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2023-A-Mt 22,1-14- dimanche de la 28e semaine ORDINAIRE-personne n'est exclue

Année A : Dimanche de la 28e semaine ORDINAIRE (LITAO28D.23

 Mt 22,1-14 : Personne n’est inutile      

Quand j’entends cette parabole des invités aux noces, je comprends mieux la préférence de Jésus pour des invités spéciaux. S’il y a de moins en moins de pratique de la religion, s’il y a crise d’invités pour différentes raisons, Dieu, lui, n’est pas en mode résolution de crise. Il utilise ce refus des invités pour manifester son parti-pris, son amour préférentiel pour les sans-logis, les déracinés de leur terre ancestrale, les mourants de dignité méprisée, piétinée.

Ces noces aux invités spéciaux obligent à changer nos regards sur la crise actuelle des participants aux célébrations religieuses. La crise signe la fin de la chrétienté où tout était fondé sur une civilisation chrétienne qui n’existe plus, mais ne signifie pas la fin du christianisme[1]. Il ne s’agit pas d’une catastrophe, mais de la manifestation du rêve de Dieu de n’exclure personne, même celles vivant à la croisée des chemins.

L’avenir à bâtir est celui de rêver de noces non réservées aux gens d’une chrétienté qui n’existe plus ni d’une ouverture à des gens vivant dans le train de la modernité. Il s’agit de « nocer » avec tout le monde, sans égards à leur culture, la couleur de leur peau, leur origine ethnique. Ces invités spéciaux décomposent le moi humain pour créer un nouveau nous (Benoît XV1). Ils orientent nos regards sur un « ailleurs », nous évitent d’imploser plutôt qu’exploser[2], de vivre en mode d’ouverture aux autres plutôt qu’en mode recroquevillé sur son petit monde.

Cette parabole indique le refus de Jésus d’attraper cette maladie infectieuse qui nous affecte, celle de « nocer » qu’avec nos proches, nos amis. Jésus « noce » avec tout le monde, incluant ceux qui sont sur le bord de la clandestinité. Son invitation offre une solution à la crise du logement spirituel actuel, au terrible sans-abrisme spirituel (Père Radcliffe). Elle donne naissance à la création de foyers d’accueil à une multitude de personnes en besoin de fraternité humaine, toujours en projet de réalisation.

Dans la cérémonie d’accueil au Portugal et il vient de répéter cela dans l’homélie ouvrant le synode, le pape déclarait qu’il y a de la place pour tout le monde dans l'Église, pour tout le monde ! Personne n'est inutile, personne n'est superflu, il y a de la place pour tout le monde. Tel que nous sommes, tout le monde. Et Jésus le dit clairement quand il envoie les apôtres inviter au banquet de cet homme qui l’avait préparé, il dit : "Allez chercher tout le monde, jeune et vieux, bien portant et malade, juste et pécheur : tous, tous, tous". Dans l'Église, il y a de la place pour tous[3]. Ces tous, ce sont tous ces quelconques, ceux qui par notre attitude, se sentent des exclus par Dieu.

Pour certains, ce pour tous est ressentie comme destructrice de l'identité de l'Église. Pour d'autres, c’est le cœur de l'identité de l'Église. En ouverture de la 3e session du synode, le rapporteur, le cardinal Jean-Claude Hollerich, reconnaissait que faire de la place pour tous dérange, menace l’identité chrétienne. Si nous nous comportons comme Jésus, nous témoignerons de l'amour de Dieu pour le monde. Si nous ne le faisons pas, nous ressemblerons à un club identitaire[4]. Il posait cette question aux membres du synode : sommes-nous prêts à faire de même avec des groupes dont nous pourrions nous sentir irrités parce que leur façon d’être semble menacer notre identité ?

C’est une vieille question qui remonte à l’affrontement très personnel et dur entre Paul et Pierre pour savoir si le message de Jésus est destiné uniquement au peuple d’Israël ou à tous les peuples, aux juifs convertis ou aux païens (Ac 15, 7-11). La position de Paul fut retenue. Je leur exposai l'Évangile que je prêche parmi les païens […] afin de ne pas courir ou avoir couru en vain (Ga 2,1). Question, comment se demande la religieuse colombienne qui a droit de vote au synode, agir pour que l’Église devienne une table familiale ?

Je conclus par ces mots de la poétesse Maya Angelou, que citait le père Radcliffe au dernier jour de la retraite préparatoire au synode : le courage est la plus importante de toutes les vertus parce que sans courage, on ne peut pas pratiquer les autres vertus de manière cohérente. Prions pour que ce courage d’aller de l’avant, vers la mort et la résurrection, nous habite comme chrétiens, comme Église. Amen

 

[1] Chantal Delsol, La fin de la chrétienté, éditions du Cerf, 2023  

[2] Danièle Hervieu Léger et Jean Louis Schlegel Vers l’implosion : entretiens sur le présent et l’avenir des catholiques, éditions Le Seuil, 2022

 

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Date: 
Vendredi, 13 octobre, 2023

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