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2013 -C: Lc 12 13-21 Dimanche 18e semaine ordinaire -: altruisme plutôt qu’avidité

Année C: 18e dimanche ordinaire (litco18d.13)
Luc 12 13-21 : altruisme plutôt qu’avidité

Gardez-vous bien de toute âpreté au gain !  Voilà une phrase qui n'a rien perdu de son actualité !  Dans l'ordre de l'avoir - et la commission Charbonneau nous le confirme -  notre désir est sans limite. Ce n'est pas nouveau. C'est le péché mignon, la maladie mortelle de toutes les époques.  L'argent est devenu fou. L'avidité des actionnaires est sans limite.  En nous, il y a cette maladie mortelle de la possession, du toujours plus. Pourtant l'abondance rend malheureux, que vais-je faire ? Nous sommes plus possédés par le désir d'avoir toujours plus que ce que nous [en] possédons (Imitation de J-C, livre III, chap. 31).

Déjà, en 1955, un économiste français, François Perroux, écrivait que lorsque le haut fonctionnaire, le surveillant de chantier, le magistrat, l'ingénieur, l’artiste, sont dominés par cet esprit du gain, la société croule et toute forme d’économie est menacée. En 1914, Charles Péguy affirmait que pour la première fois dans l’histoire du monde l’argent est maître sans limitation ni mesure. Pour la première fois dans l’histoire du monde l’argent est seul en face de l’esprit. Pour la première fois dans l’histoire du monde l’argent est seul devant Dieu. […]  

Le pape François observe qu'aujourd'hui la personne ne compte pas, c'est l'argent qui compte. La personne est en crise parce qu'elle est esclave de l'argent. Dans son homélie de la Pentecôte, il avait cette réflexion: Si les investissements calent dans les banques, tout le monde s'inquiète, mais si des gens n'ont rien à manger, personne ne bouge. Un clochard mort de froid n'est plus une nouvelle. C'est grave pourtant. Nous ne pouvons pas rester inertes. Nous sommes devant une culture de mise à l'écart alors que le chrétien doit favoriser une culture du partage, de la rencontre. La vraie richesse est dans la relation et non dans ce que nous possédons.

À travers cette parabole très actuelle de celui qui veut agrandir ses greniers, ses avoirs, le scandale de la vanité (première lecture), il faut faire entendre l'opposition humaine et chrétienne de cette «mode tendance» et dire avec force : avoir «toujours plus» non ; avoir «toujours moins» de solidarité, non. La fraternité, la solidarité n'est pas une option, c'est une nécessité.Au synode 2012, Mgr Lapierre déclarait que la crise économique actuelle nous fait découvrir comment l'avarice et la cupidité ont brisé des liens de sens [...] Elle montre en acte l'urgence de développer une culture de la solidarité.

La solidarité, celle que l'on observe quand une tragédie se produit, ne doit pas seulement être une machine d'organisation efficace, (Benoît XVI), elle implique une passion pour l'autre, un souci de rendre aux moins nantis un minimum de sécurité et de bien-être. C'est un élément incontournable de la chartre de l'identité chrétienne. Personne n'est trop pauvre pour n'avoir rien à partager. Il y a autour de nous un envoûtement pour bien se protéger qui conduit à la dérive de l'individualisme.

Songeons à la création en 1976 de la banque microcrédit qui valut à son fondateur Muhammad Yunus le prix Nobel de la paix en 2006. Il a créé une banque des pauvres qui dispose de près de 1 400 succursales et travaille dans plus de 50 000 villages. Depuis sa création, elle a déboursé 4,69 milliards de dollars de prêts et affiche des taux de remboursement de près de 99 %. C'est la réponse aujourd'hui à cette mode tendance si répandue.

Cette parabole fait surgir une question bouleversante, terrible: sommes-nous capables d'être bien au-delà de ce que nous possédons, au-delà des événements que nous subissons ? Elle pose notre regard sur une autre perspective que l'avoir plus. Jésus a brisé la spirale du désir de la possession pour l'orienter vers un autre désir. Jésus replace, dirions-nous, les pendules à l'heure. En nous, il y a un autre désir que celui qui est pure vanité. Et voilà qu'il doit laisser son bien à quelqu'un qui ne sait donner aucune pleine (Ecc 2, 21). Ignace d'Antioche, sur la route de son martyr, écrit : mon désir terrestre a été crucifié et il n'y a plus en moi de feu pour aimer la matière mais une eau vive (Jn 7, 38) qui murmure et chuchote à mon cœur: viens auprès du Père.   

Quand Paul écrit aux Colossiens, vous êtes ressuscités avec le Christ, regardez les réalités d'en haut, il ne veut pas dire de ne pas nous soucier de notre quotidien, mais de désirer plus que notre quotidien. Il était ce Paul, tellement convaincu que nous sommes par notre nature profonde, notre être profond des «désireux» de Dieu, qu'il écrit ailleurs : pour moi ce qui importe, c'est Jésus-Christ, le reste n'a pas d'importance. Une eucharistie pour faire un pas d'oie pour accroître en nous cette priorité des priorités qu'est Jésus-Christ pour nous.  AMEN.

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Date: 
Dimanche, 1 septembre, 2013

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