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2016-C-Jn 14, 6-16 -mardi 6e semaine pascale- reformater le chemin vers le Père

Année C: mardi de la 6e semaine pascale (litcp06m.16)
Jn 14, 6-16 : reformater le chemin vers le Père
 
Il y a un mot qui me fait frémir à chaque fois que je l'entends. C'est le mot formaté. Pour moi, il résonne comme un processus irréversible pour tout effacer dans mon ordinateur, pour devoir le reprogrammer par la suite. Pour moi, formater mon ordinateur signifie donc recommencer un long travail de mise à jour. 

Reformater, si c'était le chemin pour entendre l'Évangile. Reformater, si c'était le chemin pour connaître Jésus. Pour rajeunir nos images et conceptions de Jésus.  Reformater, si c'était le chemin pour que Pâques soit autre chose que seulement un jour férié. Ce matin, permettons-nous de reformater la question de Philippe : montre-nous le Père ; cela nous suffit. L'urgence est de repenser Dieu dans un monde sécularisé ( livre de Jacques Musset Karthala, 2015). L'urgence est de montrer le Père à la manière de Jésus et non à partir d'un dépôt au langage inaudible.

Souvent, lorsque nos contemporains rejettent Dieu, ce n’est pas le Dieu de Jésus Christ qu’ils rejettent : c’est le plus souvent l’idée qu’ils se font d’un Dieu d'en haut, contrôlant, qui nous empêche de penser par nous-mêmes. Bref, ils rejettent un Dieu qu'on a « institutionnalisé », encadré dans des lois pour  éviter de s'ouvrir à un Dieu dont le nom est miséricorde. Reformater aujourd'hui le Dieu-Père que Jésus a montré aux apôtres,  c'est un long travail qui nous fait passer de la croyance à la foi. Reformater: le pape vient de nous en indiquer un chemin dans son exhortation «  La joie de l'amour ».

Pour utiliser le langage du pape François, nous ne savons plus sentir l'odeur du terrain où se tient Jésus. L'odeur du terrain où se tient Dieu est l'humain, chacun de nous. Il faut le rencontrer là où il se tient : dans le ciel qui est en toi, disent les mystiques. Dieu ne tombe pas du ciel. Et voilà bien le défi, aujourd'hui, l'humain n'a plus la première place. Elle est réservée à l'idolâtrie du pouvoir et de l'argent qui ne sont pas le lieu où Dieu demeure.

Une image dit bien cela: nous apprécions beaucoup les arbres qui ont beaucoup de branches et de feuillages, mais quand ils ont peu de racines ils tombent plus facilement sous l'effet du vent. Jamais comme aujourd'hui à travers les médias sociaux n'a-t-on parlé autant de Jésus; mais sans racines nourrissantes, parler de Jésus ne conduit pas à Jésus. Il faut entendre avec des oreilles de croyants Jésus nous dire : les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même; c'est le Père qui demeure en moi et qui accomplit ses propres oeuvres.  

Pour Marcel Légaut, laïc du milieu du siècle dernier, c'est en entrant dans nos profondeurs que nous trouvons la trace de Dieu. Tout autre chemin que l'humain ne conduit pas au Père. Je suis le chemin.  Entendre, je suis l'humain capable de vous conduire au Père. Il faut passer de la croyance purement intellectuelle  à la foi. D'autres , comme Henri Le Saux (1910-1073), ont pris ce même chemin. La délivrance, écrit-il, c'est d'atteindre le centre de toi.  Le centre de toi, c'est le mystère de Dieu.

Que nous a apporté Jésus ? demande le pape Benoît XVI dans son livre Jésus de Nazareth. Il nous apporte Dieu. Il nous apporte de connaître le Père. C'est cette connaissance  qui dort au fond de nous-mêmes. Il suffit de plonger en nous pour rencontrer le Père. Philippe, par sa question, ouvre un vaste chantier, jamais complété. Toujours à rajeunir. À rafraichir. Ce que Jésus apporte, c'est un appel à reformater notre adhésion à Dieu, à ce Dieu-Père qui passe par ce qui est humain pour le rejoindre.

Quand dans nos gestes et attitudes, nous privilégions la culture du déchet dénoncée par le pape François, il est difficile de reconnaître en l'humain Jésus le chemin, la vérité et la vie. L'arrivée du royaume, celle de la bonne nouvelle que Paul nous a transmise et qu'il a reçue lui-même (lecture), se voit quand on cesse de vivre dans des bulles de savon qui sont belles, mais ne sont rien (pape François, homélie, 8/7/13, Lampedusa). En sortir, c'est reformater le chemin qui nous conduit au Père. C'est devenir miséricordieux comme le Père (Lc 6, 36).  AMEN.
 

Évangile: 
Année: 
Pérode: 
Date: 
Vendredi, 1 avril, 2016

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