2025-C- Lc 16, 19-31- dimanche de la 26e semaine ORDINAIRE- un chemin à construire
2025-C- dimanche de la 26e semaine ORDINAIRE (litco26d.25)
Lc 16, 19-31- un chemin encore à venir. Lazare et le pauvre.
C’est une belle évocation de notre monde que cette parabole de Lazare et du riche. Nous bâtissons présentement un monde sans autrui (Jean Lavoué). Une sociologue, Danielle Hervieux-Leger, parle du phénomène « exculturation ». L’exclusion est partout : fondamentaliste, traditionaliste, protectionniste, raciste, identité culturelle. La culture du rejet (pape François) est partout. L’autre n’est pas un virus dont il faut se protéger. Le plus gros problème est le manque de sensibilité des êtres humains envers leurs semblables, envers ceux qui sont à côté d’eux (Betinho).
Malheur, observait le prophète Amos, à ceux qui vivent bien tranquilles… à ceux qui se croient en sécurité…, mais ne se tourmentent guère du désastre d’Israël.
À travers la crise de l’immigration, de l’accueil des réfugiés, nous bâtissons un monde profondément divisé. La question ouvrant le livre de la Genèse demeure sans réponse : qu’as-tu fait de ton frère (Gn 4, 10) ? Ce n’est pas une question-condamnation, c’est une question inaugurale de fraternité, une question vocationnelle, une question appel à nous ouvrir aux autres, à reconnaître, respecter, préserver leur dignité, à être proche les uns des autres sans égard à notre origine, notre culture, notre religion. Pas facile de bien vivre nos différences. Le loup habitera avec l’agneau (Is 11,6). Il n’y a pas d’avenir basé sur la division entre nous.
Cette parabole présente un abîme infranchissable entre des deux mondes, entre deux manières de vivre : ouverture ou fermeture aux autres. Lazare, c’est Jésus qui mendie l’amour des autres. C’est Jésus qui frappe à nos portes et qui a comme tous les humains besoin de sentir qu’il est aimé apprécié. C’est Jésus qui nous montre la beauté d’un humain fragile qui a besoin des autres. Il a besoin de l’amour de son Père. Il a besoin d’être aimé des autres. La pauvreté de Lazare est une richesse et le riche manque d’humanisme.
Il y a un abîme entre ce monde « fermé » où un seul souci habite : avoir toujours plus de plaisir à posséder et ce monde « ouvert aux autres » qui a faim de fraternité, d’égalité, de justice, de dignité et de respect. Nous sommes tous frères. Sans relation aux autres, nous ne sommes qu’une cymbale qui fait du bruit (1 Co 13,1). Nous sommes des êtres de relation. Une nouvelle humanité est en train de naître. Commencement de la bonne nouvelle.
Cette parabole met le doigt sur une question fondamentale. Nous avons besoin des autres. Ce n’est pas la richesse du riche qui est condamné, c’est une vie fermée aux autres. La relation à l’autre change notre vie. Le malheur du riche n’est pas dans la richesse, mais parce qu’il vit de son « je » et ne s’ouvre pas à l’autre. C’est un mort-vivant.
L’enfer, c’est vivre sans ouverture aux autres. Nous avons besoin d’une alliance de l’humain (pape Léon X1V), fondée non pas sur le pouvoir, mais sur le soin ; non pas sur le profit, mais sur le don ; non pas sur la suspicion, mais sur la confiance. Nous avons besoin de vivre l’Évangile de la fraternité. Jésus apporte une grande nouveauté : la passion de l’autre. Il lance un mouvement pour une humanité humaine.
Au centre de l’Encyclique Fratelli tutti (# 106), le pape François écrit : Il est quelque chose de fondamental et d’essentiel à reconnaître pour progresser vers la fraternité universelle : réaliser combien vaut un être humain, combien vaut une personne, toujours et en toute circonstance.
Je conclus. Aucune rencontre n’est possible si l’un ne cherche que son bonheur et refuse d’entendre l’autre, les Lazare d’aujourd’hui, ne désirant qu’être reconnu, aimé, désiré, recherché. Gardons en nos cœurs les paroles de Jésus : Je vous donne un commandement nouveau : vous aimer les uns les autres ; comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres (Jn 13, 34).