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2011- A:Mc 10, 17-27- Lundi 8e semaine ordinaire- manifeste pour des chrétiens lucides

Année A: Lundi 8e semaine ORDINAIRE (lita08l.11)
Mc 10, 17-27 : manifeste pour des chrétiens lucides
  
                Nous avons eu droit chez nous, en octobre 2005, à un manifeste dit des lucides et signé par douze personnalités biens connues. Nous avons droit ce matin, à un autre manifeste aussi lucide que l'autre et que pourrait être signé autant par des athées ou agnostiques que par des sages de n'importe quelle religion. Ce manifeste que nous venons d'entendre est simplement de gros bon sens. Il est plein de cette sagesse dont la première lecture nous parlait tantôt en termes négatifs. Personne ne peut emporter dans la mort quelque bien que ce soit. Le jeune homme n'était pas satisfait de sa double richesse - avoir des biens et vivre en harmonie avec la loi hébraïque. Il désirait plus : avoir la vie éternelle.

               Jésus, toujours aussi désarmant, désorientant, «décapant» diraient les jeunes, invite à regarder ce que nous refusons de voir. Il propose, sans l'imposer, son manifeste lucide, sorte d'électrochoc qui, nous n'insistons pas assez là-dessus, a autant foudroyé le jeune homme que les disciples. Eux aussi étaient tristes, déconcertés, dit Marc. Ils n'en revenaient tout simplement pas de s'entendre dire qu'il leur fallait en plus d'avoir tout quitté - c'est déjà impossible - passer- ce qui est encore plus impossible- par le trou d'une aiguille pour être sauvé. Pour avoir la vie éternelle, demandait le jeune homme. Manifeste lucide parce que Jésus s'offre à voir sans le dire expressément dans cette réponse. Manifeste lucide, réponse lucide parce que pour Jésus, il ne s'agit pas d'avoir plusmais bien d’entrer, de faire sienne une sagesse nouvelle, une manière nouvelle de vivre.

               C'est un changement de regard que nous propose Jésus. Il devrait nourrir notre propre contemplation de ce chemin lucide.  Ce chemin, ce manifeste lucide, Benoît XVI le formulait autrement récemment en rencontrant des scientifiques. Il se posait la question: Pourquoi y-a-t-il quelque chose plutôt que rien ?

               Saintetés, que devons-nous faire pour mener une vie lucide, pour faire connaître le manifeste des chrétiens lucides? La réponse de Jésus: donne-tout et suis-moi. Dit autrement, fait comme moi qui de riche s'est fait pauvre (2 Co 8, 9). Devant ce geste, nous ne pouvons que dire oui, rien n'est impossible à Dieu.

               Le manifeste des lucides dont je parlais tantôt, en appelait à un modèle social, à une économie sociale où chacun cesse d'agir pour lui-même, de toujours vouloir plus pour porter attention aussi à l'autre qui a des droits. C'est le chemin lucide que nous propose Jésus. Une vie de disciple qui se limiterait à une quête de perfection ne conduit qu'à une autoglorification, comme l'exprimait le jeune homme. J'ai observé tout cela depuis ma jeunesse. Une telle manière de vivre ne fait pas advenir une terre neuve qui est ce pourquoi Jésus s'est manifesté à nous. Le Royaume de Dieu est parmi vous.

            En quelques mots, Jésus vient de souligner la spécificité du chemin de l’Évangile : la lucidité chrétienne ou si vous voulez, la sainteté, ne consiste pas à vivre d'une intériorité isolée des autres et de leurs besoins.  Elle exige tout au contraire d’entrer dans une réelle compassion envers tous ceux que le Seigneur met sur notre route. Dans sa première encyclique, Benoît XVI a des paroles vigoureuses : Si dans ma vie je néglige complètement l’attention à l’autre, désirant seulement être "pieux" et accomplir mes "devoirs religieux", alors même ma relation à Dieu se dessèche. Cette relation est seulement "correcte", mais sans amour. Seule ma disponibilité à aller à la rencontre du prochain, à lui témoigner de l’amour, me rend aussi sensible devant Dieu (Deus caritas est, 18).

Le paradoxe des lucides tel que Jésus nous le présente - et quelle sagesse il y a là-dedans - fait qu'en faisant don de nos richesses, de nos avoirs, de nos vies comme Mère Marie-Rose, Marie de l'Incarnation, Marguerite Bourgeois, nous connaissons la fécondité. Nous nous rendons capables de passer par ce trou d'une aiguille.
Ce trou d'une aiguille, cette porte étroite, porte de «peu d'importance» si nous respectons le texte grec, porte modeste, tellement ordinaire qu'elle passe inaperçue, c'est celle que nous franchissons au quotidien quand nous écoutons sa Parole, quand nous mangeons son Pain et buvons sa Présence. AMEN.

 

 

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Date: 
Jeudi, 1 septembre, 2011

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