2013 - C-Lc 10-1-9:- Dimanche 14e semaine ordinaire - voyager léger
Année C: Dimanche 14e semaine ordinaire (litco14d.13)
Luc 10-1-9: voyager léger
Ce qui fascine tant chez l'évêque de Rome, ce qui attire l'attention du monde entier, ce qui soulève les foules, c'est sa grande simplicité. Il ne s'enfarge pas dans le décorum. Il n'est pas compliqué et ne se complique pas la vie non-plu. Dès sa première apparition au balcon en soutane blanche, sans la traditionnelle mozette rouge sur les épaules, il a séduit le monde entier en se présentant non comme pape élu, mais come l'évêque de Rome, venu du Sud, et en demandant d'être d'abord béni par la foule avant de donner sa première bénédiction. Depuis, certains disent que nous sommes en présence d'une révolution de velours.
Cette manière de vivre qui fascine tant, l'évangile nous la décrit dans des mots différents ce matin: Ne vous procurez pas de l’or, ni de l’argent, dans votre ceinture. Ça signifie voyager léger. Quand on revient de voyage, on se dit toujours: on a apporté trop de choses inutiles. Un appel à nous demander ce qui est nécessaire et ce qui est superflu dans nos vies. Ce qui rend heureux, ce sont souvent les petites choses bien simples de la vie. Ce n’est pas fastueux, c'est simple, mais ça rend heureux.L'apôtre Paul enfonce le clou davantage en précisant que ce qui compte, ce qui est important, ce n'est pas d'avoir des richesses ou pas, c'est l'émerveillent d'être création nouvelle. Dans l'Évangile, le contraire de la pauvreté n'est pas la richesse, mais la plénitude de sens.
La logique du monde nous pousse vers le succès, le pouvoir, l’argent. La logique d'une vie chrétienne, d'une vie en forme d'évangile, pour citer François d'Assise, d'une vie pleine effervescence de nouveauté selon l'évangile, c'est la simplicité. Vivre sans superflu. S'adressant aux évêques de son diocèse de Rome le 23 mai dernier, François leur disait dans un langage franc, direct, non diplomatique que nous aussi nous laissons séduire [...] par les flatteries liées à l’argent et les compromis avec l’esprit du monde. [Nous sommes] plus préoccupés de nous-mêmes, de l'organisation et des structures [de nos diocèses] que du vrai peuple de Dieu [...] On court alors le risque comme l'apôtre Pierre, de renier le Seigneur.
Nous sommes des envoyés pour annoncer la beauté d'une vie désencombrée de tout superflu. La beauté d'une vie plein de sens, qui fait sens. En nous demeure Quelqu'un dont la manière de vivre fait sens. Nous sommes des créatures "créées" en direction d'une plénitude de sens et non en direction d'un comportement psychotique, celui d'acheter ce dont nous n'avons pas besoin. Nous sommes des envoyés pour devenir une "nouvelle sorte" de monde, du " nouveau monde", des" créatures nouvelles", devenir du monde "plein de Sens", "plein de Sagesse".
Quand nous voulons faire une Église riche, déclarait François dans une homélie récente (11 juin), l’Église vieillit, il n’y a plus de vie. [Quand] l'évangile est annoncé avec simplicité et gratuité, le témoignage de pauvreté nous empêche de devenir de simples gestionnaires. L'Église n'est pas une ONG. C'est quelque chose de plus important, de plus essentiel. La simplicité laisse de la place à la parole de Dieu. Elle fait reposer notre confiance sur Dieu et non sur ce que nous avons. Le luxe est un ver qui ronge nos coeurs. Il risque de servir notre ego. Mère Emmanuelle au terme de sa vie disait que le fait d'avoir renoncé aux choses inutiles rend tout bonnement heureux.
La simplicité, n'apportez aucun surplus ni sandale de rechange, est l'habit de la perfection chrétienne. C'est la vraie richesse à posséder que mite et rouille (Mt 6,19) n'attaqueront jamais. Un auteur américain de 19e siècle, Henry David Thoreau, un grand écologiste disait que nos vies sont gaspillées par les détails : simplifiez, simplifiez.
Lorsque nous agissons sans laisser place à la simplicité, la parole de Dieu, l'évangile perd de son efficacité. Ce qui fascine dans la vie de Jésus, c'est justement sa manière de vivre sans richesse. Je te rends grâce Père d'avoir caché cela aux puissants de ce monde. Jésus n'est que louange. Pour donner de l'efficacité, du mordant à la parole de Dieu, pour qu'elle soit semée en bonne terre, la seule richesse est celle de faire confiance à l'agir de Dieu en nous.
Comme Église, nous vivons des temps nouveaux, des temps de remise en question, mais ce sont des temps propice à annoncer Jésus autrement. Cet «autrement» passe par la simplicité de nos paroles, de nos gestes, de nos structures. Paradoxalement, un Église comme la nôtre, qui a perdu de sa toute-puissance d'hier, est une Église qui ouvre sur la beauté de comportements simples pour annoncer Jésus. Cette beauté commence à l'intérieur de nous. C'est à cette urgence que nous appelle le choix récent de François pour clamer que le règne de Dieu est tout proche de vous. AMEN.