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2022-C-Mt 5, 17-19 -mercredi de la 10e semaine ORDINAIRE- autrement l'évangile

Année C : mercredi de la 10e semaine ORDINAIRE (litco10me.22)  

Mt 5, 17-19 :  autrement l’évangile.

Une petite phrase est répétée sept fois dans ce chapitre cinq comme pour nous dire que nous sommes durs d’oreille. Moi, je vous dis. Jésus semble insinuer qu’une autre interprétation de la manière de pratiquer la religion puisque c’est de cela qu’il s’agit dans ce discours, est possible. Il est facile de soupçonner que cela a soulevé de vives réactions tant positives que négatives parce que Jésus aborde quelque chose d’intouchable. D’inimaginable. Quelque chose comme un dogme.

Jésus ne détruit pas le passé. Il prend ses distances avec l’interprétation qui en a été faite. Pour lui, la réalité est complexe. Tout n’est pas blanc ou noir, pur ou impur, bon ou mauvais. Avant d’écrire un « papier » qu’est ce discours pour utiliser le langage des médias, Jésus prend soin d’entrer en dialogue d’intimité avec son Père plutôt que de consulter des moralistes. C’est de Lui qu’il apprend la nécessité de briser la recherche de l’amour du pouvoir de ceux qui pensent contrôler les consciences pour favoriser le pouvoir de l’amour. Ce pouvoir exigera toujours de mourir à la mentalité du moi qui s’oppose à celle de Dieu.

Dans ce « papier », dans ce moi, je vous dis, Jésus indique une autre voie (cf. Jn 14, 6) que celle de la casuistique ou de l’idéologie. On peut, dit le pape dans une homélie en février 2014, connaître parfaitement la loi, mais la Cananéenne, la Samaritaine, l’aveugle ne connaissent pas la doctrine, ils ont pourtant une grande foi. Le penseur qu’est Benoit XV1 dit qu’elle n’est pas la chose la plus importante. Jésus se fait éveilleur de sens. Il brise un lourd fardeau légaliste qui ne laisse pas toujours traverser la lumière, qui éteint la lumière.

Ce que nous percevons moins dans ce moi, je vous dis, c’est que Jésus donne une réponse à sa propre question qu’il posera plus tard à ses disciples : pour vous, qui suis-je ? Ce « papier » inédit révèle en profondeur qui est Jésus, sa riche personnalité. C’est quelqu’un qui refuse d’enfermer la vie, de l’encadrer dans une loi. Il n’est pas dans les « gènes » de Dieu de tout confiner dans des prescriptions froides qui empêchent la vie de passer. Dans ADN de Dieu, il y a une grande place accordée aux circonstances atténuantes. Frédéric Lenoir parle de ce chapitre cinq de Matthieu comme la philosophie du Christ qui s’adresse à toute l’humanité.

Dans ce « papier » qui pourrait s’intituler la grande charte de l’humanisme chrétien, Jésus prend l’initiative de présenter une feuille de route aux « grands-prêtres » de tous les temps, aux leaders autocratiques ou populistes qui imposent de penser comme eux. Il propose une nouvelle voie qu’Abba Poemen présente ainsi : sois pour eux un exemple et non un législateur. Paul écrit que la fin de la loi, c’est le Christ (cf. Rm 10, 4) et que c’est lui qui sauve et non la loi.

En reprenant ce long temps ordinaire, la liturgie nous présente par ce « papier » un programme à restaurer. Restaurer parce que l’insistance sur la loi prend souvent plus de place que la voie que Jésus propose. Je suis Yahvé, ton Dieu, qui t’ai fait sortir […] de la maison de servitude (cf. Ex 20, 2). Dieu, peu importe le visage que nous lui donnons et que plusieurs aujourd’hui nomment Réalité parce que incapables d’en définir son visage, nous fait sortir de nos servitudes face à une mentalité purement légaliste. Il a vu la misère de son peuple (cf. Ex 3, 7). Il est participant de notre nature.

Jésus nous aime tellement (cf. Jn 15, 9) qu’il nous « adore » au point de ne pas porter attention à nos défaillances. Il s’empresse plutôt de prendre l’initiative d’entrer dans une culture de dialogue et de rencontre avec nous jusqu'à nous dire comme à l’épouse du Cantique, reçois le baiser de ma bouche (cf. Ct. 1, 4). Il ne nous « commande » surtout pas d’agir par « devoir ». Il nous entraîne comme tout bon thérapeute à aller chercher dans nos profondeurs les nombreux points d’appui dont nous ignorons souvent l’existence, pour avancer dans la vie.

Ce qu’il faut restaurer, c’est un Jésus en état de service plutôt qu’au service de la loi (Mc.2,23-28 ; 3,1-6 ; Mt.12,1-8). Il nous fait confiance pour restaurer aussi la relation brisée, tendue avec les autres, entre peuples parce que notre monde n’a pas besoin de légalisme, mais de soin. Notre monde a besoin de chrétiens avec un cœur de fils, une Église avec un cœur nouveau, un esprit nouveau, l’Esprit de Dieu (cf. Ez 36, 24-28).  

 A votre contemplation : ce « papier » ne parle pas de la compassion d’un Dieu soucieux d’adoucir la loi. Il parle de l’être même de Dieu qui comme une mère-père prend soin de ceux qui sont les plus handicapés, les plus vulnérables pour leur offrir d’être pour eux une voie, et pourquoi pas une toute petite voie qui ne s’impose pas. AMEN.

  

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Date: 
Lundi, 6 juin, 2022

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