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2017-A-Jn 14, 7-14- samedi 4e semaine de Pâques- nous sommes des visages de Dieu

Année A: samedi de la 4e semaine de Pâques (litap04s.17) 

Jean 14, 7-14 : nous sommes des visages de Dieu

Ne réduisons pas Dieu à un système de pensée, à une philosophie ou idéologie (audience, 19/4/17).  Dieu, et nous ne comprendrons jamais la profondeur de ce mot, est relation. Il n'est que relation. Le temps de Dieu n'est pas linéaire, c'est le temps de la relation. Le temps de la communion. Jésus est avec le Père comme il est avec nous et nous sommes avec lui dans le Père.

Mais la question demeure tout entière : connaissons-nous celui avec qui nous sommes en relation ? Connaissons-nous le Père avec qui son Fils nous associe ? Qui est ce Fils qui désire tant nous montrer le Père ?

François d'Assise, dans le cantique de frère Soleil et plusieurs autres auteurs, mentionne ceci : nul homme n’est digne de te nommer. Lorsque Jésus voit le Père, nous ne savons pas qui il voit parce que Dieu est au-dessus de tout regard, de toute image, au-dessus de tout nom (Ph 2, 9). Le Père n'est rien de ce qu'on peut entrevoir de lui. Ne concluons pas non plus que nous ne pouvons n'avoir aucune intuition de ce Père.

Nous intuitionnons l'impensable Père à partir du visage de son Fils, et à partir de l'agir de celui-ci. Ce qu’il y a de visible dans le Père, c’est le Fils ; ce qu’il y a d’invisible dans le Fils, c’est le Père (saint Irénée). Qui m’a vu a vu le Père (Jn 14, 9).  Ce sont deux inséparables. L'un est le sosie de l'autre et vice versa. Ce sont des jumeaux identiques.  Quand nous voyons l'un, il y a risque de le confondre avec l'autre.

Ce mode relationnel entre le Fils et le Père, entre le Fils et nous, le Père et nous, appartient aussi à notre essence même. Nous sommes en relation les uns les autres. Emmanuel Levinas, l'un des grands penseurs de l'humain comme être de relation, pousse très loin notre rapport à l'autre quand il écrit (Les imprévus de l’histoire, Éditions Fata Morgana, 1994, pp.181-183, et cité dans Garigues et Garigues[1]), que nos rapports interhumains, indépendants de toute communion religieuse, au sens étroit du terme, constituent en quelque sorte l’acte liturgique suprême, autonome par rapport à toutes les manifestations de la piété rituelle. Le premier acte religieux, le premier mode de toute pratique religieuse, consiste à pratiquer un haut degré de relation mutuelle. C'est très  fort.

Les œuvres dont parle Jésus, et qui sont même de plus grandes, c'est notre proximité avec les autres. Et le défi aujourd'hui est de garder notre identité de croyants dans nos contacts avec les autres. Vous aurez beau multiplier les prières, dit Isaïe (1,15), je n’écoute pas : vos mains sont pleines de sang […], apprenez à bien agir, à rechercher la justice. Dit autrement, Dieu a en horreur nos bondieuseries qui handicapent nos relations aux autres. Le pratiquant est celui qui valorise le Ressuscité, le Vivant, qui s'est fait proche, fait chair, tout en ne diminuant en rien sa relation avec le Père.

 À l'heure où Jésus passe de ce monde à son Père, il nous laisse plus que la paix, plus que la joie, plus qu'une terre sainte; il nous laisse d'être son visage, d'être lui agissant aujourd'hui par nous. Un chant liturgique exprime très bien cela : te ressembler chaque jour, un peu plus, te continuer dans nos maisons, nos rues;  être ton corps qui revit aujourd’hui, à chaque endroit où servent tes amis.

Ne nous contentons pas d'écouter cette Parole de Dieu, ce matin, de chanter que nous sommes son visage.  Laissons-la demeurer en nous, laissons-nous la permission de demeurer en elle et, par nous, la terre entière verra le salut que Dieu nous donne. AMEN.

 

Évangile: 
Année: 
Pérode: 
Date: 
Samedi, 1 avril, 2017

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