Vous êtes ici

Ajouter un commentaire

2019-C- Jn 3,13-17 - la croix glorieuse

Année C : Croix glorieuse (litco24s.19)  

 Jn 3,13-17 : qu’il est beau ce miroir.  

Voilà un signe où l’on apprend bien plus que l’on voudrait savoir. Cette croix est un miroir. La croix comme miroir. En la regardant, chacun y voit quelque chose. Le miroir a le pouvoir de démasquer les faussetés. Devant la croix, chacun se voit à découvert, dans toute sa vérité, sa nudité. Certains en rougissent. D’autres se frottent les yeux en se demandant s’ils ont bien vu. D’autres s’empressent de s’éloigner du miroir.  

Cette fable du miroir que raconte Pierre-Gervais Majeau[1] trace le portrait de la tragédie humaine, celle d’éviter de se regarder tel que nous sommes, celle de vivre en se cachant la vérité sur nos chutes et fragilités et  de maquiller nos vies pour lui enlever les rides de comportements douteux.

Cette fête est celle du démasquage de nos faussetés. De la décomposition de cette mode faussement humaine de toujours vouloir bien paraître. De toujours désirer sauver la face. La croix est une mine d’or pour ceux qui la regardent. Elle est un exit de nos enfermements, un exit de nos peurs à nous dévoiler. La croix dévoile que l’humain, chaque humain sont précieux pour Dieu. Il s’est livré pour nous.

Jésus s’est littéralement tué pour nous sortir de nos faussetés, de nos enfermements sur nous-mêmes, de nos enfers. Ceux qui regardent ce miroir découvrent que quelqu’un les aime, que leurs chutes, leurs fragilités ne le repoussent pas ni le dissuadent de les aimer. Quelqu’un a pris ce chemin pour nous dire notre beauté première.

Qui regarde ce miroir voit deux choses : sa réalité avec ses lourdeurs, ses chutes et la certitude que quelqu’un l’aime. Ce miroir permet d’éviter une vie de gyrophare qui illumine tout le monde, mais dont la lueur n’est que d’un instant. Ce miroir détourne d’une vie gattopardisme (l’expression est du pape François), d’une vie qui fait semblant de changer quelque chose alors qu’en réalité rien ne change. Cela se produit quand on s’efforce d’apporter des ajustements cosmétiques, de maquiller nos errements, nos défaillances en les justifiant comme la faute des autres. Regarder ce miroir inaugure une réforme fondamentale de nos vies. Une métamorphose. Une transfiguration. On n’en sort pas indemne. La croix nous fait être ce que nous sommes. Elle fait voir combien précieux nous sommes pour Dieu. Quand on se sait aimer, tout changement de vie devient possible.

Qui reçoit seulement une poussière minuscule de cette croix dans son regard voit un monde bien différent. Tout autrement. Il voit les désespérés retrouver un sens à leur vie. Il discerne les injustices et des gens-témoins qui s’engagent au risque de leur vie à les supprimer. Il voit un matin de Pâques puis un vent puissant se lever sur toute la terre.   

Qui reçoit une poussière minuscule de cette croix voit quelque chose de tellement incroyable que c’est peut-être vrai ; quelque chose de tellement déraisonnable que ça ne peut pas venir des hommes. Ce quelque chose, c’est que Dieu ne s’est pas renfermé sur lui-même; que quelqu’un veut me sortir de mon enfer, que quelqu’un m’aime pour vrai. La grande affaire de Dieu, son désir le plus cher, c’est notre salut. Jésus s’est littéralement tué à nous dire qu’il nous veut pour lui, avec lui et en lui.

Qu’il est beau ce miroir! Il me révèle ma beauté cachée sous l’opacité des épines. Qu’il est beau ce miroir où mon bien-aimé, pour utiliser le langage du Cantique,  se cache pour se laisser trouver. Il est aussi   l’essence même de la beauté,  de cette  beauté qui ne fleurit pas un temps pour disparaître ensuite; c'est une beauté qui a pour nom  amour des hommes (Grégoire de Nysse) et qui pousse à chercher celui que mon cœur aime jusqu’à devenir soi-même cette beauté. 

N’oublions pas les exploits du Seigneur (Ps 77, 7b). Ce miroir relie à l’essentiel. Que serait ma vie, toute vie, si ce miroir ne reflétait pas ma propre beauté. Jean de la croix disait qu’il est revêtu de beauté et  de dignité. Celui qui regarde ce serpent de bronze reste en vie. Voilà la beauté des beautés. AMEN.

[1] Majeau, Pierre-Gervais, Le cadeau du mendiant, Éd. MediaPaul, 2014, p. 125

 

Évangile: 
Année: 
Pérode: 
Date: 
Dimanche, 1 septembre, 2019

Plain text

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les adresses de pages web et de courriels sont transformées en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
Image CAPTCHA
Saisir les caractères affichés dans l'image.