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Bélanger, Mgr Guy 1969-1975

« Chercher le Royaume et sa justice »

 

Mgr Guy Bélanger est né à Salaberry-de-Valleyfield (Québec) en la paroisse Sainte-Cécile le 24 janvier 1928. Suite à la démission de son prédécesseur, il fut élu évêque le 18 octobre 1969 et sacré le 23 novembre 1969 par Mgr Emmanuele Clarizio, Pro-nonce apostolique. Il fut le cinquième évêque du diocèse de Valleyfield.



 

Mgr Guy Bélanger« Cette Justice du Royaume qui consiste en ce que le Salut des autres exige que nous donnions notre vie - Justice dont j'ai fait ma devise-, je lui demande que je la pratique le premier à votre égard ».

 

 

C'est en ces termes que Mgr Guy Bélanger a pris son engagement d'évêque, au jour de son ordination épiscopale, le 23 novembre 1969, en la cathédrale Sainte-Cécile. Cet engagement, il allait le tenir jusqu'au bout, dans la fidélité à sa devise, « Chercher le Royaume et sa justice ».

 

 

Originaire de Valleyfield, Guy Bélanger avait auparavant œuvré comme prêtre enseignant puis recteur du Séminaire de Valleyfield. Le cinquième évêque du diocèse allait donner à la fonction épiscopale un style nouveau, celui d'un pastorat collégial, accessible, dépouillé, simple et préoccupé du quotidien des gens. Avec lui, l'évêque cessait d'être un personnage pour devenir un frère.

 

 

Accueilli dans son diocèse d'origine, suite à huit longs mois d'interrègne, Mgr Bélanger s'attacha d'abord à recréer la solidarité diocésaine par une pastorale du contact direct avec ses diocésains, la mise en place des structures de collégialité prévues par le Concile Vatican II, la valorisation du personnel presbytéral et la promotion de responsables laïcs.

 

 

Assez tôt, il entreprit la visite des paroisses et des écoles dans un style d'accueil et d'écoute, « sans tambour ni trompette ».

 

Il avait acquis de son expérience dans l'Action catholique le souci d'aller dans la rue, dans les familles, de dialoguer avec les clubs sociaux, avec les groupes de personnes que les croyances ou la situation morale éloignaient de l'Église, comme avec ceux qui s'engageaient dans de nouvelles avenues pastorales, plus risquées. Marqué par son long engagement dans les Fraternités sacerdotales Jésus Caritas (dont il fut, un certain temps, le responsable international), il cherchait toujours à prendre le parti des plus petits et des exploités, sans pour autant briser l'unité de la communauté.

 

 

Mgr Bélanger avait le sens de l'organisation. Il s'adjoignit bientôt comme vicaires épiscopaux deux prêtres du diocèse , Mgr Bernard Hubert (qui deviendra plus tard évêque de Saint-Jérôme puis de Saint-Jean-Longueuil) pour la pastorale paroissiale, et Mgr Lucien Beauchamp pour la pastorale scolaire. Après le départ de Mgr Hubert, il nomma Mgr Paul-Émile Leduc à la fonction de vicaire général et directeur des services diocésains.

 

 

Il constitua un exécutif diocésain et développa les directions et services pastoraux (pastorale des milieux de vie, vocations, communications, etc.), forma les conseils presbytéral puis pastoral. Il invita les « forces vives » (prêtres, agents pastoraux et collaborateurs laïcs) à travailler en fonction de priorités établies après consultation et à évaluer leur action pastorale. Il encouragea l'éducation populaire de la foi par des projets annuels des « Chantiers ». Il s'attacha aussi à confier des responsabilités importantes aux religieux, aux laïcs et aux femmes dans les écoles, les paroisses et la fonction diocésaine. Sa dernière réalisation pastorale fut la création d'un centre de formation pastorale pour les prêtres et les laïcs désireux de s'engager au service de l'Église et du milieu.

 

 

Mgr Bélanger manifesta aussi son « souci de toutes les Églises » en prenant sa part de responsabilités aux divers niveaux de collégialité épiscopale : membre de l'exécutif de la Conférence des évêques catholiques du Canada, ainsi que de nombreux comités épiscopaux québécois ou canadiens touchant le clergé, la justice sociale, l'éducation chrétienne, il participa aussi à la création d'une table de travail pour les évêques de la région de Montréal et leurs collaborateurs. Avec ceux-ci, il prit part à la première « visite ad limina collective », à Rome, en 1974. En 1971, il accomplit une tournée pastorale en Amérique latine, et en 1973, il visita le Vietnam, en guerre, dans le cadre d'une mission de paix et de respect des droits humains.

 

 

Mgr Bélanger a donc connu une large renommée publique : aux plans local ou national, dans les médias ou la radio, à travers des conférences ou des retraites, dans un style simple, franc et cordial, Mgr Bélanger n'hésitait pas à commenter les questions de l'heure, particulièrement celles qui touchaient à l'éducation et à la jeunesse, à la justice sociale, aux conflits qui agitaient le pays. Homme d'action, il écrivait peu, mais ses lettres pastorales reflétaient à la fois un solide enseignement doctrinal à saveur biblique, et une spiritualité profonde, concrète, inspirée de l'Action catholique.

 

 

Mgr Bélanger était l'homme des grandes visions et des causes qui réclament toutes les énergies : il parlait souvent du « combat spirituel » dans le quotidien individuel et collectif. Mais il était aussi l'homme du détail et de la délicatesse, du contact personnel avec ses collaborateurs et son personnel. Bourreau de travail, désireux de « donner sa vie » pour son Église, il ignora des appels à la prudence concernant sa santé et fut finalement emporté prématurément par un infarctus le 15 octobre 1975, après six ans d'épiscopat. C'était au cœur d'une Année sainte qu'il avait inaugurée, dans le diocèse, comme une expérience de retour aux sources et de renouveau spirituel.

 

Richard Wallot, v.g.

Tiré de Témoins d'une Église, 1991