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Quinzième dimanche du Temps ordinaire (Litco15d.10)
Luc 10, 25-37 : le bon samaritain

Dans son encyclique Sauvés en espérance, Benoît XVI résume cette belle et émouvante parabole que nous venons d’entendre en disant que l’amour de Dieu se révèle dans notre responsabilité envers autrui (# 28). Désormais, dit Dieu à Catherine de Sienne dans l’une de ses visions mystiques, tu marcheras sur tes deux pieds.  Et elle comprit que ne c’est pas suffisant de consacrer toute sa vie à Dieu, de l’aimer de tout son cœur si elle négligeait la situation conflictuelle de son époque, vivait en ne voyant pas les détresses autour d’elle. En n’y répondant pas non plus.

En ce matin d’été, devant nos yeux une règle d’or et en or se présente à nous pour nous mériter la vie même de Dieu : faire nôtre cette attitude du Samaritain, un étranger, un mal aimé, un païen dont la classe sociale bien pensante portait sur lui un jugement sévère. Quelle est cette attitude ? C’est un cœur qui voit, où la compassion est nécessaire et qui agit en conséquence (Dieu est amour, # 31).

Inutile de bien parler de Dieu, inutile, comme l’exprimait l’évangile dimanche dernier, d’accepter d’aller deux par Dieu sur les routes du monde, inutile de connaître la loi du Seigneur par cœur, d’écouter la voix du Seigneur,  si nous ne mettons pas en pratique cette règle d’or de faire aux autres ce que nous aimerions qu’on nous fasse. Inutile de nous déclarer «pratiquants» si nous ne vivons pas ce que nous déclarons en paroles. Votre foi, dit la règle musulmane, ne sera parfaite à moins que vous ne fassiez à d’autres ce que vous souhaiteriez qu’on vous fasse.  En parlant du lévite et du prêtre, du croyant qui ont passé outre, l’abbé Pierre dit : prenez garde de devenir des propriétaires d’une image de Dieu qui n’est qu’une caricature! 

La question du docteur de la loi, qui est donc est mon prochain,  peut vouloir dire qui dois-je aimer? Dans l’esprit du docteur de la loi, et Jésus fait allusion à cela en nous présentant le comportement du prêtre et du lévite, il y a des personnes à aimer et d’autres à ne pas aimer. Cet homme à demi-mort n’était pas des leurs.  La question laisse aussi entendre que le prochain n’est pas l’homme blessé sur la route, mais c’est moi qui passe près de lui. Il ne s’agit plus alors de nous demander qui devons-nous aimer, aider, mais avons-nous un cœur capable d’avoir pitié, capable de compassion pour les blessés, capable non pas de bonnes intentions seulement, mais capable d’agir pour eux ?

Que veux nous dire Jésus par cette parabole en réponse à la question posée ?  En nous présentant un samaritain, un schismatique, un infidèle, un païen, un impur qui ne met jamais les pieds dans le Temple, Jésus exprime que ce ne sont pas les rites et les observances qui sauvent, c’est la compassion, le souci des autres. Jésus fait d’un «non-pratiquant» de la loi, celui qui «pratique», accomplit la loi. Autre manière subtile pour nous dire que ce samaritain, c’est Lui, la pierre angulaire rejetée des siens.

Jésus nous invite à voir qu’autour de nous, il y a tant de dons de soi que nous ne voyons pas. Tant d’implications pour une plus grande justice sociale. Ces gens-là sont aussi de vrais «prochains» même s’ils n’ont pas été touchés par la grâce de savoir qu’ils agissent comme Jésus.  L’Abbé Pierre a écrit : j’ai la main de Dieu dans ma main dans la mesure où j’ai mis mon autre main dans la main des pauvres.  L’amour doit se mettre dans les actesplus que dans les paroles (Ignace de Loyola). Ces «prochains-là», ceux qui vont vers les blessés et ceux qui les laissent venir à eux, sont des évangiles vivants, des visages de Jésus pour nous, des visages de l’Amour. Aimer c’est «prendre soin», c’est «faire».

Va et fais de même. Cette charité active, je vous la confie. Faîtes-en votre programme de vie. Je rêvais que la vie était joie, dit le poète indien Tagore, je découvris que la vie était service. Je me suis mis à servir et j’ai compris que le service est JOIE ! AMEN.