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2020-A-Jn 12, 44-50 -mercredi 4e semaine de Pâques- montre-moi ta lumière

Année A : mercredi de la 4e semaine du Temps Pascal- (litap04me.20) 

Jn 12, 44-50 ; Ac 12, 24 – 13, 5 :   montre-moi la lumière. 

Une demande monte en moi à la lecture de l’évangile de ce matin. Montre-moi la lumière. L’écrivain britannique C. S. Lewis raconte l’histoire de Robin, un aveugle de naissance. Une intervention chirurgicale lui redonna la vue. Il déborde de joie de voir la pièce où il se trouve, la table où il mange, la fenestration abondante. On peut lui avoir expliqué auparavant ce qu’est la couleur de la pièce, la dimension de la table, il n’en avait  qu’une sensation de beauté et de grandeur.

Qu’elle soit jaune ou blanche, il n’en saisissait pas la différence parce qu’il n’avait jamais vu. Robin attendait quelque chose de plus : il voulait enfin voir la lumière. Voilà bien le paradoxe. Robin voyait une table, des objets qu’il ne voyait pas auparavant. Il ne voyait pas la lumière qui selon les scientifiques, est une réalité invisible. Étonnant. 

Saint Paul exprime bien cette réalité invisible, «scientifique» qu’est la lumière quand il écrit aux Éphésiens que la lumière a pour fruit tout ce qui est bonté, justice et vérité. Avec la lumière nous voyons ce qu’on ne voit pas quand il fait noir (cf. Ep 5,13). La lumière est partout, mais on ne la voit pas. La lumière n’est pas l’ampoule ni le soleil. En soi, la lumière est invisible. Ce que nous voyons, ce sont les objets qu’elle éclaire. La lumière s’efface pour éclairer les objets. Jean Sullivan  écrit : on ne voit pas la lumière, mais les visages qu'elle éclaire.

Saint Jean raconte la même réalité en la personne de l’aveugle-né chez qui Jésus a ouvert les yeux. Il rapporte un Jésus effacé sous le geste de la boue sur les yeux de l’aveugle. Il a fallu du temps à l’aveugle pour voir Jésus. Il lui a fallu d’être ridiculisé par les chefs religieux, de se voir accusé d’être son disciple (Jn 9, 28). L’aveugle voyait bien l’homme (cf. Jn 9, 11), il le soupçonnait prophète (Jn 9,17), mais ne voyait pas Jésus, lumière du monde.  Plus tard en croisant Jésus sur la route,  il le reconnaît comme Messie. Il se prosterne devant lui.

Robin et aussi beaucoup d’entre nous ignorent que la lumière est en soi imperceptible. L’essentiel est invisible, disait le Petit Prince. La fin de l’Évangile de Jean sur l’aveugle-né affirme cela (cf. Jn 39-40) et rejoint l’expérience de Robin: je suis venu dans le monde pour […]  que ceux qui ne voient pas puissent voir et que ceux qui voient deviennent aveugles. Ceux qui, par leur savoir, prétendent voir Jésus, lumière du monde, sont en fait des aveugles. Nous avons tous comme handicap d’arrêter notre regard sur ce qui se voit. L’essentiel est ailleurs.

C’est dans une rencontre avec Jésus au hasard de la route qu’on finit par le reconnaître. Ça prend du temps pour reconnaître le vrai Jésus comme l’ont éprouvé les voyants du Thabor, eux qui pourtant marchaient avec lui sur les routes de la Galilée. Sur le Thabor, ils virent l’alpha et l’oméga de celui qu’ils accompagnaient sans voir que sa parole est celle du Père.  Je dis ce que le Père m’a dit.

Dans l’évangile que nous venons d’entendre, Jésus dit qu’il faut du temps à la foi pour s’enraciner en nous. Il faut du temps pour avoir foi en notre foi, disait avec clairvoyance le bienheureux Marie-Eugène dans Je veux voir Dieu. Il a fallu un long parcours déchirant à l’aveugle-né pour déclarer sa foi en Jésus.  Il faut laisser le temps à la semence de sortir de terre avant d’en voir la beauté. Il nous faut du temps pour voir le Père dans Jésus.

Il a fallu aussi à Jésus, rapportent des sources chrétiennes, de longs moments de retrait dans l’isolement pour approfondir le sens de la voix entendue au sortir de son baptême : tu es mon fils bien-aimé.  Cette voix fut le commencement d’un changement radical de sa vie. Au désert, Jésus l’a longuement ruminée avant d’en ressentir toute la profondeur et  de s’engager à faire la volonté de son Père, celle d’annoncer une terre inclusive.

Croire est un long processus d’ouverture de nos yeux sur une lumière inaccessible (1 Tm 6, 16). Elle est une nuit obscure (Jean de la Croix). C’est dans la pénombre que la lumière brille, chante Fred Pellerin. C’est dans le doute que se trouve la foi la plus sûre.  Durant ce temps pascal, l’essentiel est de voir dans les cœurs un peuple qui attend plus que jamais de voir la lumière qu’est Jésus. Ne soyons pas des chauves souris humaines capables de se déplacer seulement que dans la nuit (François 22/4/20) tant il fait noir en nous.  AMEN.

Autres réflexions sur le même passage :

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2019-c-jn-1244-50-mercredi-4e-semaine-de-paques-celui-qui-croit-en-moi

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2018-b-jn-12-44-50-mercredi-4e-semaine-de-paques-sois-plus-en-moi-quen-toi

 

Évangile: 
Année: 
Pérode: 
Date: 
Jeudi, 30 avril, 2020

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