2007-C- Lc 12, 22-31-Vendredi 28e semaine ordinaire- ne pas se faire du souci- Pierre d’Alcantara

Année C : Vendredi 28e semaine ordinaire (litco28v.07)
Lc 12, 22-31 ne pas se faire du souci- Pierre d’Alcantara
 
Pour nous redire ce matin la beauté d’une vie d’un vrai disciple de François, l’Église n’a pas choisi des textes « durs » : quitter son père, sa mère; renoncer à tout, porter la croix, mais plutôt un passage plein de douceur, dont la beauté émerveille : ne pas se faire de souci.  Sauf erreur de ma part, ce texte de Luc n’est cité nulle part ailleurs dans la liturgie. Il semble avoir été réservé pour souligner la vie d’un « d’un parfait imitateur de Jésus » (Thérèse d’Avila) que fut Pierre d’Alcantara. 

Nous connaissons bien sa manière de vivre, son austérité, « sa bienheureuse folie »  qui « m’a valu tant de gloire »  comme il l’exprimait après sa mort, à Thérèse d’Avila.  Nous connaissons bien son option de ne pas se soucier de sa vie, pour sa vie. On le traitait de fou tellement il a poussé à l’extrême sa vie d’abstinence. Mais ne passons pas à coté de l’essence même de son radicalisme évangélique : « connaître le Christ, communier aux souffrances de sa passion, en reproduisant en moi sa mort dans l’espoir de parvenir à ressusciter d’entre les morts » (1ière lect). N’oublions pas qu’il considérait « tout comme une perte à cause de ce bien qui dépasse tout : la connaissance de Jésus ». Sa vie ascétique n’avait qu’un but : ressembler à Jésus. Demeurer en Lui. Pour lui, l’abstinence de méchanceté était meilleure que celle de se priver de nourriture, de sommeil ou de se « couvrir de sacs et de cendres » (Is 58, 5).

Le maître-mot, sagesse de toute sa vie : ne pas se soucier à la manière des oiseaux du ciel qui ne font « ni semailles, ni moisson », qui ne possèdent « ni greniers, ni magasins ». Ne pas nous soucier parce que c’est   inefficace. « Qui de vous, à force de souci ».  Parce que c’est inutile : « votre Père sait ce dont vous avez besoin ». Parce que ça nous détourne de l’essentiel : « cherchez le Royaume de Dieu ».  Parce que se soucier nous fait sortir du Règne de Dieu pour habiter le Royaume de nos « moi ». Ne pas se soucier, Confiance ! Voilà la réponse de Pierre d’Alcantara pour ressembler à Jésus. Pour vivre le saint Évangile. Pour lui, la vie était plus que « boire, manger, jouir de l’existence » comme l’exprimait Jésus. Une seule chose lui était nécessaire, la meilleure part : « se perdre dans le ressuscité jusqu’à devenir rien (parce que) c’est le destin le plus beau » (Hadewijch d’Anvers, la béguine (X11i ième siècle).

Contemplatives, contemplatifs, si nous voulons moissonner des vrais fruits de sainteté, si nous voulons amasser des réserves pour notre vie spirituelle, le chemin que nous suggère ce disciple de François, est de nous enraciner tout entier dans une foi, une confiance inébranlable et fidèle en Jésus-Christ. L’enjeu est bien là : Nous avons besoin d’apprendre à ne pas nous soucier pour sortir d’une sorte d’enroulement sur soi, sur nos « moi », pour « remporter le prix auquel Dieu nous appelle » (Lect). Souvent nous sommes tellement préoccupés et anxieux au sujet des choses de ce monde que nous oublions de poursuivre la recherche de ce " trésor inépuisable (qui est) dans les cieux, là où le voleur n’approche pas, où la mite ne ronge pas." (Lc12, 33)


Ce qu’il nous faut réaliser : la mystique profonde que nous lègue Pierre d’Alcantara ne s’appuie pas sur des formules toute faites, mais sur cette expérience intime que Dieu nous accompagne quand nous lui remettons entièrement nos vies, nos soucis de toutes sortes. Dieu ne nous laissera jamais tomber. Quand nous savons que sa bienveillance, sa bonté sans limites, son amour de prédilection nous accompagnent et nous guident, alors de quoi aurions-nous peur? « Voyez le lis ». Pourquoi serions-nous inquiets pour un avenir qui ne dépend pas de nous? La fidélité de Dieu est notre unique appui. Et nous savons qu'elle ne nous fera jamais défaut.


À votre contemplation : ne plus se soucier de rien – « se vaincre soi-même » dirait François - ouvre sur l’audace de la confiance qui devient alors l’attitude la plus simple et la plus naturelle du monde. Ne plus se soucier parce qu’ici c’est votre vocation. Que l’oraison finale se réalise en nous : « nous t’en prions Dieu tout-puissant, accorde-nous de recueillir à notre tour les fruits que saint Pierre d’Alcantara retirait de ce banquet céleste. Amen


ACCUEIL « Bienheureuse folie » clamait Thérèse d’Avila en regardant la manière de vivre de Pierre d’Alcantara. Il ne nous est pas demandé de franchir le cap de cette folie d’une vie de pénitence. Il nous est demandé – c’est une autre folie – de ne pas nous soucier de notre vie

 

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Samedi, 1 septembre, 2007

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