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2014-A-Jn 11, 45-57 -samedi 5e semaine carême- Il a goûté la mort pour nous.

Année A: Samedi 5e semaine du Carême (litac05s.14)

Jean 11, 45-57 : Il a goûté la mort pour nous.

Nous entrons dans l'heure de l'achèvement de l'incarnation. Dans l'heure de l'achèvement de notre nature non  déchue mais incomplète (Cf. Ilia Delio, L'humilité de Dieu, éd. Franciscaine 2011, p.76). Dans l'heure où un Dieu s'est courbé pour nous dé-courber jusqu'à nous sortir de nos terres boueuses. Jusqu'à nous déifier. Jusqu'à élever la poussière de notre nature, jusqu'à l'unité de sa propre personne (Delio, Ilia, Bonaventure op.cit p. 65). Il s'agit moins ces prochains jours de contempler l'abaissement de Jésus, mais le dévoilement de ce que nous sommes pour lui. On aurait pu croire que le retour à la vie de Lazare aurait suscité admiration et émerveillement. Mais, précise Augustin, Lazare était mort dans son corps mais eux, ils étaient morts dans leur cœur.

Il est étonnant d'observer qu'on reconnait sans hésitation que Jésus accomplit un grand nombre de signes sans pour autant comprendre qui il est. Jésus est agacé quand on lui demande des signes pour authentifier ses gestes (Cf. Mt 12, 38-42). Il est blessé quand ces mêmes signes, celui de Lazare, de la samaritaine, de l'aveugle-né et tant d'autres le conduiront au signe prophétisé par Caïphe, Il vaut mieux qu'un seul homme meure pour le peuple (v. 50), et confirmé par Jésus lui-même,  lorsque je serai élevé de terre, j'attirerai l'humanité à moi (Jn 12, 32).

Ces mots, un seul homme doit mourir, ou encore ceux de l'épitre aux hébreux, pour toi, un homme a gouté la mort (He 2, 9), il faut les entendre même si c’est inimaginable de réaliser que quelqu’un puisse goûter la mort pour que nous menions une vie nouvelle. Jésus, l'agneau sans voix, égorgé, né de Marie, lui, a goûté la mort pour nous ressusciter du fond de nos tombeaux. Ne nous habituons jamais à ces mots qui n'arriveront jamais à exprimer ce que signifie goûter la mort.    

Goûter la mort. Mais pourquoi ? Parce qu'il a passé en faisant le bien. Il est écrit dans la loi et les prophètes : Ils m'ont rendu le mal pour le bien. Ils ont comploté le mal contre moi, en disant : Ligotons le juste, car il nous est odieux  (Ps 37, 21; Jr 11, 19). Si nous pouvions un seul instant soupçonner, entrevoir ce que cela veut dire passer en faisant le bien, nous en mourrions de joie (François Libermann). Pourquoi ce crime ? Parce que nous avons déshonoré celui qui nous a honorés, humilié celui qui nous a exaltés, renié celui qui nous a reconnus, rejeté celui qui nous a appelés. Mais lui ne nous a pas haïs, repoussés. Il nous a montré que nous pouvions croire en sa parole :  je vous ai aimé le premier.

Nous avons comme responsabilité, comme mission presque impossible, d’entrer dans ces mots pour ne pas qu’ils soient des mots extérieurs. Pour qu'ils ne demeurent pas sans résonnances. C’est assourdissant à entendre : parce que quelqu’un a goûté la mort, nous sommes sortis vivants d’un camp pire que celui d’Auschwitz, celui du péché qui nous repliait sur nos « moi ».

La parole de Dieu ne pourra jamais se réduire à des mots parce que la parole, c’est justement une personne qui est tellement l’anti-possession, tellement dépouillée de son MOI qu’il a goûté la mort pour nous sortir de nos enfermements. C’est là, la nouveauté de la parole. Durant cette semaine sainte, nous sommes conviés à une culbute à 200% de nos visions humaines. C’est une culbute qui nous métamorphose jusqu’à nous faire goûter maintenant le comportement divin.

Nous ne prêchons pas un homme devenu Dieu. Nous proclamons un Dieu qui s’est abaissé, a partagé notre condition humaine devenue infernale, parce que vécue sans Dieu, pour nous ramener à une vie avec Dieu et en Dieu. Nous proclamons un Dieu qui s’est vidé de son « je pense », un Dieu incapable de ne rien posséder, même sa vie. C’est la plus haute révélation de la grandeur de Dieu.

Comment est-ce possible de signer de nos vies cette humilité de Dieu. Cela arrive,  dit Bonaventure, quand quel-qu'un se détourne complètement de lui-même pour se tourner vers Dieu. Il est de notre intérêt de comprendre ces mots parce que ce sont des mots accomplissements, des mots à immortaliser dans nos mémoires, des mots qui nous rendent participants de la nature divine en communiant à son corps et à son sang (Oraison finale). AMEN.

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Mardi, 1 avril, 2014

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