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2019-C-Lc 11, 29-32- mercredi 1ière semaine carême- Jonas

Année C : mercredi de la 1re semaine du carême (litcc01me.19) 
Lc 11, 29-32 : cessons de recevoir le prix Nobel des complaintes.
 
Dès qu’on m’invite à m’engager dans une cause, une question surgit : pourquoi moi ? Il est facile d’énumérer une kyrielle de raisons pour ne pas accepter de s’engager socialement, humanitairement, dans sa paroisse. S’impliquer dans une cause soulève beaucoup d’hésitations. Que ce soit de s’engager dans une vie de couple, d'avoir des enfants, de s’engager dans la vie religieuse ou dans une activité sportive, cela exige un don de soi.
 
Aujourd’hui, la recherche de soi, la confiance en soi, l’estime de soi, la quête de soi prennent tellement de place, sinon toute la place, que force est de constater que le don de soi suscite moins d’engouement. Nous doutons que notre petit geste puisse changer des choses. Bref, nous fuyons.
 
C’est exactement l’expérience de Jonas. Il était un bon croyant. L’engagement lui faisait peur. Selon l’évangéliste Luc, Jonas appréhendait à se rendre dans une immense ville païenne; qui suis-je, se disait-il, pour appeler cette génération mauvaise à changer de comportements ? Ninive était une grande ville qui se détruisait, fruit de l’oppression et de la dégradation, de la violence et de l’injustice (François, 17/02/16).
 
De Jonas, nous retenons son séjour imaginé par l’auteur du livre, de trois jours dans un gros poisson (Jon 2,1) parce qu’ au lieu d’aller vers l’est, il choisit l’ouest (Jon 1,3). Nous passons sous silence que l’image de ces trois jours signifie qu’il a fallu tout ce temps de consternation, de questionnement, de prière pour accepter l’appel de Dieu sur lui. Pour se convertir à l’appel de Dieu, pour se lever et aller vers Ninive (Jon 3, 1).
 
Trois jours d’épreuve. Trois jours de lutte. Trois jours d’entêtement à résister à cette pulsion intérieure d’annoncer Jésus; trois jours à vouloir écrire sa vie comme il le veut, plutôt que de laisser à un autre de l’écrire comme il le veut; trois jours à se chercher, plutôt que de faire la volonté d’un autre. Mais ces trois jours d’épreuve – il a certainement peu dormi durant ces trois jours - firent passer Jonas de prophète en fugue à prophète de sor-tie. Ainsi devrait-il en être de nos quarante jours de Carême.
 
Comme l’exprime le pape François dans sa lettre à tous les consacrés en 2014, parfois, comme il est arrivé à Élie et à Jonas, peut venir la tentation de fuir, de se soustraire à la tâche de prophète, parce qu’elle est trop exigeante, parce qu’on est fatigué, déçu des résultats. Mais le prophète sait qu’il n’est jamais seul. À nous aussi, Dieu dit avec assurance : n’aie pas peur […] parce que je suis avec toi pour te défendre (Jr 1, 8).
 
Nous sommes tellement habitués à voir des scènes de dégradation que nous désespérons de voir les situations changer. Nous perdons lentement la sensibilité face à la douleur. Résultat : nous nous désolons, nous préférons recevoir le prix Nobel des complaintes (l’expression est du pape François) plutôt que de nous lever et d’annoncer qu’un autre chemin de bonheur existe.
 
L’attitude de Jonas nous montre qu’aujourd'hui, devant tant de villes au comportement identique à ceux des ha-bitants de Ninive, tout peut changer. Qui sait si Dieu ne se ravisera pas […] Et alors nous ne périrons pas (Jon 3, 9). Aujourd’hui, devant tant de destruction de vie humaine, destruction de cette maison commune, destruction d’ethnies, dégradation de la violence, surgit la même réponse à donner que celle de Jonas, convertissez-vous.
 
Une image nous aidera à comprendre. Quand le siphon de la baignoire est défectueux, nous appelons un plom-bier et non un boucher. Quand nous voyons la foi ne plus retentir dans les coeurs, Jonas nous dit de faire appel à la prière non pour nous éviter d’agir, mais pour inviter Dieu à agir par nous. Ainsi doit se comprendre cette grande affirmation de saint Ignace de Loyola : agir comme si tout dépendait de notre action et prier comme si tout dépendait de Dieu.
 
Deux tentations nous menacent. Celle de croire que tout dépend de nous et que seule notre efficacité est néces-saire. C’est de la prétention. Celle de ne rien faire en pensant que Dieu accomplira sans nous sa volonté. C’est de la paresse.
 
Ne soyons pas des chrétiens en fugue, mais des chrétiens en sortie. AMEN.
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Date: 
Vendredi, 1 mars, 2019

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