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2014-A- Jn 7, 40-53-samedi 4e semaine carême- Jésus divise

Année A: Samedi 4e semaine du Carême (litac04s.14)

Jean 7, 40-53 : Personne ne parle comme lui; désir d'arrêter Jésus

La pression monte autour de Jésus. Beaucoup de regards divergents, discordants sont posés sur lui : Celui de la foule qui n'est pas monolithique: Grand prophète ? Messie ? D’ou vient-il ? Qui est-il ? Celui des prêtres, ces intellectuels spécialistes de l'interprétation de la loi et dont l'hostilité à l'endroit de Jésus ne se dément pas. Celui des gardes envoyés pour se saisir de lui, Jésus : Jamais personne n'a parlé comme cet homme. Celui de Nicodème, ce chercheur de Dieu, qui refuse au nom de la loi de condamner un homme sans l'entendre d'abord. Il offre un autre regard. Il ouvre une voie inédite: renaître. De tous temps, on cherche à mesurer Jésus à partir du connu. L'écriture dit (v.42) : Étudie, cherche-bien et tu verras (v.52).

En entrant à Jérusalem, Jésus, dont Jérémie disait tantôt qu'il était l'agneau docile qu'on emmène à l'abattoir, n'a nullement évité les conséquences de ses actes. Celui qui donne boire, à voir, à accueillir à bras ouverts le fils ingrat, à redonner à Lazare la vie, celui qui m'a mise debout, disait une musulmane convertie à l'Évangile, celui qui parle le langage de la charité envers les personnes aux besoins criants, divise. Il est ce signe de la contradiction que Siméon avait annoncé à Marie (Lc 2,34), qui oblige à prendre position. Le drame de la passion est en germe dans ce passage de Jean.    

La plus grande croix de Jésus a été et demeure celle de n'être pas reconnu comme l'Envoyé de Dieu. Ce qui faisait sa vie, son bonheur, sa nourriture spirituelle de tous les jours, à savoir sa relation vivante, intense, paisible avec le Père du ciel, laisse indifférents. Jésus avait beau insister, Moi, je le connais, parce que je viens de lui et que c'est lui qui m'a envoyé (Jn 7, 29),  il avait beau multiplier les appels, il ne trouvait que des hésitants, empêtrés dans  leurs certitudes. 

Bref, ces situations d'hier sont celles de notre monde.  Aujourd'hui, comme l'observait sait Jean pour son temps, n'importe qui écrit n'importe quoi dans leur blog sur Jésus. Ces différents regards sur Jésus, regards sur le fils de Joseph plutôt que l'envoyé du Père, ne font que confirmer que personne n'est propriétaire de la vérité sur Jésus. Observons seulement qu'il s'agit de regards posés avec les yeux du corps. Ceux de la foi ne suivent pas. Question : qui donc est Jésus ?

Devant tous ces regards, tous ces bloggeurs, monte en moi ce cri : nous voulons voir Jésus (Jn 12,21). Mais une cécité intérieure, disait François à l'angélus de dimanche dernier, ferme le cœur à la lumière. La vie des croyants, poursuit-il, est un peu comme celle des docteurs de la loi : du haut de notre orgueil, nous jugeons les autres, et même le Seigneur.

Devant tous ces regards sur Jésus, nous aimerions bien voir un autre regard posé sur Jésus : un regard de miséricorde (Cf. Jean-Paul II, Encyclique sur la miséricorde, #7). Lui, qui est passé en faisant le bien et en rendant la santé, en guérissant toute maladie et toute langueur (Ac 10, 38 ; Mt 9, 35) mériterait bien ce regard. Comme chrétiens, moniales, nous devons affronter chaque jour l'épreuve redoutable de porter sur Jésus ce regard au moment où la liturgie nous fait entrer dans sa passion.

Notons la finale de notre évangile : chacun retourne chez soi. Aucune option n'est retenue. Il s'agit, comme l'exprime souvent François, d'entrer en relation avec toutes ces personnes. Il s'agit de croire. De croire comme l'aveugle-né à qui Jésus n'a pas seulement redonné la vue mais lui a délié la langue: je crois, dit-il, en voyant Jésus. De croire comme la samaritaine qui, tellement touchée par la demande à boire de Jésus, a complètement changé sa manière de vivre. De croire comme Marthe et Marie en un Jésus résurrection et vie.

Le vase de la miséricorde divine à débordé sur moi, écrivait Thérèse de Lisieux (lettre 230). Habillés de son regard de miséricorde sur nous, puissions-nous porter ce même regard sur Jésus. Cela  nous impose d'être délivrés de nos regards fermés comme ceux que Jean nous rapporte ce matin. Ne craignons pas d'être des signes de discordes en offrant sur Jésus un autre regard que celui de la foule qui se divisait à son sujet (v.43). AMEN.

 

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Mardi, 1 avril, 2014

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