Année B : Dimanche de la 3e semaine du CARÊME (litbc03d.24)
Jn 2 13-25 – tuer l’humain est sacrilège.
Ce geste prophétique de chasser les vendeurs du Temple montre la place centrale de la Croix dans la vie de Jésus. Ce n’est pas un hasard si la seconde action publique de Jésus après celle des noces de Cana dans l’Évangile de Jean est de chasser les marchands du Temple. L’essentiel de la bonne nouvelle est de nous libérer nos comportements sacrilèges. Pour comprendre la dureté de ce geste, demandons-nous comment nous réagissons quand quelqu’un brise un tabernacle, s’empare des hosties consacrées ? Est-ce que nous sommes en colère quand un homme, une femme, un enfant est tué. Nous sommes le temple de Dieu.
Nous avons tous des convictions et quand elles sont attaquées, cela nous choque. En posant ce geste, Jésus montre une profonde conviction. Sa priorité n’est pas le respect du culte, mais le respect de la personne. Chaque fois qu’on respecte le culte, mais qu’on ne respect pas l’humain, c’est sacrilège. C’est piétiner Dieu. C’est agir en contre-évangile. C’est annuler l’évangile au nom de l’évangile.
Le commerce dans le temple annule la vraie religion. Personne, dira-t-il, ne peut servir deux seigneurs, deux maîtres (Mt 6, 24). Sa réponse détruisez ce temple et je le rebâtirai deviendra le motif principal de sa condamnation. Cette déclaration n’aide pas sa cause tant elle suscite de la colère contre lui. Qui es-tu pour affirmer qu’avant Abraham fut, tu étais ?
En ouverture de son Évangile, Jean annonce ce qui sera l’action principale de l’agir de Jésus. Sauver l’humain de l’esclavage, de l’argent, de l’esclavage du pouvoir. Cela le conduira à la Croix. Jésus ne ménage pas ses mots : Ma Maison sera appelée une Maison de prière, mais vous en avez fait une caverne de voleurs (Mt 21,13). Ce sont des mots très forts qui nous libèrent du pouvoir et de la séduction de l’argent.
Par son geste, Jésus remet les pendules à l’heure. Il fait prendre conscience aux gens qu’il y a risque d’égarement dans la pratique de la religion quand faire des affaires, de l’argent en devient le critère. Tu n’auras pas d’autres dieux que moi (Ex 20,4).Nous expérimentons chaque jour que le chemin de la mondanité, de la possession peut être plus séduisant que celui de l’évangile.
À ses yeux, chaque être humain, bon ou mauvais, croyant ou incroyant, vaut plus que l’argent qu’il fait. Tous, sommes de temples de Dieu. La renommée de chacun de nous ne repose pas sur le matériel que nous possédons, mais bien d’être temple où habite Dieu. Qui est l’homme pour que tu te souviennes de lui (Ps 8,4). Nous sommes la demeure principale. Thérèse d’Ávila invite ses compagnes à contempler un château qui habite Dieu. Que je ne te laisse pas seul au fond de mon être (Elisabeth de la Trinité). À Zachée, Jésus lui dit je vais demeurer chez toi (Lc 19, 5).
Ce geste exprime le grand rêve de Jésus : restaurer l’humain qui prend souvent de mauvais plis. Nous sommes faits non pour idolâtrer l’argent, non pour promouvoir le carnaval des riches de monde, mais pour être la demeure de Dieu. Faire entendre cela est folie de Dieu. Jésus refuse que nos vies quotidiennes soient des maisons de trafic. Pour que Dieu vienne en nous, pour que Dieu avance en nous, il faut lui faire de la place. Il lui faut du vide (Père Jacques de Jésus). Faisons attention à ne pas étouffer Dieu dans un environnement d’encombrement de croyances.
Certains peuvent observer dans ce geste la colère très réelle de Jésus. Si un être humain ne montre jamais de colère, alors je pense que quelque chose ne va pas dans sa tête affirme le Dalaï-Lama. Mais ce n’est pas une colère de vengeance. Nulle part dans l’évangile Jésus se met en colère contre des personnes, même pas contre Judas. Il n’a pas vécu sa passion et sa mort avec colère ni même annoncée qu’il se vengera de ceux qui ont décidé sa mort.
Ce geste montre au grand jour ce qu’exprime Silouane, un poète et mystique, pourquoi cherches-tu dans un autre temple celui qui est en toi ? Le ciel est en toi . Le pape écrivait dans un Tweet que si le cœur est surchargé par les biens, il n’y aurait pas de place pour le Seigneur, qui deviendra une chose parmi les autres. AMEN.
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