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2020-A-Jn 16, 23b-28- samedi 6e semaine de Pâques- heureux départ

Année A : samedi de la 6e semaine de Pâques (Litap06s.20)

Jn 16, 23b-28 ; Ac 18, 23-28 : heureux départ.

Durant la semaine où nous célébrons l’Ascension, la liturgie nous invite à entrer dans la vie divine, à entrer dans une relation d’union au Christ. En s’élevant vers le Père, Jésus nous entraîne avec lui dans son intimité. Pour nous expliquer cela, Jean donne l’exemple de la vigne (Jn 15, 1-10), élément central dans le discours d’adieu de Jésus.

Désormais et pour toujours, tout repose sur la profondeur de notre union à Jésus, sur notre attachement à la  vigne. Je suis la vigne. Vous êtes les sarments. Cela veut dire  que nous faisons partie de la vigne. Circule en nous, en nos veines, la même sève quand dans le cep. Ensemble, Jésus et nous, nous formons un seul vivant. Nous devenons la propriété du maître de la vie.  Nous disparaissons au profit de la vigne. Quand nous voyons un champ de vignes, notre premier regard se porte sur la beauté du champ et sur sa santé, ensuite nous voyons le fruit. Jésus ne dit pas je suis la tige et vous êtes les sarments. Il dit je suis la vigne.  Tout est dit. Vous savez bien que tout est grâce (hymne du samedi saint).

Le Christ ne s’en va tout seul,  les sarments sont aussi là. Ce n’est pas une personne seule, le Christ seul, qui s’en va chez le Père, c’est le Christ total. C’est un collectif, un peuple, le peuple des greffés à la Vigne. Comme chrétiens, nous sommes localisés en haut ; nous sommes des habitants du haut. Des participants de sa divinité (Préface de l'Ascension). Nous sommes du monde d’en haut, sans être du monde d’en bas. Nous sommes incapables d’exprimer toute la profondeur de ces mots. Ils sont trop pauvres pour nous faire comprendre et vivre que nous sommes greffés sur Jésus et qu’il nous élève avec lui vers le Père.

C’est ainsi qu’il faut comprendre les paroles qu’il est bon que je m’en aille. Jésus ne se sépare pas de nous. Si je pars, je vous enverrai le Paraclet (Jn 16,7). Jésus ne nous demande pas de changer de lieu. Tu ne peux venir avec moi maintenant (Jn 13, 36).  Il souhaite seulement nous voir changer notre mode d’intensité avec lui. Non plus un mode humain, mais un mode de grande intensité intérieure par le don de son Esprit qui lui ne nous quitte pas.

L’Esprit, c’est Jésus lui-même, autrement expérimenté, touché, vu, goûté. Un auteur chartreux reconnaît dans ce départ la réalisation de l’incarnation ou l’arrivée du Christ total. La gloire qui habille Jésus est notre gloire dans la mesure où nous avons pris part à ses souffrances (1 P 4, 13) et que nous demeurons en lui comme lui  demeure en nous (Jn 15, 4).

Demeurer greffés sur Jésus pour qu’il nous élève vers le Père, pour qu’il nous introduise dans la maison du Père, comment cela est-il possible ? (Lc 1, 34).  Non pas en suivant Jésus, mais en vivant la vie de Jésus. Cela peut sembler pareil à des oreilles distraites. La vraie valeur de nos vies ne repose pas sur ce que nous faisons (i.e. suivre Jésus), mais plutôt sur l’intensité de notre relation avec lui[1]. La vie pascale n’est pas d’acquérir quelque chose. Elle consiste à cultiver l’Esprit que Jésus nous laisse. Qu’il me soit fait selon ta parole (Lc 1, 38). Marie n’a rien fait. Toute sa vie fut acquiescement de l’Esprit de Jésus en elle.

Nous n’avons jamais fini de naître de l’Esprit de Jésus. C’est lentement, au jour de jour, de naissance en naissance, d’enfantement en enfantement dans la douleur, de progrès et de recul, de commencement en recommencement, de proximité en éloignement  que nous laissons Jésus se former en nous, que nous allons vers le Père.

Tantôt, la première lecture nous présentait Apollos. Il avait une grande éloquence, une solide éducation, il parlait bien de ce qui concernait Jésus. Ce n’était pas suffisant. Il lui manquait le baptême. Il lui manquait d’être Jésus. Ce récit des Actes se reproduit chaque fois que nous parlons bien de Jésus, que nous bâtissons de beaux projets. Il faut plus que cela ; il faut être Jésus.

Le monde entier a vu ce qu’est être Jésus quand en mars dernier dom Giuseppe Berardelli, prêtre du diocèse de Bergame frappé par le COVID 19, est décédé après avoir cédé sa place à une personne plus jeune dans le service de réanimation de l’hôpital où il était hospitalisé. Dom Giuseppe est mort comme un prêtre. Je suis profondément bouleversé que, lui, curé de Casnigo, ait renoncé [à sa place à l’urgence] pour la donner à un plus jeune que lui, a-t-on écrit dans le journal local.  Ce geste est devenu viral sur les réseaux sociaux. Ce fut sa meilleure prédication. Il a pris la condition de serviteur (Ph 2, 7). Laissons l’Esprit de Jésus affecter nos vies d’un contagieux virus. AMEN.

Autres réflexions sur le même passage :

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2019-c-jn-16-23b-28-samedi-6e-semaine-de-paques-est-rendu-la

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2018-b-jn-16-23b-28-samedi-6e-semaine-de-paques-tourne-vers-le-plus-grand

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2017-jn-16-23b-28-samedi-6e-semaine-de-paques-ce-jour-la

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2016-c-jn-16-23b-28-samedi-6e-semaine-pascale-quoi-demander

 


[1]  Oraison, bulletin mensuel d’aide à la vie spirituelle, no 250, mars 2020.

 

Évangile: 
Année: 
Pérode: 
Date: 
Mercredi, 13 mai, 2020

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