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2020-A-Mt 5, 33-37 - samedi 10e semaine ordinaire- petit virus

Année A : samedi de la 10e semaine ordinaire (litao10s.20)     

Mt 5, 33-37 ;  1 R 19, 19-21 : heureux petit virus.

Je suis toujours étonné, voire émerveillé, de comprendre que Jésus nous propose quelque chose de plus élevé que de faire serment comme on le dit sur la tête de ma mère.  Le discours sur la montagne en entier  incite à pratiquer la justice, à aimer la solidarité, à s’occuper des autres, à ne pas leur donner le dos, à favoriser une cohésion sociale et un environnement fraternel. Jésus pose une question toujours actuelle : les autres ont-ils une place dans ma vie ? Il éveille à quelque chose de plus que de tout relier à soi ou de vivre les yeux levés au ciel.    

Ce quelque chose de plus élevé qu’un serment qui n’a souvent aucune suite, qu’un pardon  du bout des lèvres, paradoxe imprévisible, est comparable à un petit machin microscopique appelé coronavirus. Grâce à lui, le cessez-le-feu, la trêve que les grandes puissances occidentales n’ont pu obtenir en Syrie, en Libye, au Yémen et ailleurs, ce petit machin l’a obtenu. Grâce à lui, une remise d’impôts, des crédits à taux nul, des exonérations diverses  que les entreprises n’ont pu obtenir, ce petit machin l’a obtenu[1].

Ce petit machin donne des maux de tête aux bourses, déboulonne l’économie axée sur l’accroissement de la richesse des plus riches et affaiblit une mondialisation assoiffée d’écraser les petits et appelle à un réveil pour une humanisation planétaire. Il est mortel pour les investisseurs de la mondialisation. Personne ne peut le freiner même en se lavant les mains (dans les deux sens du terme). Ce petit machin redit une vérité de La Palice oubliée : nous sommes interdépendants, tous liés, tricotés ensemble et  nous devons faire attention aux autres. Il en va de notre vie.

Sur la montagne, Jésus n’offre un petit machin de rien du tout, presque microscopique, que l’on peut choisir et que l'on ne peut nous imposer. Il permet de cultiver une société plus juste, d’infecter en profondeur la maison commune et de contribuer à bien vivre dans un monde solidaire. Ce petit machin, microscopique, fait surgir trois verbes : voir, s’arrêter, toucher. Il a la dangerosité d’un sourire à offrir aux badauds que l’on croise […]. Il est le déclencheur d’un petit mot chaleureux à la caissière à l’épicerie. Il réchauffe d’un merci bien senti l’employé à la pharmacie[2].

Face à la marchandisation des consciences, au consumérisme prégnant, au matérialisme dominant, aux inégalités insupportables, ce petit machin, qui ne connaît pas d’antibiotique, a le visage d’une petite graine de foi qui nous rend vainqueurs du moi assiégeant avec une bonne dose de charité et d’égards pour l’autre. Il  nous presse à devenir meilleur que ce que nous pouvons être et fait émerger une pandémie d’une recherche d’une vie intérieure et spirituelle. Nous pouvons dire : heureux petit machin !

Le geste spontané d’Élie jetant son manteau sur un jeune laboureur a contaminé le jeune Élisée. Il décide de tout quitter et les deux deviennent inséparables. Au terme de sa route, quand Élie lui demande dis-moi ce que tu veux que je fasse pour toi avant d’être enlevé loin de toi, Élisée répond : que je reçoive une double part de l’esprit que tu as reçu ! En ramassant le manteau de son maître, celui avec lequel Élie l’avait déjà couvert lors de leur rencontre initiale, Élisée fut infecté d’un virus qui l’a bouleversé et accompagné toute sa vie.

À votre contemplation : le psaume nous plongeait tantôt dans une profondeur abyssale : je bénis le Seigneur qui me conseille. Je garde le Seigneur […] je suis inébranlable. Mon cœur exulte […] ma chair repose en confiance. Rentrons en nous-mêmes, méditons, prions, contemplons ce sermon sur la montagne.  Ce moi je vous dis ouvre sur une pandémie qui est la meilleure des nouvelles que nous puissions attraper. AMEN.

Autres réflexions sur le même passage :

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2019-c-mt-533-37-samedi-10e-semaine-ordinaire-qui-est-ce-moi-je-vous-dis

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2018-b-mt-5-33-37-samedi-10e-semaine-ordinaire-le-pouvoir-dun-oui

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2014-mt-5-33-37-samedi-10e-semaine-ordinaire-un-beau-combat

 


[2] Voir  Laporte, Stéphane, La Presse+, 28 mars 2020.


 

 

Évangile: 
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Pérode: 
Date: 
Jeudi, 11 juin, 2020

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