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2021-B-Lc 18, 1-8 - samedi de la 32e semaine du temps ORDINAIRE- regarder en avant

Année B- samedi de la 32e semaine ordinaire (litbo32s.21) 

Lc 18, 1-8 ; Sg 18, 14-16 ; 19, 6-9 :  regarder en avant. 

Comprenons bien. Il ne s’agit pas ici d’une tentative pour amener Dieu à faire nos volontés. Combien de personnes disent ne plus croire en Dieu parce qu’il ne leur a pas accordé ce qu’elles demandent. Une telle perception du sens de la prière entraine une fausse image de Dieu, celle de quelqu’un qui détient les clés de tous nos problèmes. Dieu ne s’achète pas et nos cris ne sont pas des moyens pour faire plier Dieu. Le risque est réel de comprendre cette parabole à l’envers. Elle pose la question de notre image de Dieu. Mal comprise, cette parabole nous déresponsabilise.

Cette parabole nous place devant l’image qu’on se fait de Dieu. Nous avons été éduqués à un Dieu lointain que l’on pouvait amadouer par des pratiques rituelles, d’observances et d’obligations. Faire sa prière était plus important qu’être en prière. Aller à la messe plus important que de s’arrêter comme le Samaritain pour secourir les blessés de la vie.  Bref, nous avons été éduqués à une religion du « bien faire », du paraître. Un certain pharisaïsme nous habitait. 

Cette parabole parle du courage de Jésus de nous présenter un Dieu à l’envers du juge hautain qui souffre d’une oreille incirconcise (Jr 6, 10), qui porte plus attention à l’homme au vêtement rutilant, portant bague en or [qu’au] pauvre au vêtement sale (Cf. Jc. 2, 1-5). Aujourd’hui, ce juge sans justice pourrait poursuivre cette femme pour harcèlement moral, il gagnerait sa cause. Entre ce juge corrompu, mafieux, qui n’a d’autres intérêts que ses propres intérêts et la veuve, il n’y a aucun contact humain. S’il finit par lui répondre, ce n’est non par sens du devoir, non par sens de la justice, encore moins par amour, mais pour avoir la paix, pour qu'elle cesse enfin de l'importuner.

Ce qui est à l’envers, c’est le Dieu que nous présente Jésus. C’est un Père affable qui délaisse les sièges d’honneur, qui sort de son monde, de ses intérêts, pour celui de s’occuper des autres. Ce Dieu-Père, si on lit entre les lignes la parabole, ne rend pas nécessairement la vie facile aux priants. Elle laisse à entendre que le Père prend son temps, qu’il se laisse désirer jusqu’à donner l’impression qu’il n’écoute pas, surtout si nous transformons notre prière en requête non négociable.

Sa lenteur à répondre n’est qu’un signe de sa volonté de ne pas prendre notre place, respectant notre capacité de croire même lorsque rien ne semble plus être possible. La prière n’est pas une pétition à un Dieu tout-puissant pour qu’il accomplisse à notre place ce que nous ne voulons ou ne pouvons pas faire par nous-mêmes. Elle n’est pas une information à Dieu sur mes besoins, il sait ce que nous vivons. Avons-nous cette sagesse de comprendre que nos chemins ne sont pas nécessairement ceux de Dieu ?

Cette parabole nous responsabilise. Elle suggère un double déplacement : de ne pas concevoir Dieu comme un père Noël et de passer d’une prière-requête non négociable à une prière qui refuse de manipuler Dieu, de le faire plier de notre côté. Combien de fois demandons-nous à Dieu d’intervenir à notre place ?  Sur la croix, Jésus a constaté dans un cri de douleur que Dieu l’avait abandonné.

Si notre foi en Dieu est authentique, si elle est comme la foi de Jésus, faite d’abandon et de confiance, alors nous comprendrons que la prière n’est pas une baguette magique. Elle est un dialogue avec le Seigneur à la manière de la veuve qui sans désespérer, s’est longuement entretenu avec le juge pourtant injuste. Dans la prière, il faut éviter de vouloir Dieu nous servir plutôt que nous, de le servir (Cf. CEC no 2735).

La bonne nouvelle de cette parabole est pacifiante. Même dans l'obscurité, il faut continuer de regarder en avant. L'accès à la salle de la présence de Dieu s’ouvre avec la clef de la fidélité, de la persévérance et de la confiance. C’est cela la foi. Croire contre toute apparence, contre toute évidence, contre toute attente ; croire même lorsque rien ne semble plus être possible. Comme l’exprime Fred Pellerin, c’est dans la pénombre que la lumière est belle. AMEN.

 

 

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Date: 
Lundi, 8 novembre, 2021

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