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2019-C-Mt 18, 15-20 -mercredi 19e semaine ordinaire - beauté de faire Église

Année C : mercredi de la 19e semaine ordinaire (litco19me.19)

Mt 18, 15-20 : la beauté de faire Église

Si le baptême nous ordonne  au service de la Résurrection du monde  (Mgr Roméro), vivre ensemble est une « ordination » au service de la charité. Au service de la rédemption de nos conflits. La communauté est une véritable école, un atelier de pratique de la beauté de Dieu. Ce comportement nouveau prend forme en nous quand nous sommes séduits par la beauté de l’agir de Jésus.

Pour se «soulager» du harcèlement que lui faisaient subir ses adversaires, Jésus n’a pas fait appel à la justice comme nous le faisons aujourd’hui. Il n’a pas eu recours aux petites créances. Il ne niait pas ce droit. Il refusait seulement de se donner le droit de riposter. Il préférait «négocier» avec eux pour s’expliquer. Va trouver ton frère.

Que nous sommes lents à comprendre le souhait pascal du Christ !  Je vous donne ma paix. Aucun mot, écrit saint Augustin, ne résonne plus agréablement à nos oreilles que celui-là. Ce souhait pascal est révolutionnaire; en effet, Jésus insinue que désormais « la forme de vie », l’unité entre le Père, Lui et l’Esprit, est maintenant notre « forme de vie ». Très fort ! La paix soit avec vous.

Ne pas recourir spontanément aux petites créances ou aux tribunaux ouvre sur un grandiose  projet de société : un vivre ensemble en harmonie où les discordes, les rivalités, les oppositions fratricides, tout cela est vaincu, une fois pour toutes. Le Christ n’est pas seulement ressuscité. Sa présence prédispose à une vraie vie trinitaire, fraternelle. 

Que nous sommes lents à comprendre qu’aimer ne fait pas mal à personne (cf. Rm 13,10). La plénitude de la loi, écrit saint Paul,  c’est la charité. En ouvrant son récit de l’histoire des premiers chrétiens, Luc affirme que tous les croyants ensemble mettaient tout en commun (Ac 2, 44), que nul ne disait sien ce qui lui appartenait, mais entre eux tout était commun (Ac 2, 32). Tout mettre en commun  ne se réduit pas aux choses matérielles. Ils étaient ensemble assidus à l’enseignement des apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières (Ac 2, 42). Les premiers chrétiens partageaient en commun leur foi dans la résurrection, l’union des cœurs d’un seul cœur (Ac 2, 46).  La multitude  des croyants n’avait qu’un seul cœur et qu’une âme (Ac 4, 32). Vivre le ciel sur la terre n’est plus un idéal impossible.  C’est cette beauté qui attire les nouveaux croyants.

Nous avons été créés pour vivre en communion. Nous sommes des êtres de communion. La beauté d’être un «je» qui s’ouvre sur un « nous » et d’un « nous » qui renvoie au « je ».  Cette beauté d’être fraternel est une « bénédiction » de Dieu. Dieu nous bénit, nous offre son aide pour assumer notre « je » réel qui est fait de blessures et de grandeurs. Sans le « nous », sans la communauté, il n’y aurait aucun « je » qui puisse demeurer en vie. Le « moi » fermé, est un pitoyable moi. 

 Qu’il est beau de vivre ensemble tous en frères. Avec les années, pour citer Jean-Paul Sartre,  l’enfer, c’est les autres.  Heureusement, un saint Bernard répond, et nous sommes portés à l’ignorer quand la tempête survient,  le ciel, c’est l’autre. Le philosophe Gabriel Marcel offre une belle et profonde formulation quand il écrit: j’espère en toi pour nous.  La vie ensemble peut devenir « rédemptrice » de nos blessures comme elle peut devenir « infernale » quand les tensions et ce « mariage » entre ce que je suis et ce qu’est la communion des personnes, sont bloqués par des blessures profondes non évangélisées.

Que nous avons de la difficulté à saisir que la communauté peut nous aider à mieux vivre nos blessures. Elle peut nous accompagner pour nous sortir de nos enfers, d’une vie d’enfer entre nous. S’il t’écoute, tu as gagné un frère.   Elle peut nous y enfoncer aussi.  Ce qui est beau, révolutionnaire, dans une communauté fraternelle, c’est qu’en prônant la « rédemption » des conflits, elle  les transforme en  bienheureux conflit qui nous vaut entre nous un tel dépassement.  La lettre aux Hébreux dit que sans effusion du sang, il n’y a point de rédemption (He 9, 22). Sans tension, il n’y a point de communauté. La paix serait imparfaite si elle n’explosait pas en « baiser de paix», en « baiser de rédemption ». Voyez comme ils s’aiment.

À votre contemplation : le père Moingt écrit dans son livre L’homme qui venait de Dieu : la grande révolution religieuse accomplie par Jésus, c’est d’avoir ouvert aux hommes une autre voie d’accès à Dieu que celle du sacré, la voie profane de la relation au prochain […]  vécue comme service d’autrui et poussée jusqu’au sacrifice de soi. Il est devenu Sauveur universel pour avoir ouvert cette voie, accessible à tout homme (p. 485-486). AMEN.

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Date: 
Jeudi, 1 août, 2019

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