2005-A-Jn 10, 1-10- Dimanche 4e semaine Pâques - Homélie de consécration à présence et vie

ANNÉE A: 4 ième dimanche de Pâques (litap04d.05)

Jn 10, 1-10 Homélie de consécration de 4 personnes à PRÉSENCE ET VIE avril 2005

"C'est parce que, à l'écoute de sa Voix, vous avez été remués jusqu'au fond de vous-mêmes" (AA2,37) que vous vous consacrez maintenant " à ne pas fermer votre cœur, à entrer dans le combat de Dieu " comme nous y invite chacun matin la liturgie de Laudes. Vous dites comme les écoutants de la 1 ère lecture : que devons-nous faite ?. Comme réponse, Marguerite, Aline, Micheline, Claudette, vous avez choisi de vous consacrer à passer de vous-même à Dieu. À vous laissez "travailler", sculpter comme de l'argile dans les mains du potier.

Celui qui nous dit " je suis la porte des brebis " a aussi dit " qu'étroite est la porte " . Celui qui a dit " que les brebis connaissent ma Voix " a aussi dit " vous ne me connaissez pas " (Jn7,8) . À l'heure où s'ouvre pour vous la porte pour entrer dans ce mystère de la vocation, laissez-moi vous dire que cette " porte " est tellement étroite qu'elle exige de tout quitter pour y passer. Laissez-moi vous demander si vous connaissez ce Dieu qui vous appelle jusqu'à lui devenir semblable ?

Tout quitter. Quitter les appels de notre monde à toute posséder est relativement facile. Cela ne donne aucune assurance de perfection. Combien plus difficile est de se quitter soi-même. " C'est par l'anéantissement de soi que nous entrons dans l'immensité divine " (Fénelon). "L e secret du bonheur, c'est de se désoccuper de soi-même " (Élisabeth de la Trinité) . La loi de la nature veut que le vide attire Dieu qui le remplit de sa présence. L'Évangile du tout quitter n'est pas facile mais n'ayez pas le dégoût de la perfection de tout quitter. Ce serait toutefois se tromper que de croire que vous avez réussi. Pourtant l'appel d'aller de perfection en perfection, de dépassement en dépassement - appel qui rejoint toutes les grandes religions du monde - doit être l'unique occupation de votre vie. Pour suivre Jésus, il faut entrer en état de guerre permanente contre cette tendance à tout posséder. Pour suivre Jésus, il faut mourir a quelque chose et non pas se dorloter , se complaire de petits soins. " Pour se donner toute entière au Tout, il ne faut plus nous soucier de tout le crée ". (Thérèse d'Avila, chemin de perfection ch. 9) Vous vous consacrez " à n'avoir rien pour le Tout " (Jean de la Croix). Admirable. Mais si vous connaissez ce Jésus qui vous appelle, il faut ajouter qu'il demande plus que cette perfection là.

Lui, " le commencement et la fin " (Ap1,8) , Lui " le premier et le dernier " (Ap1,17) , Lui, la lumière incréée, est allé plus loin que de n'avoir rien. " Il s'est anéanti " . Il s'est tellement abaissé que personne dit Charles de Foucauld n'a pu lui ravir sa place. Tellement abaissé, qu'au terme de sa vie, " il ne valait que trente derniers ". Il ne valait rien pour son peuple. Ce fut pour Jésus, fils d'homme, fils de Dieu, la souffrance des souffrances. Ne rien avoir, ç'est tolérable. Ne rien valoir, c'est "mortel". Nous sommes au coeur de l'Évangile. C'est la demande que Dieu vous fait. " C'est en étant rien que tu seras tout, en ne voulant rien que tu feras tout. Consens à n'être rien et n'avoir rien en toi pour avoir tout en Moi " (Marie de la Trinité)

Celui qui vaut "moins que rien" vous a tellement touché, brûlé par son "feu dévorant " que vous acceptez après un long cheminement allant de l'offrande à l'engagement, à Lui consacrer vos vies. Estimez grand cette invitation du Christ à n'avoir rien, à n'être rien. Estimez grand ce bonheur de vous laisser saisir toute entière, sans mérite de votre part, par Dieu qui par pure grâce, vous appelle à devenir ÉVANGILE, Présence et vie pour notre monde. Pouvez-vous Marguerite, Aline, Micheline, Claudette clamer devant vos compagnes, vos parents, vos amis : tout quitter, lui devenir semblable : voilà ce que je veux, voilà ce que je cherche ?

J'ajoute en citant Cassien, " il y a encore plus que cette perfection là " de tout quitter, de devenir rien pour le tout. Il y a plus grand que la consécration. C'est de garder, grâce à l'Esprit de Dieu, vos regards en permanence sur Jésus, de ne jamais le laisser seul dans le fond de vos coeurs tout en vivant " d'un seul coeur et d'une seul âme" dans le partage et le soutien mutuel. Vivre cela, c'est le " ciel sur la terre " (Élisabeth de la Trinité) . C'est être Présence et Vie. C'est devenir Évangile.

Habitées par un esprit de prière appris "des lèvres mêmes du divin maître", capable de demeurer en Lui comme Jésus demeure dans le Père, Dieu vous appelle " à vous avancer au large en parcourant le chemin de la sainteté " (message de la journée de Vocation 2005 ) comme moyen d'évangélisation de notre monde.

Il ne suffit pas de s'appeler chrétien. Il faut l'être. Il ne suffit pas de se satisfaire de l'être. Il faut s'appliquer à le devenir davantage. Il ne suffit pas de croire que l'Évangile est l'avenir du monde. Il faut le montrer. Il ne suffit pas d'espérer. Il faut risquer l'espérance en devenant Évangile. Il ne suffit pas d'être Présence et Vie pour le monde. Il faut être des icônes recherchées pour leur beauté. Il ne suffit pas d'être de belles icônes. Il faut devenir Parole proclamée. Il faut devenir Présence et Vie. C'est un risque. Le risque n'est jamais du coté de l'échec mais de la Victoire. En allant au large, je vous dis ces mots de Jean Delumeau qui devrait susciter en nous beaucoup d'enthousiasme, " autrefois Dieu était moins vivant que nous le croyions et qu'aujourd'hui il est moins mort que nous le disons".

À votre contemplation : n'ayez pas peur de ce grand mystère de votre consécration. Appuyez-vous sur Dieu. Un impossible possible. Soyez toute entière à Dieu, Présence à Dieu. Soyez toute entière à l'oeuvre de Dieu, Vie, "pleine de vie" dans un monde au signe de mort. Apprenez selon les très beau mot d'un mystique du soufisme, " à mourir avant de mourir pour ressusciter avant la mort ". Apprenez au quotidien à ne jamais " sortir du coeur de Dieu " (Marguerite Bourgeois) , tout en acceptant de " quitter Dieu pour Dieu " (St François de Sales) . Me faisant maintenant PAROLE DE DIEU et je vous dit Marguerite, Aline, Micheline, Claudette, MERCI d'entendre son appel à " ne pas vous contenter d'une vie médiocre, d'une religiosité superficielle" (lettre du nouveau millénaire #31) . Merci " d'avancer au large ". Voilà ce que je veux. Voilà ce que je cherche. Je signe "JÉSUS CHRIST , hier aujourd'hui et demain " AMEN.

 

 
 

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Vendredi, 1 avril, 2005

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