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2016-C-Lc 18, 9-14- samedi 3e semaine du carême - on ne peut tricher devant Dieu

Année C : samedi de la 3e semaine du carême (litcc03s.16)
Luc 18, 9-14 : on ne peut tricher devant Dieu.

Ils sont deux en état de prière. L'un en avant, debout; l'autre en arrière, à genoux. Les deux, par différent chemin, semblent ne rien préférer d'autre qu'eux-mêmes plutôt que de ne rien préférer d'autre que Dieu. Ils se sont noyés dans un narcissisme écœurant, pour citer le Pape s'adressant à des théologiens à l'Université grégorienne.

Complètement perdus en eux, quelque peu idolâtres d'eux-mêmes, il n'y a pas de place en eux pour personne d'autre. Pour rencontrer quelqu'un d'autre. On peut utiliser le vocabulaire de la religion, s'habiller des vêtements de la vertu dans le cas du pharisien, être pécheur public dans le cas du publicain, tout en ayant pour seul horizon que soi-même.  Parler à Dieu n'est pas nécessairement le rencontrer.

Dans leur prière, autant le pharisien que le publicain maintiennent cette tendance très humaine à se marier avec sa propre image. L'un s'autoapprécie. L'autre s'autodéprécie. Ils ressemblent à cette femme courbée (Lc, 13, 11), penchée sur elle-même. Ils ne respirent pas, pour citer la petite Thérèse, l'odeur des parfums du Bien-aimé. Bref, les deux ne se font pas miséricorde à eux-mêmes. Ils n'ont pas non plus rencontré la miséricorde de Dieu. On peut prier sans rencontrer celui que l'on prie.

Une seule chose te manque, dit Jésus au jeune homme (cf. Mt 19, 16-22), qui accomplissait la loi et ne manquait pas de générosité. Ce qui lui manquait et qui manque à ces deux priants dans le temple, c'est d'être pauvre. Un livre sur l'éducation des enfants s'intitule : Au secours, je manque de manque.

La pauvreté devant Dieu est la seule richesse que personne ne peut nous ravir. Elle nous permet de passer par le trou d'une aiguille (Mc 10, 15), ce petit trou par lequel nous recevons tout. S'il n'y a pas de manque en nous, il n'y a pas de place pour l'Autre, pour les autres, pas de place pour l'Amour. Toute prière commence par l'abandon de tout.  Par un échec et mat avec soi.
C'est par la porte étroite du manque que Jésus entre lentement en nous pour dilater notre cœur et en faire son lieu, le lieu du centuple. Sans manque, nous risquons de rabâcher des mots comme ces deux priants, païens dans leur manière de prier.

Jésus ignore les belles paroles qui ne sont pas soutenues par ce manque. Ni l'habit, ni le chapelet pendu à la ceinture, ni une église de pierre, ni l'engagement par des vœux ne peuvent produire un témoin du Christ (Maddalena Di Spello). Ne peuvent faire de nous des priants. Il ne s'agit pas de dire Seigneur, Seigneur pour prier.

On ne peut pas tricher avec Dieu. L’essentiel n’est pas d’abord de vouloir être vertueux, de se voir un beau chef d'œuvre, en n'attendant rien de Dieu.  L'essentiel n'est pas de se sentir tout courbé ou indigne. L'essentiel n'est pas  de passer tout son temps à l'église;  ou à s'occuper à des œuvres de miséricordes. Il est essentiel d'être pauvres devant Dieu, de nous efforcer de connaître le Seigneur (lecture), de vivre désarmés de toutes pensées; ces pensées qui  font croire que nous méritons la miséricorde de Dieu. Ni ma pratique de la prière ni ma reconnaissance de mon état de pécheur n'influencent le regard que Dieu pose sur moi.

Lisons bien cette parabole. Jésus ne dit pas que les actes du pharisien sont mauvais ou n’ont pas de valeur. Il ne dit pas que les péchés du publicain ne sont pas de vrais péchés. Il ne dit pas de compter sur nos mérites ou de nous appuyer sur notre indignité éprouvée. Il s’intéresse à ce que la Bible appelle le cœur de l’homme et son rapport à Dieu. Il nous veut seulement capables de vivre une rencontre personnelle avec Lui (EG #3).

J’invite chaque chrétien [...] à renouveler aujourd’hui même sa rencontre personnelle avec Jésus Christ ou, au moins, à prendre la décision de se laisser rencontrer par lui, de le chercher chaque jour sans cesse. Il n’y a pas de motif pour lequel quelqu’un puisse penser que cette invitation n’est pas pour lui  (EG, nr.3).Que ce temps du carême nous fasse goûter et désirer cette rencontre personnelle avec Dieu. AMEN.
 

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Date: 
Lundi, 1 février, 2016

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