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2008- A : Dimanche 20e semaine ordinaire-Mtt 15, 2-28 la canannéenne

Année A : Dimanche 20ième semaine ordinaire (litao20d.08)
Matthieu 15, 2-28

Si nous écoutons cette page un peu distraitement comme il nous arrive de le faire, nous sommes étonnés par l’attitude hautaine de Jésus. Son silence « il ne lui répondit rien » est révélateur de son manque d’intérêt à sa demande. Et quand il lui adresse la parole, c’est avec des mots grossiers, choquants qu’il le fait, « je ne suis pas venu pour les chiens ».  Pourtant, cette femme n’a fait que crier ce que d’autres avant elle ont fait. « Aie pitié de moi, Seigneur ». L’attitude de Jésus étonne, scandalise, cadre mal avec l’image que nous avons de Lui. Quelle mouche l’a piqué, pouvons-nous nous demander ?

Mais une lecture attentive, priante, contemplative nous fait découvrir, saisir que cette page est une petite merveille d’espérance pour notre aujourd’hui. Le premier choc passé, surmonté, nous découvrons –et c’est là la petite merveille – que Jésus, qui était de marbre jusque-là, est ébranlé par la persévérance et la foi inébranlable de cette femme. Jésus est tellement rejoint dans son propre cœur, tellement saisi jusqu’aux entrailles par la réponse de cette femme qui, à genoux devant lui comme « les petits chiens », désire seulement la moindre parole, la moindre miette de parole qu’il voudra bien lui dire, qu’il reconnaît que « sa foi est grande et que tout se passe pour toi comme tu le veux  ».  Cette femme, une « païenne », une « étrangère », vient par sa confiance, par sa foi, - et c’est cela la petite merveille d’espérance -  de réveiller Jésus à sa mission.  Une « étrangère » - Jésus est en terre étrangère celle de la région de Tyr et Sidon – fait prendre conscience à Jésus  qu’il n’est pas venu seulement pour « les brebis perdues d’Israël » et que sa compassion s’étend à tous.  

Cette petite merveille de changement d’attitude de Jésus, cette petite merveille du changement de fusil d’épaule, dirions-nous à l’égard de cette femme païenne, qui n’était pas de sa religion juive, qui n’était pas de son entourage, doit se produire aussi en chacun de nous. Nous aussi devons changer nos attitudes, nos regards, nos perceptions  envers ceux et celles qui ne sont pas des pratiquants, qui ne sont pas de notre foi, qui prennent dans les religions ce qui les intéressent et délaissent ce qui apparaît trop exigeant.

Nous qui nous sommes choqués par des comportements distants, nous qui souffrons de la non pratique religieuse de nos enfants; nous qui sommes désorientés par tous ces centres d‘achat qui offrent un éventail de « croyances », voilà que nous pouvons comme Jésus, être ébranlé par leurs convictions ou foi.  La petite merveille d’espérance, c’est que le retournement de Jésus appelle notre propre changement d’attitude. Jésus ne s’est pas converti au paganisme. Il a posé sur cette femme un regard qui dépassait ses propres convictions. Il y a aussi du bon en dehors des brebis d’Israël. Il y a aussi de bon chez ceux dont nous déplorons l’absence dans nos communautés chrétiennes. Le reconnaître n’est pas pour autant un abandon de nos certitudes et convictions personnelles.
 
Saint Paul nous l’a rappelé dans la 2e lecture, nous sommes, par grâce, ce peuple choisi pour offrir aujourd’hui le regard de miséricorde que Jésus vient d’offrir à cette femme. « Nous sommes la vie pour ceux qui étaient morts ! », comprendre que nous sommes la vie pour ceux qui nous semblent loin de Jésus-Christ parce que « la vie » disait saint Irénée au 2ième siècle « c’est la vision de Dieu », ce qu’il est.
 
À votre contemplation : ce que cette femme « étrangère » « païenne » nous dit – et nous en faisons chaque jour l’expérience et c’est ça la petite merveille de l’espérance - c’est qu’aucune rebuffade, aucun affront, aucun mépris, personne, ni même Dieu, ne peut nous écraser, nous anéantir, nous fouler, nous repousser, nous blesser, nous affecter, nous faire reculer, si, dans le fond de nos cœurs, au plus profond de nos cœurs,  nous demeurons confiants, nous demeurons persévérant, ferme dans la foi. Tout est possible à celui qui croit. « Va, ta foi t’a sauvée » a dit Jésus au centurion romain.  Oui, comme l’exprimait récemment Benoît XV1, l’ « urgence est de croire », de croire avec la confiance de cette femme.

Que cette eucharistie nous accorde la grâce- et quelle petite merveille que cette grâce!- d’offrir à notre monde comme nous l’a exprimé Paul dans la 2ième lecture, le même regard de miséricorde que Jésus porte sur chacun d’entre nous. « Vous avez obtenu miséricorde… pour qu’eux aussi ils obtiennent (par vous) miséricorde ». AMEN

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Date: 
Lundi, 1 septembre, 2008

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