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2022-C-Mt 6, 24-34 - samedi de la 11e semaine ORDINAIRE- du jamais vu

Année C : samedi de la 11e semaine ORDINAIRE (litco11s.22)

Mt 6, 24-34 ;   Un Dieu jamais vu. pas de souci –  

Pour plusieurs, la foi chrétienne apparaît comme un renoncement à une vie pleinement vécue dans le monde. Elle consiste à faire des sacrifices, des efforts pour obtenir le ciel. Jésus n’a jamais privilégié une telle option. Au début de notre être chrétien, il n'y avait pas de dogmes à accepter, pas de Credo à réciter, ni de recommandations à pratiquer les 613 articles de la loi ou à suivre les leaders religieux qui disent et ne font pas. L’axe central de la prédication de Jésus fut d’éveiller les gens à l’émerveillement du regard de Dieu sur eux. Jésus a pris l’initiative de poser sur nous un regard qui devrait nous étonner. Regardez […]vous valez bien plus qu’eux. Observez la beauté des fleurs. 

Dans les mots d’un Régis Debray, journaliste et philosophe, Jésus présente un Dieu jamais vu, non-légaliste qui « désenclave » Dieu des temples pour « mondialiser » son visage miséricordieux. Toutes les personnes et nations peuvent être admises à sa Table.

L’évangile appelle à restaurer nos regards. Voici, disait le prophète Isaïe, que je fais toutes choses nouvelles (cf. Is 43,19). C’est un appel à nous connecter à quelque chose de beau. Au milieu de vous se trouve le plus beau des enfants des hommes tant la grâce est répandue sur ses lèvres (cf. Ps 45, 2-3). Il appelle à passer d’une accoutumance à ne voir que tribulations, désolations à l’accoutumance à voir surgir les bourgeons d’une « année de grâce ». Nous sommes des lieutenants de la beauté du regard de Jésus sur le monde. Nos regards sont l’icône [de celui ] du Dieu invisible (cf. Col 1, 15).

Regardez, c’est un mandat à détacher notre regard de l’opacité de la nuée qui nous entoure. La scène des noces de Cana, ils n’ont plus de vin, est devenue notre quotidien. Entendons le chemin inimaginable proposé par Jésus : remplissez vos regards d’eau vive. Quelque chose de semblable se répète quand Pierre dit à Jésus, maître, nous n’avons rien pris (cf. Lc 5, 5). Recommencez, dit Jésus. Nous ne sommes qu’au début d’un regard d’eau vive qui ne se brise pas, qui ne mourra pas (cf Jn 21, 3), dit Jean en finale de son évangile, d’une table que l’abondance étonnera toujours.

Comment ? En ne s’attachant pas aux tribulations, aux désastres provoqués par des comportements non-humains, en ne portant pas attention aux voix qui nous vendent des solutions faciles ou même aux voix qui nous proposent des solutions de compromis. Il ne s’agit pas à tourner le dos à notre condition terrestre, c’est impossible. Nous sommes à jamais des connectés à la terre. Il s’agit de nous connecter à l’ivresse qui s’y cache, dit Jürgen Moltmann. Cette ivresse nous propulse à jouir de la divinité qui est en nous. Il faut que nos regards dépassent ce qui se voit pour rejoindre les racines qui donnent de beaux fruits.

Un maître spirituel de notre époque écrit : avant même qu'un être humain puisse nous voir, nous étions vus par les yeux aimants de Dieu. Avant même que quelqu'un nous entende pleurer ou rire, nous étions entendus par notre Dieu qui est toute écoute pour nous. Avant même que quelqu'un en ce monde nous parle, la voix de l'amour éternel nous parlait déjà (H. Nouwen).

Si nous déplorons ce qui se passe en Ukraine, il faut aussitôt s’empresser d’observer en même temps la mondialisation de petits gestes de solidarité, la mondialisation de l’entraide. Nombreux sont ceux qui s’engagent, au risque de leur vie souvent, à venir en aide aux victimes tombées sur la route. Des bourgeons de vie surgissent dans les cœurs, même dans des endroits les plus désertiques. Des pousses de libération jaillissent de partout.

Regardez. Avec cet appel, nous passons d’une christologie d’en haut à une christologie d’en bas (Bernard Sesboué). Nous passons du Christ d’après Pâques au Jésus incarné dans notre quotidien. Dans des mots très forts, un théologien belge, peu connu des années 90, écrit que c’est la foi en un Dieu hors du monde qui nous a conduits à un monde sans Dieu.

À votre contemplation : toute chose est sainte, toute chose est belle pour ceux qui ont appris à regarder le flux divin qui s’y cache. Pour celui qui sait regarder, pour le contemplatif, toute chose rend gloire à Dieu. AMEN

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Lundi, 13 juin, 2022

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