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2014-A-Lc 17, 1-6-lundi 32e semaine ordinaire- ne jamais dire assez, c'est assez

Année A: Lundi 32e semaine ordinaire (litao32l.14)

Lc 17, 1-6-   ne jamais dire assez, c'est assez

 Supportez-vous les uns les autres avec charité (Ep 4, 2). C'est bien la loi même du Christ (Ga 6, 2). La loi du diable dirait François, c'est celle qui nous pousse à l'agressivité, à l'impatience devant les failles ou le manque de foi que nous observons chez les autres avec une expertise indélogeable de nos vies.

En demandant à Jésus d'augmenter leur foi, les disciples reconnaissent la difficulté d'un vivre ensemble non seulement sept fois par jour mais dans un état permanent de tolérance, de compassion. Nous délogeons à cette loi d'un vivre ensemble jusqu'à la perfection, de ce devoir de la solidarité (Paul V1) quand notre foi est encore plus petite qu'une graine de moutarde. En régime chrétien, la solidarité nous fait entrevoir que l'autre est plus qu'un être humain à respecter mais il est l'image visible du Dieu invisible. Les idéologies nouvelles disait le pape François dans son message pour la journée mondiale de la paix (2014) nous poussent plutôt au mépris de l'autre, surtout des plus faibles.

Vous l'expérimentez, ici, cette loi du Christ, cette loi de servir le Seigneur, [nous] prépare à l'épreuve (Si 2,1). La foi ne se réduira jamais à une simple déclaration verbale ou abstraite. Elle ne s'exprimera jamais dans la prière détachée du concret de l'épaisseur de toute existence, monastique ou pas. C'est dans notre manière de vivre entre nous que se laisse voir cette loi.  Mais cela ne va pas de soi tant notre je exulte jusqu'à l'idolâtrer disait le pape François. Ce «je» nous persécute beaucoup et persécute aussi les autres. Ici, les persécutions ont visage de ces désaccords qui, répétés, pèsent lourds. Le Seigneur a voulu dit Matthieu, que nous nous réjouissons quand nous sommes persécutés (Mt 5, 12). Facile !

Montre-moi tes actes dit Jacques, montre-moi ta manière de vivre ensemble et je verrai ta foi (Cf. Jc 2, 11s). Je la verrai si vous en avez gros comme une graine de moutarde. Je la verrai si votre confiance en Dieu et à son Esprit est plus forte que toutes ces impulsions spontanées. C'est sept fois par jour que nous bâtissons un vivre ensemble évangélique. Ce n'est pas un reproche que Jésus adresse à ses disciples quand il leur dit si vous aviez la foi, c'est plutôt un constat qu'il est difficile d'en vivre.

La lettre de saint Jacques nous montre une foi bien concrète et qui se réalise dans une harmonisation de nos différences. Comme le corps qui ne respire plus est mort, la foi qui n'agit pas est morte (Jc 2, 26). Question : notre vie est-elle une vie chrétienne faite de cosmétique, d’apparence ou une vie chrétienne avec la foi qui œuvre dans la charité ? (Pape François, homélie du 13 oct.14). La foi chrétienne est ferment d'action. Elle fait naître une espérance au coeur de l'histoire. Péguy ne disait-il pas que le spirituel couche dans le lit du temporel.

Ce passage de Luc est une convocation à sortir d'une foi articulée sur le besoin de bien paraître, de tout recouvrir d'une courtoisie de surface pour privilégier un coeur incapable et de pardonner. Luc refuse que nous dressions un mur entre nous, que nous nous refermions sur nous-mêmes presque spontanément quand nos désaccords persistent. Il nous veut capable d'admirer la beauté d'être ensemble au milieu de nos failles. C'est ensemble que nous suivons Jésus et non seul. Pierre Goursat, ce laïc engagé, contemplatif et homme d'action, fondateur de la communauté d'Emmanuel,  écrivait qu' un frère appuyé sur un frère est une citadelle [de foi] imprenable.

Vivre la foi chrétienne pour la première génération comme pour nous, sera toujours sortir de ses enfermements personnels et collectifs, reconnaître le Crucifié ressuscité et se laisser recréer par le souffle de l’Esprit ( Père Bruno Chenu, Croire sur parole, éd. Bayard 2008, p. 92). 

En conclusion, ce que j'entends de cet évangile, c'est de ne jamais dire : assez, c'est assez. Jésus n'a jamais dit cela même s'il a dû en avoir assez d'être pourchassé, épié, jugé injustement. Même sur la croix il n'a pas dit : assez, c'est assez. 

Une eucharistie pour comprendre que c'est la fraternité incarnée en Jésus-Christ [qui] nous sauve de la fratricide (Christine Pedotti). C'est en le regardant sur la Croix,  que nous apprenons à mieux vivre entre nous. AMEN

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Date: 
Mercredi, 1 octobre, 2014

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