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2020-A- Mt 7, 6, 12-14- mardi de la 12e semaine ordinaire- portes ouvertes ou fermées ?

Année A : mardi de la 12e semaine ordinaire (litao12m.20)  

 Mt 7, 6, 12-14 : sommes-nous des portes ouvertes ou fermées ?

 La joyeuse nouvelle qu’apporte Jésus est une porte, l’autre nom et l’autre manière de dire Évangile. Elle est un passage vers quelque chose de très beau : la joie de la rencontre de Jésus, non pas celui du ciel, mais celui qui est au milieu de nous, joyeux avec nous, souffrant avec nous, risquant sa vie pour ce qu’il appelle son royaume. Franchir cette porte ouvre sur une joie imprenable, un royaume tellement débordant d’humanité qu’il est  presque utopique d’en désirer sa réalisation. Jésus est plus qu’un modèle à suivre. Il ouvre une route de sortie de nous-mêmes et d’entrée dans un devenir humain inatteignable. La porte ouvre sur non pas un humain, mais sur l’être humain tout court (D. Bonhoeffer). Elle apporte de l’air frais à notre monde menacé d'asphyxie parce qu’il vit sans ouverture aux autres sinon pour les opprimer davantage.

Les apôtres, rapportent les Actes, à la vue de Jésus, étaient tellement contents qu’ils se demandaient si c’était vrai. Si c’était un fantôme. Ils n’osaient pas y croire ; ce qui leur arrivait semblait impossible au lendemain de leur fugue durant le procès de Jésus (cf. Lc 24, 41). Et nous, en entrant avec nos fêlures dans l’autre monde que nous ouvre cette porte, sommes-nous tellement fous de joie qu’on se demande si on ne rêve pas ? Ne dit-on pas que c’est trop beau pour être vrai.

Cette porte n’est pas un objet. Elle n’est pas synonyme de protectionnisme encore moins de séparation. Elle est une mission :

  • celle d’annoncer une bonne nouvelle plutôt que de donner de bonnes réponses. Par définition, toute bonne nouvelle est inattendue, arrive par surprise, déstabilise comme le montre chacune des rencontres des apôtres avec le ressuscité.
  • de ne jamais séparer l’amour de Dieu de l’amour de l’homme, et la nécessité de trouver Dieu en l’homme et l’homme en Dieu (cf. Mt 25, 31-46).  De ne jamais séparer le Dieu du ciel avec celui qui est parmi nous.  Chaque fois qu’ils l’ont fait, c’est à moi qu’ils l’ont fait.
  • de convertir et  de privilégier une classe sociale plutôt qu’une autre, non d’élaborer de belles structures de fonctionnement ou stratégies de communication, mais seulement de témoigner de notre foi. Nourrissez la foule affamée, dit Jésus à ses disciples (cf. Jn 6, 1-15). Allez annoncer qu'ils doivent partir pour la Galilée (cf. Mt 28, 10). Les structures ne convertissent personne. Nous n’avons pas la mission de convertir. C’est l’œuvre de l’Esprit. Nous sommes la porte qui ouvre sur un paysage captivant. Le réalisons-nous ?

Cette porte est loin d’être une réalité abstraite. Elle est une pierre précieuse non à enfouir par peur en terre comme cet homme qui avait reçu un talent. Elle est une petite perle dont la valeur grandit en la partageant comme les deux autres hommes de la parabole (cf. Mt 25, 18).  Ils ont risqué  leur talent plutôt que de vivoter dans un confort relatif d’une vie au rabais, recroquevillée, fermée aux autres. Deux sur trois, soit les deux tiers de l’humanité,  vivent en mode d'ouverture aux autres signifiant qu’une vie blindée n’est pas une vie normale.

Jésus nous envoie en mission pour être plus que de fidèles gardiens et serviteurs de cette porte. Le protectionnisme n’est pas une attitude chrétienne. Chacun de nous est une porte sainte qui ouvre sur Dieu. Songeons à Marie de l’Incarnation, au frère André, aux mères Bourgeois et  d’Youville et à tant d’autres. La porte que nous sommes s’ouvre quand nous accueillons avec empressement et avec joie les ouvriers de la onzième heure (Mt 20, 1-16), quand nous courrons à bras ouverts vers le fils revenant d’une fugue (Lc 15,1-3.11-32) et quand nous jasons avec un étranger, qui est Jésus déguisé en étranger (cf. Lc 24, 13-35).

Elle se ferme chaque fois qu’il y a une recherche excessive et obsessionnelle de soi-même jusqu’à déclarer que la vie est belle tant que tout va bien pour moi. Elle se ferme quand nous croyons en un Dieu, sorte de magicien qui dirigerait le monde en jouant sur des ficelles;  en un Dieu faiseur de miracle pouvant nous sortir de la pandémie récente. Elle se ferme si notre Dieu est un Dieu anté pandémique ou post pandémique[1] plutôt qu’un Dieu dans  la pandémie, souffrant avec nous, isolé avec nous, partageant nos joies et nos souffrances.  

La bonne nouvelle nous présente notre arrivée sur une terre ouverte, humaine et fraternelle. Mais chrétiens ou non chrétiens, nous sommes des marcheurs soit en touriste, soit en randonneur, soit en pèlerin, parce que nous ne sommes pas encore vraiment arrivés chez nous. AMEN.

Autres réflexions sur le même passage :

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2015-b-mt-7-6-12-14-mardi-12e-semaine-ordinaire-une-porte-deja-ouverte

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2004-c-mtt7-612-14-mardi-12e-semaine-ordinaire-ne-faites-pas-aux-autres

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/1992-c-mtt-7-612-14-mardi-12e-semaine-ordinaire-une-histoire-de-petit-reste

 

Évangile: 
Année: 
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Date: 
Lundi, 22 juin, 2020

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