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2005 - A-Lc 10,13-16 - Vendredi 26e semaine ordinaire Corazine et de Bethsaïde

Année A- Vendredi de la 26ième semaine ordinaire (litao26v.05)
Luc 10,13-16    Corazine et de Bethsaïde
 
  « Celui qui vous écoute m’écoute ».  Écouter ne sera jamais une mince affaire. Jésus lui-même confirme cela : « Prenez garde à votre manière d’écouter » (Lc 8,18). C’est un véritable combat. « Prépare-toi au combat comme un brave » (1re lecture). C’est une lutte jamais accomplie. Pas facile d’écouter quand nos cœurs, nos pensées débordent de milliers de choses. Cela requiert - et c’est une pure grâce - de faire le vide, de devenir sourd, muet et aveugle à nos « nous-mêmes ».  L’écoute ne va pas sans une certaine mort, sans délaisser ce cadre narcissique qui marque nos vies.

Deuxième difficulté : pas facile d’écouter quand le messager ne parle pas « comme une Parole de Dieu »,  ne vit pas comme une Parole de Dieu. Quand le messager, vient de nous dire la 1re lecture, « défigure la Providence » (Job 38,2) en ne portant son regard – et c’est cela qui se dégage de la conversation ente Job et Dieu- que sur le visible, le temporel, les choses d’en bas. Mais Job a refusé de tempêter contre Dieu qui lui arrachait tous ses biens. Il n’a pas défiguré Dieu.

Troisième difficulté : Pas facile d’écouter et d’être écouté quand  « nous demandons tout au client » exprimait le Cardinal Vingt-trois à Budapest en 2006 lors d’un congrès sur l’Évangélisation des grandes villes. Une certaine publicité en Europe dit : « si vous pensez au prix, vous n’êtes pas notre cible préférée ». Traduit en langage évangélique : «  si vous n’êtes pas prêt à tout quitter, vous n’êtes pas la cible préférée de l’Évangile ».

Cette page, où Luc décrit l’accueil des habitants de Corazine et de Bethsaïde et qui suit l’envoie des 72 disciples deux par deux, est très actuelle.  Comme les habitants de ces villes plusieurs fois visitées par Jésus, nous prétextons le manque de miracles, le manque de gestes d’éclat pour ne pas croire. Nous nous arrêtons sur la faiblesse des messagers, voire leur trahison. Nos regards s’attardent sur des signes extérieurs. Des condamnations extérieures. Nous ne savons plus voir qu’en chaque personne, en chaque envoyé, qu’en chaque terre rocailleuse ou asséchée, Dieu a ensemencé avec générosité, une graine de sainteté. C’est ce qu’exprime la parabole du semeur dont nous avons entendu la lecture ces derniers jours.

Saintes femmes, les risques de faire ombrage à la Parole sont nombreux. Ils viennent de nous. Ils viennent aussi du messager. Pour écouter, pour accueillir l’Évangile, il faut nous questionner sur ce que nous mettons à la première place dans nos vies.  À qui appartenons-nous?  A quelle cité appartenons-nous?  Celle de la terre ou celle de ciel ? Portons-nous plus attention au messager ou à son message? Désirons-nous plus les choses d’en bas que celles d’en haut ?

Il n’y a pas de tâche plus belle que celle d’être « envoyés »  pour annoncer Jésus dans « toutes les villes ou villages ».  ll n’y a pas de ministère plus prestigieux que celui d’aller « deux par deux » pour ne pas nous concurrencer mutuellement, pour ne pas être compétitif, mais pour montrer la faisabilité de vivre ensemble, la faisabilité d’ériger une terre neuve, une terre ensemencée par l’Évangile.

Mais ce qui est admirable dans ce passage, c’est que Jésus prévient ses disciples, - et quelle délicatesse! – qu’ils auront à affronter comme Lui, le mystère de la liberté. Les miracles accomplis, l'enthousiasme des messagers ne forceront jamais l’adhésion au Christ. Ce mystère fait notre dignité. Elle dit la noblesse de Dieu de ne pas s’imposer aussi.  C’est librement que nous choisissons de sortir de nos « Égypte » (Ex), de nos terres d’exode en dehors de nous-mêmes, pour entrer dans une terre neuve, le pays que je t’indiquerai. C’est librement, pour citer une thèse récente de Marcel Gauchet, que « nous sortons de la religion pour entrer dans la foi ».

À votre contemplation : si nos voix n’arrivent pas à pénétrer dans les Bethsaïde ou Corazine de notre monde, ce n’est pas parce que ses habitants ne veulent pas de nous. C’est parce que nous ne croyons pas assez que notre trésor peut les rendre heureux. Parce que nous ne croyons pas assez que l’Esprit saint travaille déjà les cœurs et les prépare timidement, presque en cachette comme Nicodème, à connaître le Père. Parce que nous ne saisissons pas clairement que notre enthousiasme est une semence qui peut infiltrer les cœurs à premières vues de pierres ou fermés à l’Évangile. Une eucharistie pour nous aider à ne pas atténuer la radicalité de l’Évangile. AMEN.

Évangile: 
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Date: 
Samedi, 1 octobre, 2005

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