Vous êtes ici

Ajouter un commentaire

2014-A- Jn 14, 27-31a mardi 5e demaine de Pâques- Un vrai départ ?

Année A: Mardi 5e semaine de Pâques (litap05m.14) 

Jean 14, 27-31a : je m'en vais. Départ ou arrivé?

À plusieurs occasions dans la Bible, Jésus échappe à son entourage. Quand la foule est trop accaparante, il se retire au désert. Au matin de Pâques, il ne s'est pas laissé retenir, ne me retiens pas, Marie (Jn 20, 17). Au soir de Pâques, sur la route d'Emmaüs, il feint de poursuivre sa route pour s'entendre dire reste avec nous, le jour décline (Lc 24, 29). Je pars vers mon Père. Jésus ne se laisse pas saisir facilement. Une mystique, Hadewijch d'Anvers disait : c'est en s'éclipsant qu'il se laisse découvrir; s'il se cache, il nous dévoile ses secrets. Et c'est en se refusant qu'il se livre (Christian de Chergé, retraite sur le Cantique des cantiques, Nouvelle Cité 2013 p.80).  

Je pars. Ces mots ont bouleversé les proches compagnons de Jésus. Nous portons moins attention au fait que lorsque Jésus disparait à nos regards, il se donne à la foi. Il ne se donne pas à voir, il se  donne à croire. Jésus est venu mais ne s'est pas laissé retenir. Notre chance, ce matin, c'est de lui dire non pas viens comme l'exprime le temps de l'Avent, mais reviens comme le sous-tend la liturgie de ce temps pascal qui s'achève.

Reviens.  C'est le cri de l'épouse du Cantique des cantiques.  Reviens, c'est le cri des apôtres désorientés. Le grand mystique saint Bernard faisait remarquer que peut-être il nous quitte volontairement afin qu'on réclame son retour. Qu'on le retienne mieux parce que nous avons expérimenté un manque. Reviens. En nous, il y a l'heure de la nuit. Il y a l'heure du Magnificat aussi. Reviens nous ouvrir à la prière.

À lire en profondeur la Parole de Dieu, Jésus ne fait que semblant de partir. Il ne fait que semblant d'aller plus loin pour s'entendre dire: reviens. Reste avec nous. Constamment, Jésus revient dans nos vies, repasse dans nos vies, mais c'est nous qui ne sommes pas assez attentifs à sa discrète présence. Constamment, Jésus entre et sort de nos vies, mais nous ne saisissons pas qu'il marche avec nous. Reviens.

Et le signe qu'il revient, c'est celui de la paix. Non pas cette paix qui est absence de la guerre. Non pas cette paix qui découle de la tranquillité dans l'ordre (saint Thomas d'Aquin) et qui laisse entendre que le vainqueur se réconcilie avec le vaincu et vice versa.

Jésus nous offre, comme signe de sa présence, la paix qui vient de l'acceptation du vouloir de Dieu. Un mystique cartésien, Augustin Guillerand, écrit que le bon Dieu aurait pu vouloir une humanité sans faute et sans mal... Il  n'a pas dit [déploré] sur la croix que les hommes sont faibles. Il disait, pardonne-leur, Père.

La paix est ce signe incontestable que quelqu'un marche avec nous. Elle origine dans l'acceptation de ce qui nous arrive. Et ce qui nous arrive, c'est de faire le mal qu'on ne veut pas et non le bien qu'on veut (Rm 7, 19). Ce qui nous arrive, c'est accepter nos failles, nous recevoir comme nous sommes.

C'est en percevant l'écart entre le réel de nos vies et ce que nous souhaiterions et en acceptant cette situation que la paix s'introduit en nous. Il faut apprendre à vivre avec nos failles comme on apprend toutes choses. Thérèse de Lisieux a fait de cet écart sa petite voie quand elle écrit sa parabole du petit oiseau. O Jésus que ton petit oiseau est heureux d'être faible et petit... Malgré ma petitesse, j'ose fixer le Soleil divin et mon cœur sent en lui toutes les aspirations de l'aigle.

Un jour du temps, Jésus est venu et c'est pour toujours. De la même manière que vous l'avez vu partir, il reviendra  (Ac 1, 11). En nous quittant, Jésus élève nos failles, nos écarts entre nos dires et nos actes, en bénédiction. Bénir ce qui nous arrive au lieu de nous plaindre, accepter, comme dit Thérèse de Lisieux, de sentir nos trahisons, nos refus de nous tenir en périphérie, c'est nous assurer d'éprouver une grande paix intérieure.

Une eucharistie pour lui dire : Reviens gratuitement nous donner ta paix. Ton pain de paix. Ce qui lui plait, c'est de me voir aimer ma petitesse (Thérèse de Lisieux). La paix s'enracine dans le trésor de nos imperfections qui, acceptées avec confiance, nous font éprouver que tout est grâce. AMEN.

Évangile: 
Année: 
Pérode: 
Date: 
Jeudi, 1 mai, 2014

Plain text

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les adresses de pages web et de courriels sont transformées en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
Image CAPTCHA
Saisir les caractères affichés dans l'image.