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2013 - C : Frère André :il a choisi des illettrés -Mtt 11,25-

Année C : Lundi temps de Noël (litcn02l.13)
Matthieu 11, 25-30 : il a choisi des illettrés : Frère André

Nous venons d'entendre la description d'une nouvelle manière d'être humain: être doux et humble de cœur, être plein de compassion; mener une vie dépossédée de tout joug, de repos en lui. Une page-appel à nous habituer à être complètement humain. C'est humain, dans notre nature profonde, de vivre en Dieu tant Dieu est notre être. Dieu est en toi, disait le prophète Sophonie (3,14-18), c'est lui [...] qui apporte le salut. Il aura en toi sa joie et son allégresse, il te renouvellera […] il dansera pour toi avec des cris de joie [...]j'ai écarté de toi le malheur.

Seul un regard contemplatif sur cette belle manière d'être humain, sur ce beau retournement , qui est au cœur et au centre de toute vie religieuse comme de tout projet chrétien, peut abattre cette tendance à prioriser nos besoins plutôt que de nous maintenir en état d'éveil aux autres. En état d'éveil à Dieu. En état d'éveil à sa présence en nous et à sa manière de vivre comme lui.

Avec cette page, nous ne sommes plus dans la casuistique et ses calculs pour accroître ce moi qui est loin de perdre son statut de désordre affectif (Le Devoir, 14 décembre 2011). Cette page nous offre même le pouvoir de reconstruire la communauté humaine, de la recréer en pratiquant l'hospitalité (Pi 4, 8). Elle nous met en marche pour faire surgir, resurgir ici et là, aujourd'hui même, un monde divin, celui que nous demandons et désirons tous les jours. Que ton règne vienne. Cela a été révélé aux tout-petits.

Pour changer une culture de la vie toute centrée sur ce désordre affectif d'un moi qui repousse chaque jour les frontières de l'éveil aux autres, il faut mener une vie d'hospitalité, d'accueil qui se rapproche de celle du frère André dont nous faisons mémoire aujourd'hui. Nous avons en nous des capacités inouïes d'inviter, comme cet humble frère d'ici, à avoir confiance à Dieu, à lui confier nos jougs pour qu'il s'empresse à les transformer un joug léger.

Avec Jésus, et la vie du frère André nous le confirme, nous voyons la gloire d'une vie donnée. Nous percevons l'existence d'un autre chemin, retournez chez vous par un autre chemin, que celui de nous emmurer dans une recherche d'autoprotection, d'auto-immunition contre l'existence de l'autre. Le frère André a mené une vie, doux et humble de cœur, et ouverte aux autres. Comme Jésus, il s'est invité aux tables des maganés, il est descendu jusque tard dans la nuit, chez les Zachée de son temps. Il est allé à la rencontre des brebis égarées, souffrantes, écrasées par tant de calamités et qu'il a portées sur ses fragiles épaules. Il n'avait aucune existence pour lui-même et en ce sens «désobéissait» à ses supérieurs qui voulaient qu'il prenne soin de lui. Avec peu d'instruction, mais avec une foi qui l'a transporté sur la montagne en face de sa résidence, il a été un grand évangélisateur. Ce  don de la foi, de la confiance en Dieu par l'entremise de Joseph, il l'a mis au service des autres (première lecture).

En ce temps de Noël, que devons-nous faire pour laisser naître en nous ces aspirations de douceur, d'effacement de soi qui résonnent dans tout cet évangile ? C'est la question du jeune homme riche à Jésus (cf. Mt 19, 22). C'est la question de Paul sur la route de Damas (cf. Ac 9, 3). C'est la question de la foule à Jean-Baptiste (cf. Lc 3, 10-18). Benoît XVI y apportait sa réponse dans son allocution dominicaledu 16 décembre dernier : l’accomplissement honnête de son devoir. Cela signifie, précise le Pape, être attentif à l'autre, [aller] au-devant de ses besoins au lieu de trouver des justifications pour défendre ses propres intérêts. Le philosophe Levinas y répond à sa manière quand il dit que la civilisation commence quand tu donnes la priorité à l’autre sur toi-même.

Tout au long cette page, Jésus libère en nous une humanité toujours à créer et recréer. Il nous montre en son Père un Dieu surprenant, doux et humble, unDieu humain que l'on peut toucher en le touchant, le Verbe s'est fait chair. Inadmissible pour beaucoup. Vivre en donnant à l'autre un droit d'existence n'est pas un joug mais une libération de nous-mêmes. Noël fait advenir en nous dans tout le sens du terme, des personnes nouvelles, nées de Dieu. AMEN.

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Mardi, 1 janvier, 2013

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