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2020-A-Lc 13, 1-9 -samedi 29e semaine ordinaire- Dieu est-il responsable de tout ?

Année A : samedi de la 29e semaine ordinaire (litao29s.20)

Lc 13, 1-9 ;  Ep 4, 7-16 : Dieu est-il  responsable de tout ?

 Dans les moments de désastre, écrit le théologien polonais et sociologue Tomás Halik, les agents dormants d’un Dieu méchant et vengeur[1] refont surface et répandent la peur et la désolation. Cette vision d’un Dieu vengeur n’est pas celle d’un lointain passé. La récente pandémie a réactualisé chez plusieurs cette question : comment Dieu peut-il permettre cela ? J’entends souvent l’expression c’est toujours à moi que ça arrive. Le fait de se poser en victime, disait le pape dans son homélie de la Pentecôte, est dangereux. Celui qui se prend pour une victime se plaint tous les jours de son prochain : personne ne me comprend, personne ne m’aide, personne ne m’aime, tous sont contre moi !   Qu’ai-je fait à Dieu pour que cela m’arrive ?

Au cœur de la pandémie, dans son homélie du 27 mars, le pape François avait affirmé que ce n’est pas le temps du jugement de Dieu, mais celui de notre jugement […] c’est le temps de réorienter la route de la vie vers toi, Seigneur, et vers les autres. Il est nécessaire d’arrêter de faire peser sur Dieu la responsabilité de tout ce qui nous arrive et même de songer qu’il les autorise.

Dans ce passage de Luc, notre regard stérile, qui ne voit que des scènes de désolation, est en jeu. Le dieu-lamentation prend beaucoup de place en nous. Certains placent Dieu à la barre des accusés. Nulle part, les évangélistes ne rapportent un Jésus vindicatif, rapide à couper l’ivraie, à juger, à punir. Affirmer que les victimes sont écrasées par la tour qui tombe  parce qu'ils sont plus pécheurs que les autres, c’est contredire que Dieu n’est que miséricorde. C’est favoriser l’accroissement de l’athéisme. Quel père, quelle mère ne feraient pas tout ce qui est leur en pouvoir pour minimiser la douleur de leurs enfants ? (cf. Lc 11, 11).    

Ce matin, c’est notre conception de Dieu qui est en cause. La  puissance de Dieu n’est pas dans sa capacité de supprimer les drames qui relèvent de notre responsabilité. Ce serait nous infantiliser si Dieu agissait à notre place. Il y aura toujours des scènes de désolations, des envoyés, prêtres, religieux, religieuses, chrétiens, chrétiennes aux vies stériles. C'est ainsi que la vie est faite.

La puissance de Dieu, de ce Dieu-Jésus, fils de Joseph, est de s’incarner dans nos vies (première  lecture), de ne pas fuir, de ne pas s’enfuir, de ne pas prendre peur devant nos démolitions de toutes sortes, nos sécheresses spirituelles. Paul n’écrivait-il pas aux Romains que la détresse, l’angoisse, la persécution, le danger, rien ne pourra nous séparer de l’amour du Christ. En tout cela nous sommes les grands vainqueurs (Rm 8, 35).

La puissance de Dieu ne se trouve pas dans des gestes d’éclats, apocalyptiques, elle se trouve du côté de sa naissance, de sa descente de sa gloire pour venir vers nous. Sa puissance est dans son impuissance à nous contrôler.

Pour vibrer à cette puissance de Dieu présent dans nos pandémies, nos affaissements, nos trahisons et non à un Dieu  anté pandémique, « post-pandémique », il faut la patience étonnante du vigneron qui ne se résigne pas, ne démissionne pas devant les stérilités apparentes. Il faut la capacité d’inscrire notre vie dans une gestation qui prend souvent plus de temps que Dieu, lui-même, ne le voudrait.  Les tragédies et sécheresses spirituelles ne peuvent qu’avoir seulement l’avant-dernier mot de notre vie, mais jamais le dernier. Je suis la vie.

Ce n’est pas parce que nous sommes de mauvais humains, irrespectueux de l’environnement que les pandémies de toutes sortes nous tombent dessus. Dieu ne punit jamais. À preuve, le récit de Caïn. Karl Rahner affirmait à une autre époque que le Dieu qu’imaginent 60 à 80% des croyants n’existe pas. Un grand mystique, maître Eckhart, enseignait que tout ce que tu fais et penses sur Dieu est plus sur toi que sur lui. Il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes (cf. Mt 5, 45).

À votre contemplation : pourquoi tous ces malheurs ? Jésus, pédagogue, invite ses auditeurs à un changement de direction, à se prendre en main, à se responsabiliser plutôt que de toujours accuser les autres de leur malheur. La bonne question à se poser : qu’est-ce que je fais pour me responsabiliser, pour intégrer dans ma vie ce qui m’arrive?  Cessons d’être un petit dieu-lamentation, de voir tout en noir. Ce changement de regard est toujours à refaire. AMEN.

Autres réflexions sur le même passage :

 

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2019-c-lc-13-1-9-samedi-29e-semaine-ordinaire-habiter-la-lumiere-et-non-le-noir

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2018-b-lc-131-9-samedi-29e-semaine-ordinaire-jesus-na-pas-dit

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2016-c-lc-13-1-9-samedi-29e-semaine-ordinaire-la-beaute-de-la-maison-commune

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2015-b-lc-13-1-9-samedi-29e-semaine-ordinaire-le-monde-est-plus-quun-probleme

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2004-c-dimanche-3e-semaine-careme-lc-13-1-9-faire-une-detour

 

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Date: 
Samedi, 17 octobre, 2020

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