2025-C- Jn 3, 13-17 - croix glorieuse- entrons dans la sagesse de Jésus
Année C : dimanche de la 24e semaine ORDINAIRE(litco24d.25)
Jn 3, 13-17 : entrons dans la sagesse de Dieu.
Que célébrons-nous ce matin ? Une croix glorieuse ou une vie glorieuse ? Célébrons-nous la souffrance horrible de Jésus ou la beauté de son souci de nous sauver des injustices humaines par la promotion de l’amour ? Il nous a tellement aimés. Ce n’est pas la croix qui nous sauve. Ce n’est pas la souffrance d’un homme que nous soulignons, c’est l’exaltation d’un chemin pour bien vivre, d’une vie offerte pour sortir l’injustice de nos vies. La paix se trouve en nous et entre nous quand nous prenons ce chemin.
Nous célébrons une sortie de l’homme ancien à l’homme nouveau (Col 3, 10), une libération, une déconnexion de l’esclavage de l’ego pour accéder à la plénitude de la vie.
L roix n’est pas le bibelot que nous portons au cou, que l’on accroche sur le haut de la porte d’entrée. Elle n’est pas uncoup théâtral pour passer à l’histoire. Elle est une « naissance ». Il fait naître d’en haut. Elle dessine le projet de Jésus pour l’humanité, trace une nouvelle direction, une nouvelle voie, une nouvelle logique, celle de nous détacher de nous-mêmes, de nous libérer d’une vie repliée comme la femme courbée qui ne voyait qu’à terre (Lc 13, 11).
Son regard d’amour sur nous, le regard de son Père sur nous, nous fait naître d’en haut, comme il l’exprime à Nicodème (Jn 3). Sa manière de vivre pour les autres fait sortir le nouvel homme de la coquille du vieil homme. Elle indique que le « service par en bas » est autre chose qu’écrasement. Autre chose que défaite.
La croix, une manière folle de vivre : viens vivre avec moi un grand projet, celui de ne pas gâcher sa vie, mais de l’orienter pour en faire un chef-d’œuvre. Il s’est vidé de lui-même. Jésus nous demande de réaliser une seule œuvre d’art, possible à tous, ne pas gaspiller sa vie. Notre vie serait inhumaine si elle ignorait l’abaissement. La croix est un vaste projet de décentrage contre l’invasion du moi (Thérèse d’Ávila), contre une mentalité du chacun pour soi. Cet appel est radical. Abrupt. À risquer notre confort pour l’aventure de l’amour. Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple (Lc 14, 27) ; celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple (v. 33).
Jésus est le plus grand éducateur de l’histoire sur la manière de vivre. Le tout est accompli, ce n’est pas un cri de douleur, mais le commencement d’un long cheminement, d’un long processus de changement. Pier Georgio et Carlos Acutis ont pris ce chemin.
Comment faire un chef-d’œuvre de nos vies ? en ayant en nous les mêmes dispositions qui sont dans le Christ (Ph 2,5). Une vie glorieuse est de cesser d’être des Caïn, des tueurs des autres. Qu‘as-tu fait de ton frère (Gn 4, 10) ?
Par elle, écrit E. Wiesel, la douleur se transforme en amour, la mort en vie, la désillusion en espérance, l’abandon en communion, la distance en unité. Le contraire de l'amour n'est pas la haine, c'est l'indifférence [...], le contraire de la vie n'est pas la mort, mais l'indifférence à la vie ou à la mort (E. Wiesel)[1].
Ce matin, en soulignant l’exaltation de la Croix, entrons dans la sagesse de Dieu que Paul présente comme folie d’un autre pouvoir que celui de l’amour de la domination. C’est l’amour à son meilleur, celui de relever les abattus par l’injustice humaine. C’est la signature de Jésus pour réussir sa vie.
Cette fête représente une méditation profonde sur notre vision de monde. Du point de vue humain, c’est un échec. Elle est la révélation d’une manière de vivre qui ouvre les portes sur le message central de Jésus, l’arrivée d’une terre fraternelle, juste, inclusive qu’il appelle son royaume.
Impossible de mener une vie chrétienne sans avoir les bras ouverts vers Dieu et vers les autres. La fraternité se bâtit en refusant le chemin d’œil pour œil, de la loi du plus fort. La croix est un pont qui nous fait traverser la muraille des divisions qui nous sépare de Dieu et des autres. Cela s’appelle mener une vie glorieuse. AMEN.