2010-C-Jn 10, 1-10-Lundi 4e semaine Pâques - Je suis la porte… je t’en conjure, ouvre-toi devant moi

Année C- Lundi 4e semaine de Pâques (litcp04l.10)
Jn 10, 1-10 :  Je suis la porte… je t’en conjure, ouvre-toi devant moi

Je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé; il pourra aller et venir, et il trouvera un vert pâturage (Jn 10, 9).Y-a-t-il parole plus magnifique, plus claire que celle-là où Jésus – nous l’avons célébré dans la nuit de Pâques – se fait portier de notre bonheur? Elle ouvre sur une vie en abondance. Je suis venu pour qu’ils aient la vie, et qu’ils l’aient en abondance (Jn 10, 10). Paul précise que cette vie en abondance est faite des choses que l’œil n’a pas vues, que pas une oreille n’a entendues, qui ne sont venues à l’esprit de personne; les choses que Dieu a préparées pour ceux qui l’aiment (1 Co 2, 9). Que pourrions-nous avoir qui puisse se comparer à une telle vie?  Jean précise : Ils ne comprirent ce que cela veut dire (Jn 10, 6). Et nous?

À mi-chemin au cœur de ce grand dimanche pascal, la Parole de Dieu nous rappelle que Jésus est venu en notre monde, en notre humanité, qu’il est mort, qu’il est ressuscité afin d’être cette porte qui conduit au Père. Il a assumé notre humanité afin que nous puissions en prenant cette porte, accéder à la divinité de Dieu. Jésus s’est fait pour nous la porte de la Trinité.

Avant d’être un objet qui tourne sur ses gonds, une porte est une ouverture qui nous permet de passer de l’autre coté d’un mur, qui conduit à la liberté. Jésus est l’ouverture qui nous sort de nos repliements, qui défonce nos murs faits de béton armé, d’incompréhension et nous évite ainsi de nous enfermer sur nous-mêmes. Je suis la porte.

Avec le grand mystique que fut Guillaume de saint Thierry nous lui disons ce matin : Toi qui dis : Je suis la porte, je t'en conjure, en ton nom, ouvre-toi devant nous! Avec un autre grand mystique, Jean de la Croix, nous regardons cette porte comme une ouverture sur le mystère de Dieu: si tu le regardes bien [par cette porte], tu y trouveras tout parce que l'apôtre Paul dit que toute la plénitude de la divinité demeure corporellement dans le Christ (Col 2, 9). Regarde-le parce que je t'ai tout dit et révélé en lui, et tu y trouveras encore plus que tu ne demandes et plus que tu ne saurais souhaiter.  Et en présence de cette porte, un autre mystique, Guerric, disait sa joie d’évoquer cette voie du Seigneur dont Isaïe fait un si bel éloge : il y aura […] dans la terre aride et déserte, un chemin et une route […] qui sera appelée voie sacrée (Is 35, 7-8) parce qu’elle est sanctification et salut de ceux qui sont perdus.  

Saintetés, personne n’a jamais décliné  une telle identité dans l’histoire humaine.  Jésus est la porte qui nous porte dans ses bras (Is 40, 11),sur ses épaules (Lc 15, 8),tant il éprouve un ébranlement intérieur et une grande compassion pour nous. Nul ne peut entrer par cette porte sans être sauvé. Nul ne peut être sauvé non plus sans passer par elle, car il n'y a point d'autre nom sous le ciel, qui soit donné parmi les hommes, par lequel il nous faille être sauvés (Ac 4 : 12).  Jésus-Chemin, ne nous a pas laissés errer dans des voies sans issue. Jésus-Vérité, ne nous a pas enrôlés avec des mensonges. Jésus-Vie, ne nous a pas livrés à l’erreur qui tue.

Devant nos yeux, à regarder longuement, une Porte-Chemin qui nous conduit à la Vérité ; une Porte-Vérité qui nous établit dans la Vie ; une Porte-Vie qui transforme nos vies en vie trinitaire, faite de paix, d’harmonie, de bonne entente, de compassion mutuelle. Bref, une vie de ressuscité. Que pouvons-nous demander de mieux que cela?

À votre contemplation : Je suis la porte. Cette porte est étroite; dures et âpres sont les voies par lesquelles on va à Dieu, précise la règle de saint Benoît, mais elle ressuscite ceux et celles qui y passent parce qu’elle ouvre sur la vie.  Cette porte est accessible à tous et toutes parce qu’elle n’est jamais complètement fermée, parce qu’il y aura  toujours en elle, une brèche, un passage, une Pâques.  Je suis le bon berger. Je marche devant vous au risque de ma vie, non comme les mercenaires.  Je vous connais, je vous appelle chacun par vos noms. Je vous place sur mes épaules avec tendresse après vous avoir serré sur mon cœur. Je suis le pain vivant, pain doré, rompu, quotidien qui fait vivre. Prends et mange, prenez et mangez, car la route est encore longue. AMEN. 

  

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Date: 
Jeudi, 1 avril, 2010

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