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LETTRE ENCYCLIQUE LAUDATO SI’ DU SAINT-PÈRE FRANÇOIS SUR LA SAUVEGARDE DE LA MAISON COMMUNE

 

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Résumé du même document fait par Mme Anne Meilleur, responsable diocésaine de la Pastorale de la Création

 

Résumé de la Lettre du Pape François « Laudato si *» 

* Première encyclique papale consacrée à l'environnement et l'écologie.

préparé par l'abbé Richard Wallot, le 15e dimanche du Temps ordinaire B, le 12 juillet 2015, églises des paroisses Sainte-Jeanne-de-Chantal (inspiration du site Internet «Croire» de Bayard/Novalis.



Homélie (Marc 6, 7-13)


Le 17 juin dernier, le Pape François – qui, cette semaine, visitait l’Écuador, la Bolivie et le Paraguay, a publié la première encyclique papale consacrée à l’environnement et l’écologie. Une encyclique est une lettre très importante qu’un pape adresse partout dans le monde, soit aux catholiques, soit aux humains de toute croyance, sur un sujet majeur pour la foi chrétienne.

 

Intitulée « Laudato si », la lettre du Pape François s’inspire d’abord du Cantique des créatures de saint François d’Assise, patron des écologistes et des artisans de paix. « Laudato si » veut dire en italien : « Sois loué » et constitue les premiers mots du Cantique qui débute ainsi…

 

Très haut tout-puissant, bon Seigneur,
à toi sont les louanges, la gloire et l’honneur, et toute bénédiction.
À toi seul, Très-haut, ils conviennent
Et nul homme n’est digne de te mentionner.

Loué sois-tu, mon Seigneur, avec toutes tes créatures,
spécialement, messire frère Soleil,
lequel est le jour, et par lui tu nous illumines.
et il est beau et rayonnant avec grande splendeur,
de toi, Très-Haut, il porte la signification.

 

Ce Cantique appelé aussi « Cantique du soleil » a été composé par saint François au XIIIème siècle et demeure un classique de la poésie et de la prière italienne et occidentale. C’est une belle prière d’été pour nous, qu’on peut facilement retrouver sur internet. Il s’agit d’un grand poème d’émerveillement devant la beauté du monde. On y retrouve l’écho du fameux Cantique des Trois enfants dans le Livre biblique de Daniel.

 

L’encyclique vise à rendre tous les chrétiens et tous les humains de bonne volonté conscients de l’extraordinaire richesse qu’est notre terre, mais aussi des immenses dangers qui menacent notre planète. Déjà, il y a plus de 50 ans, le Concile de Vatican II avait appelé les catholiques à prendre conscience de la mission de prendre soin de l’environnement.  De même le Pape Benoît XVI. Mais jamais un Pape n’était allé aussi loin que celui-ci.

 

Le Pape François nous appelle tous à une profonde conversion. Cela rejoint l’évangile d’aujourd’hui : « ils proclamèrent qu’il fallait se convertir » (Marc 6). Se convertir, ici, cela ne veut pas dire changer de religion ou corriger ses défauts moraux. Cela signifie changer de vie et de mentalité, changer sa façon de vivre. Le Pape François nous appelle tous à changer notre façon de vivre si nous voulons respecter la mission que Dieu a confiée à l’homme au début de l’humanité.

 

LA LETTRE COMPTE 6 CHAPITRES.

 

Le 1er chapitre s’intitule « Ce qui se passe dans notre maison ». La terre est notre maison. La maison de chacun de nous mais aussi la maison de l’humanité qu’est notre planète.

 

Pollution, culture du déchet et du gaspillage, réchauffement climatique, déforestation, extinction des espèces vivantes et disparition de la biodiversité, problème aigu de l’eau potable, le Pape constate une profonde dégradation de notre environnement. L’originalité de la pensée du Pape François est de lier ce problème à celui de la dégradation sociale.

 

Quand la terre se détériore, tout le monde en souffre, surtout les plus pauvres : « les gémissements de notre sœur la terre se joignent aux gémissements des abandonnés du monde. » : pensons à la multiplication des ouragans, des phénomènes météo extrêmes, sécheresses ou inondations, vagues de froid ou de chaleur intense, nouvelles maladies (notamment la multiplication des cancers et des virus) et infestations d’insectes.

 

Cela crée des tensions sociales et politiques, des désastres, et ce sont les plus pauvres qui sont les plus exposés. « L’actuel système mondial (NDR qui repose avant tout sur le profit et la croissance économique) est insoutenable. » dit le Pape.

 

Dans le 2ème chapitre, le Pape François met en valeur la richesse de la révélation de la Bible sur la création et l’humanité. Nous avons été créés par amour (« Dieu vit que cela était très bon » Gn 1), et notre petite planète, poussière dans l’espace sidéral, nous a été confiée, et « nous marchons avec lui vers la plénitude de Dieu où le Christ ressuscite, embrasse et illumine tout ».

 

Oui, pour le Pape François, « l’univers matériel est un langage de l’amour de Dieu, de sa tendresse démesurée pour nous. Le sol, l’eau, les montagnes, tout est caresse de Dieu… Tout est lié, dit-il : comme êtres humains, nous sommes tous unis comme des frères et des sœurs…entrelacés par l’amour que Dieu porte à chacune de ses créatures et qui nous unit aussi avec une tendre affection à frère soleil, à sœur lune, à sœur rivière, et à la mère terre. » Les Amérindiens le disent, saint François le disait, la Bible le proclame depuis plus de 3,000 ans.

 

Au chapitre 3, le Pape met en lumière les avantages mais aussi les dangers de la technique qui est comme un terrible pouvoir dont on se sert pour écraser la nature. Bien des décisions politiques et économiques se prennent sans tenir compte des conséquences négatives sur l’environnement. Pensons simplement à la domination des marchés pétroliers sur notre géographie. La tragédie du Lac Mégantic en est un bel exemple : tant de victimes et de destruction parce qu’on ne se préoccupait que des profits du pétrole et des chemins de fer : peu de progrès ont été faits depuis pour assurer une meilleure sécurité aux gens et à la nature. Les dangers sont même multipliés.

 

S’il est vrai qu’au livre de la Genèse, Dieu confie à la personne humaine de dominer la terre, ce n’était pas pour qu’il en soit le seigneur mais uniquement l’administrateur responsable. Tout est lié. Notre style de vie fondé sur la consommation effrénée et le confort mène à une logique du « utilise et jette », et favorise bien des formes de corruption sociale. Même la personne humaine devient un produit qu’on utilise et jette, qu’on achète et qu’on vend pour des motifs purement économiques. Cette crise socio-environnementale demande une approche « intégrale » (c’est-à-dire en tenant compte à la fois de la nature, des populations touchées, des droits humains) pour combattre la pauvreté, rendre la dignité aux exclus et préserver la nature qui ne peut plus suffire à nos besoins de consommation.

 

Au chapitre 4, le Pape François appelle les politiciens et les grandes organisations à développer rapidement une législation et des normes efficaces pour préserver notre environnement. Tous les humains ont besoin du beau, de se sentir à la maison, en harmonie avec notre loi morale. Quel monde voulons-nous laisser à nos enfants ? Allons-nous accepter de changer notre style de vie ? Actuellement, l’homme et la femme modernes courent le risque permanent de devenirs profondément individualistes, et beaucoup de problèmes sociaux sont liés à notre vision égoïste et narcissique du monde.

 

Au chapitre 5, le Pape donne des conseils autant aux individus qu’aux gouvernements, invitant ceux-ci (cela concerne notre gouvernement !) à plus de transparence et à se soucier davantage du « bien commun », une réalité de plus en plus oubliée, alors que nos gouvernements deviennent la proie de puissants lobbies. Notre organisation catholique canadienne Développement et Paix, fidèle à la doctrine sociale de l’Église, nous rappelle souvent que « la terre est à tout le monde ». Le Pape salue et encourage vivement les efforts du mouvement écologiste mondial et les sommets des dernières années.

 

Enfin, au 6ème chapitre, le Pape François nous invite à changer, à prendre nos responsabilités, à éveiller au beau et à la culture de la vie, d’abord dans nos familles. Il invite les chrétiens à plus d’austérité responsable, à une spiritualité de la sobriété (ici on dirait : simplicité volontaire), à la capacité de jouir de peu, et du retour à la simplicité de vie.

 

Finalement, le Pape termine par deux belles prières pour notre terre et avec la création, l’une qu’on peut prononcer avec des gens de toute croyance, l’autre entre chrétiens. (Nous en lirons une comme prière après la communion.)

 

Comme prévu, la lettre du Pape a été très mal accueillie dans les milieux conservateurs, notamment chez les républicains américains  qui se croient propriétaires de la Bible et qui demandent au Pape de rester dans sa sacristie ! Par contre, il a été reçu comme un solide coup de main non seulement par les écologistes mais par tous ceux qui se préoccupent du sort de l’humanité. Hubert Reeves, le célèbre astrophysicien québécois, qui n’est pas un croyant, a estimé que « le Pape décrit très bien les enjeux liés à la perte de la biodiversité. J’ai été très agréablement surpris par ce texte. Il est important d’avoir un message moral sur ces sujets cruciaux pour la vie humaine. » Un leader musulman français a estimé pour sa part que c’est une occasion pour chaque communauté religieuse de relier écologie et spiritualité. » On a dit aussi que, « pour les chrétiens, c’est une formidable session de rattrapage en écologie. »

 

Je vous encourage vivement à profiter de l’été pour lire ce beau texte quj s’adresse à nous, écrit dans un langage accessible, comme le Pape François sait le faire. On peut se procurer ce texte sur internet ou encore en brochure au prix d’environ 7 $ chacune. Dans quelques instants, nous présenterons le pain et le vin, fruits de la terre et du travail humain : prenons soin de la planète qui les produit et sachons vraiment, cet été, nous émerveiller de la Création, le premier livre où Dieu nous parle : il nous parle d’amour. Amen.

 

Richard Wallot,
curé