2016-C-Jn 7, 40-53- samedi 4e semaine carême- Jésus, une terre de compassion qui conduit à la mort

Année C: samedi de la 4e semaine carême (litcc04s.16)
Jean 7, 40-53 : Jésus, une terre de compassion qui conduit à la mort.  

Nous vivons dans un monde où le sang est versé à flots, avec toute la profusion des moyens modernes. Notre société en est une de consommatrice de sang (Père Loew). À lire le complot contre le prophète Jérémie jusqu'à l'arrestation avortée de Jésus en passant par la supplication du psalmiste, toutes les lectures confirment que notre monde a peu évolué depuis trois millénaires.

De tout temps, nos sociétés sont des consommatrices de sang, de pouvoir. En tout temps, nous sommes rapides à condamner. Le seuil de tolérance à l'autre est ce qui manque le plus. Seul Nicodème s'est opposé à des déclarations expéditives visant à condamner Jésus  sans d'abord l'entendre pour savoir ce qu'il a fait.

Dans ce chapitre sept de saint Jean, l'enjeu des discussions sur Jésus et l'enjeu de voir Jésus verser son sang, portent sur son identité. Aucune parole de Jésus n'est citée, mais les discussions portent sur les conséquences de ce que dit Jésus. Pourquoi toutes ces vives discussions ? Simple, Jésus n'est pas l'un des leurs. Son origine de basse classe fait en sorte qu'il ne répond pas aux critères d'obtention d'un certificat de conformité exigé par la classe dirigeante ; d'un certificat attestant qu'il ne percutera pas l'ordre social. 

Avec finesse, en fin de notre évangile, Jean observe qu'ils rentrèrent chacun chez soi sans rien conclure. Chacun garde sa position de départ. Nicodème est le seul qui garde le cap et veut creuser davantage sa connaissance. On se croirait en plein milieu de nos échanges actuels sur Jésus. Des discussions qui tournent en rond.

Il y a un autre enjeu plus menaçant encore que celui des  origines de Jésus; alors que les théologiens discutent sur qui est Jésus, c'est leur travail, d'autres ne sont pas intéressés par ce genre de question. D'autres, non aveuglés par l'idéologie, non paralysés par la jalousie de voir Jésus leur enlever du prestige, se  laissent imprégner par ses paroles. Voilà ce qui est très beau dans l’évangile de ce matin.

Merveilleux aussi, même les soldats sont foudroyés par ce qu'ils entendent et voient. Ils vont jusqu'à prendre la défense de l'accusé. En régime militaire, désobéir peut conduire à la mort. Pourquoi ne l'avez-vous pas amené ? La raison est simple : jamais personne n’a parlé comme lui (Jn 7, 46). C'est le monde à l'envers. Tout un revirement. Ceux qui sont chargés d'arrêter Jésus sont ceux qui reconnaissent sa vraie identité.

Allons plus loin dans notre émerveillement. Un pharisien (Jn 3,1) prend la défense de Jésus. Il  rappelle que la  loi ne les autorise pas de le condamner sans l'entendre. Ce notable comprend que Jésus ouvre ses auditeurs sur une passionnante aventure, celle de rechercher le diamant qui luit au cœur de chaque personne. Selon lui, Jésus refuse de tout voir en fonction d'un comportement non respectueux de la loi, de supérieur ou inférieur. Il entrevoit en Jésus quelqu'un pour qui même un criminel garde le droit inviolable à la vie (pape François). Le regard qu'il porte sur Jésus est inconcevable pour les gens de la haute direction. 

Devant toutes ces discussions autour de la personne de Jésus, discussions et prises de position qui abondent dans nos réseaux sociaux, personne ne semble voir son regard de miséricorde. Jésus, qui est passé en faisant le bien (Ac 10, 38) mériterait qu'on lui fasse justice. C'est quelqu'un de bien. Comme chrétiens, moniales, nous devons porter sur Jésus ce regard de bien; il faut affronter chaque jour l'épreuve redoutable où la liturgie nous fait entrer dans sa passion.

Que comprendre pour notre vie spirituelle ? Ce sont ceux qui sont exposés à la présence de Jésus, ceux qui l'ont vraiment rencontré, qui sont les meilleurs médias pour faire connaître Jésus et qui se découvrent le courage de parler avec admiration de Lui. De prendre sa défense.

Que ce temps de la passion nous offre l'occasion d'entretenir en nous ce contact vrai et authentique avec Jésus, fait de rencontre intime dans la prière, l'adoration, la méditation de la Parole, l'eucharistie, le pardon. Ne rougissons pas de lui jusqu'à prendre le chemin de l'épreuve de le voir si mal compris. AMEN

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Lundi, 1 février, 2016

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