Sien." Voilà dit autrement tout le mystère de cette fête chrétienne que nous venons à peine de souligner.

Chrétiens, parents attristés, Noël se réalise maintenant pour notre sœur Yvette. "Sa vie n'est pas détruite, elle est transformée" . "Je ne pars pas disait Thérèse de Lisieux, j'arrive. "

Vous le saviez, Yvette avait deux passions : sa famille et son Église. Sa vie fut offertoire, une vie offrande, et je dis le mot, une vie sacrifice. " L'épreuve dit Maurice Bellet est un signe de la douceur de Dieu. " À ceux et celles qui l'aiment, Dieu s'empresse de leur offrir sa croix. Pas surprenant que beaucoup le délaissent !

Vie offertoire : Songeons à ses deux veuvages survenus très tôt dans sa vie. À chaque fois, elle se retrouvait avec des enfants à élever, à nourrir.

Vie d'offrande parce que pour elle, le mot exister devenait plein de sens quand elle n'existait que pour ses enfants. Toute sa vie, elle s'est oubliée pour leur offrir non pas la richesse qu'elle n'avait pas. Elle n'avait rien mais sa famille ne manquait de rien de ce qui est essentiel.

Vie offertoire aussi parce que Yvette, qui a passé toute sa vie à l'ombre de ce clocher paroissial, n'a pas ménagé de consacrer du temps pour nourrir sa foi. Son Église était pour elle importante.

Son héritage n'est pas dans l'avoir mais dans la richesse de sa personne, de sa foi. Elle nous lègue une manière simple de vivre qui est toute une richesse. Elle nous laisse une foi en la Providence qui l'a conduite toute sa vie. Aucun risque d'y voir les mites et la rouille s'emparer de ce qu'elle nous lègue !

Une phrase ramasse toute sa vie: le bonheur d'aimer les siens. D'aimer Dieu. Sa vie avait une destination : devenir Évangile à travers un quotidien fait de simplicité qui dégageait une grande sagesse, une belle manière de vivre. Elle s'est tenue dans l'être et non pas dans une condition sociale pour citer Emmanuel Levinas.

Yvette arrive maintenant chez Dieu. Ajoute un couvert à ma table . Sa foi l'invite maintenant à voir face à face ce que nous entrevoyons dans cette eucharistie.

Devenons maintenant louange pour cette vie en forme d'Évangile. Devenons émerveillé pour cette vie donnée. Devenons eucharistie pour celle qui maintenant est invité à la table de l'eucharistie sans fin. Dieu nous a donné cette mère, cette amie. Il la reprend maintenant. Que son nom soit béni ! Je suis sur qu'Yvette signerait de sa vie ces mots de Claire d'Assise : Merci de m'avoir créée. AMEN 

Évangile: 
Année: 
Autres: 
Date: 
Jeudi, 1 décembre, 2005

Ajouter un commentaire

Plain text

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les adresses de pages web et de courriels sont transformées en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
Image CAPTCHA
Saisir les caractères affichés dans l'image.