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2020-A-Lc 1, 26-38 - annonciation de Marie

Année A : mercredi de la 4e semaine du carême (litac04me.20)   

Lc 1, 26-38 ;  Is 7, 10-14 ; 8, 10 : vivre en état d’annonciation

S’il y a un instant où il faut se réjouir avec éclat, rehausser l’allure d’une fête, se taire pour ne pas dire des paroles creuses, c’est bien en ce jour où un envoyé du ciel annonce à Marie une nouvelle tellement incroyable qu’elle doit être vraie : le Fils de Dieu devient fils d’une vierge. Dieu revêt l’homme et une femme devient mère de Dieu. Incroyablement vrai !

Nous arrêtons habituellement notre regard sur Marie. Il y a un autre regard, moins usuel, mais non moins important : Dieu annonce à chacun d’entre nous avec une extrême délicatesse (sainte Julienne de Norwich) que nous sommes tellement importants pour lui qu’il veut naître en nous, non dans le sens de le concevoir comme Marie, mais dans le sens de voir nos vies lui appartenir. Dieu engendre à tout moment son Fils en toi, s'écrie le mystique Angelus Silesius.

Aujourd’hui, à Mi-carême, nous transformons nos vies, lentement, progressivement avec la grâce de Dieu, pour n’appartenir qu’à Dieu. C’est notre identité. Il n’y a pas de dignité plus grande que celle-là. Marie dans sa réponse à cette dignité ne parle pas de gloire ou d’honneur, mais de service. Elle exulte de joie d’être au service de Dieu.  

À tout moment, Dieu vient vers nous comme il l’a fait vers Marie. À tout moment, notre vie et notre histoire culbutent, se renversent. Tout change en nous quand Dieu entre dans nos vies. Ce jour-là devient jour de notre enracinement en Dieu. Qu’elle est notre réponse  à cette grâce de Dieu [qui nous] est apparu (Ti 2, 11)? Savons-nous dire avec empressement qu’il me soit fait selon ta parole ? Le oui de Marie ouvre des perspectives inouïes. Il inaugure la plus grande des révolutions : celle de l’arrivée de l’Esprit saint [qui] viendra sur toi, [de] la puissance du Très-Haut [qui] te prendra sous son ombre […].   

L’annonciation n’est pas et ne sera jamais le début ou la lente arrivée d’une nouvelle religion. Jésus n’a pas annoncé le ciel dans ses nombreuses prises de parole. Il n’a pas créé une nouvelle religion, disent les chercheurs aujourd’hui[1]. Son expérience du Père l’a motivé et éveillé à désirer la transformation radicale de nos vies, de notre monde.

Cette meilleure des nouvelles, il faut comme Marie sortir avec empressement l’annoncer à nos proches, à nos enfants, à nos voisins. Il n’y a pas d’annonciation, il n’y a pas de bonne nouvelle si nous la retenons pour nous tout seuls. La meilleure des nouvelles, le Verbe est devenu chair, il a fait son habitation en nous (Jn 1,14) mérite d’être annoncée.  Comment garder pour soi une nouvelle si bouleversante !

Célébrer l’Annonciation, c’est se mettre en mouvement de sortie pour ériger un monde sans exclusion. Dieu a pris corps en Marie pour sauver son peuple (Mt 2, 21). Ce sont des mots très forts. Dieu annonce que nous sommes des sauvés et il nous veut sauveurs. Nous ne sommes pas seulement des auditeurs de cette nouvelle, nous en sommes des exécuteurs. Comment cela est-il possible ?

C'est possible si nous prenons conscience, et ce n’est pas évident, que cette mission de faire connaître Jésus, qui nous est donnée au baptême,  n’est pas du terrorisme; c'est ainsi que s'exprimait le pasteur Andrew Brunsun au parlement européen après sa libération pour terrorisme en Turquie.

Trop longtemps, annoncer l’Évangile était l’exclusivité des missionnaires, des prêtres. Ce temps est révolu. Il faut élargir le champ de vision pour éviter de réduire notre compréhension de l’Église à des structures fonctionnelles (Pape François, Querida Amazonia, no 100). S’il est utile de recruter des prêtres venus d’ailleurs qui souvent maintiennent le statu quo d’une organisation pastorale, il faut déplorer une peur chez le baptisé à faire connaître Jésus.

Cette fête célèbre notre arrivée de baptisés dans le vaste champ de l’évangélisation. Nous n’annonçons pas l’évangile pour que le monde entende cette bonne nouvelle. Nous l’annonçons pour qu’elle se fraie un chemin dans ce vaste monde de la mondialisation où Dieu est moins évident que jamais. AMEN.

 

Autres réflexions sur le même passage :

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2017-lc-1-26-38-annonciation-de-marie-la-fete-du-oui

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2016-lc-1-26-38-mardi-4e-semaine-avent-annonciation-qui-est-celle-la-qui-se-nomme

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2014-lc-1-26-36-annonciation-dieu-tient-parole

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2013-c-lc-1-26-38-annonciation

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2011-b-lc-1-26-38-dimanche-4e-semaine-avent-etre-grosse-de-dieu

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2010-lundi-4e-semaine-avent-lc-1-26-38-annonciation-la-joie-est-avec-nous-0

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2008-lc-1-26-38-annonciation-magnificat-de-dieu-envers-marie

 


[1] Marguerat, Daniel, Vie et destin de Jésus de Nazareth, Seuil, 2019.

 

Évangile: 
Année: 
Pérode: 
Date: 
Lundi, 23 mars, 2020

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