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2022-C-Jn 15, 9-17- samedi de la 4e semaine de Pâques- saint Matthias

Année C : samedi de la 4e semaine de PÂQUES (Litcp04s.22)  

Jn 15, 9-17; Ac 1, 15-17.20-26 demeurer

Je commence par ces mots d’Augustin : cherchons comme cherchent ceux qui doivent trouver et trouvons comme trouvent ceux qui doivent chercher encore. Car il est écrit : celui qui est arrivé au terme ne fait que commencer. Dans toute vie, incluant la vie spirituelle, rien n’est jamais définitif, rien n’est jamais parfaitement accompli. Il faut toujours rechercher le meilleur sans jamais se satisfaire de ce qui est moins bon.

Nous connaissons bien ce dicton des amoureux : aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain qui, dans la bouche de saint Bernard, devient : aimés, nous aimons et en aimant nous méritons d’être aimés davantage.

Après deux mille ans, des milliards de croyants se passent le relais, ouvertement, secrètement, pour chanter l’ alléluia, le relais de la joie de se savoir la résidence première et principale de Dieu.

Affirmer que Dieu demeure en nous, nous éloigne de la vision stoïcienne d’un Dieu apathique, sans émotion, sans désirs, sans besoins, sans dépendance, sans pulsions, bref, d’un Dieu impassible. En toute logique, si telle est notre perception de Dieu, une conclusion s’impose, Dieu serait incapable de miséricorde et d’amour.

 J'ai vu la misère de mon peuple en Égypte et je l'ai entendu crier […]. Oui, je connais ses souffrances. Je suis descendu pour le délivrer […] et le faire monter de ce pays vers un bon et vaste pays, vers un pays ruisselant de lait et de miel (Ex 3, 7-8). Elie Wiesel fait dire à Dieu : quand j'ai vu que vous aviez quitté ma demeure, je l'ai quittée moi aussi, afin que nous y retournions ensemble. Nous sommes très proches de l’affirmation de Jésus : Dieu est Amour : qui demeure dans l'Amour demeure en Dieu et Dieu demeure en lui [ou elle] (cf. 1 Jn 4.16).

Aujourd’hui, l’apathie est considérée aujourd’hui  comme une maladie mentale, un manque d'intérêt pour la vie, une indifférence dans les relations sociales, un égoïsme monomaniaque, bref, c’est la torpeur totale, dit le théologien protestant allemand Jürgen Moltmann.

En affirmant qu’il demeure en nous, Jésus nous révèle une nouveauté saisissante, bouleversante tant elle disqualifie nos regards sur Dieu. Jésus est « révélation » d’un Dieu qui ne vit plus pour lui-même (cf. 2 Co 5, 15), qui ne cherche pas son intérêt (cf. 1 Co 13, 5), d’un Dieu en mode lavement des pieds, accessible, avec nous, demeurant en nous pour que ma joie, la mienne demeure en vous, pour que vous soyez comblés de joie (cf. Jn 17, 13). Il fait émerger que notre quotidien, notre terre-à-terre quotidien, est habité par une présence plus intime à nous-mêmes que nous-mêmes (Saint Augustin).

Cette demeurance évacue l’idée ou la perception d’un Dieu d’en haut, pantocrator, inaccessible, « grand-prêtre » paré d’habits royaux et investi de pouvoirs sacrés. Pour que cette joie soit la nôtre, Dieu demeure en nous. Quel renversement de nos images de Dieu ! Si nous aimons ce Dieu, si nous gardons sa parole […] nous viendrons vers lui et chez lui nous ferons demeure chez lui (cf. Jn 14,23).

Une autre question surgit spontanément : est-il possible, mon Dieu, que vous soyez mon chez-moi ? Ô que de joie à penser que mon chez-moi est tel [que le tien][1]. Au siècle dernier, Marie de la Trinité, dans l'un de ses épanchements mystiques, entend le Père lui dire : tu es mon lieu et je suis ta demeure[2]. Dieu met ses délices dans nos cœurs humains. Sa joie est de faire sa demeure en nous. Je nous pose ces questions de Saint Bernard : à  ton avis, quelle grande grâce d'intimité […] va-t-elle résulter de cette demeure ? Quelle grande confiance va-t-elle naître de cette intimité ?

Nous sommes tirés au sort, comme le fut Matthias, pour ne pas te laisser seul, toi mon Dieu, au fond de nous-mêmes (Élisabeth de la Trinité) AMEN.

 

[1] Jean de Bernières, 1602-1659, cité dans Carême pour les Cancres, 2012, p.16.   

[2] Marie de la Trinité, entre dans ma gloire, carnet 1942-46. Arfuyen, p. 119.

 

 

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Date: 
Dimanche, 8 mai, 2022

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