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2014-A-Mtt 5, 43-48-samedi 1ere semaine carême- Dieu et l'ennemi, un beau défi

Année A : Samedi 1er semaine Carême (litAC01S.14)

Mtt 5, 43-48   Dieu et l'ennemi, un beau défi   

Jésus n'est pas venu nous enseigner des bonnes manières ni même un code de conduite. Moi je vous dis. Il est venu nous sauver de nos mauvaises manières de vivre. Sur sa croix, Jésus affirme en acte : moi je vous dis...je suis la voie. Et nous comme disciples bien-aimés comme l'exprimait François aux nouveaux cardinaux, sommes les canaux pour offrir au monde une nouvelle sagesse. Nouvelle folie aussi : celle de casser la logique de l'égalité des choses. Oeil pour oeil. Quelqu'un écrivait, on peut bien me crever un oeil, il m'en reste un autre pour t'avoir à l'oeil. L'oeil pour œil est un raisonnement qui rend le monde aveugle (Martin Luther King).

Jésus ne nous demande pas d'être beau, bon, gentil, naïf. Il nous demande en entrant dans ce carême, temps de désintoxication, de développer ses tics : d'avoir non pas l'autre à l'oeil mais d'avoir sur l'autre l'oeil de Dieu. Cela s'appelle signer nos vies de l'Esprit de Dieu. N'ayons pas peur, ne soyons pas stupéfaits, de cette nouvelle sagesse même si nous sommes plus exposés à la mode tendance de penser comme tout le monde plutôt qu'à la mode de Dieu. 

La mode tendance observée est que l'ennemi est souvent perçu comme quelqu'un d'extérieur à nous et qui se place toujours en travers sur mon chemin. La grande libération, la grande révélation ouverte par cette page nous fait entrevoir un basculement vers un mode relation «fraternelle» plutôt qu'une tendance escalade envers l'ennemi à abattre et qui réside en nous. L'ennemi, il est en nous. Quel nom, visage a-t-il mon ennemi ? 

N'allons pas comprendre ce passage comme un appel à aimer quelqu'un d'«étranger» à nos vies. L'ennemi à aimer, on le croise tous les jours. On vit avec tous les jours. Ce n'est pas sur autrui dit François d'assisse qu'il faut rejeter la faute : l'ennemi, chacun le tient entre ses mains ; l'ennemi, c'est l'égoïsme qui fait tomber dans le péché. Heureux le serviteur qui gardera toujours enchaîné cet ennemi (Admonitions 9-10).

L'ennemi, cette dose de «pot», de «coke» que nous nous procurons à fort prix dont celui de perturber notre tranquillité intérieure ; cet ennemi dont nous sommes devenus des dépendants affectifs ; cet ennemi qui nous maintient en état d'agitation et dont nous avons grand peine à le faire sortir de nous, il faut l'aimer.  Ce faisant, nous annihilons, anesthésions son pouvoir. Nous le contrôlons plutôt que de nous laisser contrôler par lui. L'aimer, c'est lui signifier  : sors de moi. Va où tu veux. Va te jeter à la mer (Mc 5, 1-20).

Nous portons sur nos épaules toutes sortes de jougs (d'ennemis intérieurs) qui nous épuisent au sein d'un monde à deux visages : celui de l'extériorité, de la belle apparence qui séduit tant et celui qui nous détruit par en-dedans. Pour sortir de nous ce monde qui nous détruit par en-dedans, la liturgie du carême nous donne une médication puissante à prendre à toute heure de la journée : la lectio divina où nous entendrons à chaque page, Jésus nous dire: vous qui peinez, venez à moi, vous trouverez les repos (Mtt 11,28).

Permettez-moi de le dire : Nous sommes sensibles, éprouvons fortement ces «ennemis». Mais Dieu se cache dans ces «ennemis». À bien réfléchir, ils sont moins des disgrâces qu'un signe que Dieu nous porte attention. Qui donc est Dieu pour agir ainsi ?

Nous peinons, nos boîtons sur le chemin, mais ne craignons pas. Jésus a tellement aimé porter sur ses épaules nos ennemis intérieurs qu'il nous invite durant ce carême à les lui laisser. Il ne fait pas tomber sur nous le salut depuis le haut mais est descendu au milieu de gens comme nous pour nous consoler, nous libérer de notre misère dit François dans son message du carême. 

À votre contemplation: Dieu ne donne pas d’ordres, il lance des appels, écrit Paul Evdokimov dans L’amour fou de Dieu. Pari fou ou nouvelle sagesse que celle où Jésus  appelle à nous attaquer d'abord à nos ennemis intérieurs, avant d'affronter nos ennemis extérieurs. Il ne s'agit pas ici d'un simple amendement constitutionnel mais bien d'une nouvelle chartre des valeurs qui comme toute chartre, soulève de vive opposition tant elle propose la transparence évangélique. AMEN

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Date: 
Samedi, 1 mars, 2014

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