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2020-B- Mt 15, 29-37 - mercredi 1ière semaine Avent - praticiens de Dieu

Année B : mercredi 1re semaine Avent (litba01me.20)

 Mt 15, 29-37 ; Is 25, 6-10a : être des praticiens de Jésus.   

Jésus guérit. Un fait historique incontestable. On rapporte plus de vingt-sept miracles de toute nature. Notre premier regard est d’ordre pathogénique. Il redonne santé physique, relationnelle. Un autre regard plus essentiel est nécessaire, il est de l’ordre, écrit Daniel Marguerat[1], salutogénétique. Ce regard dit toute la profondeur de l’incarnation de Jésus. Il vient nous sauver de nous-mêmes, disent les textes de ce temps de l’Avent. Nous montrer qu’il n’est pas amer envers nous, qu’il n’a existé de distanciation entre lui et nous. Dire salut aux exclus par le poids de la loi et du système social oppressif. Sa visitation atteste qu’il n’est que miséricorde, que salutogénétique.

Ce temps de l’Avent ne vise pas à nous rappeler notre disgrâce avec Dieu ni à réparer une faille dans sa création qu’est notre refus de lui. Une autre lecture existe, plus franciscaine, celle de nous réjouir du regard de Dieu sur nous. L’incarnation est vue comme un parachèvement en nous de notre beauté originelle plutôt qu’une réparation d’une faille que la liberté humaine a introduite. Ton amour pour le monde est si grand que tu nous as envoyé un sauveur. Tu las voulu semblable aux hommes […] afin daimer en nous ce que tu aimais en lui (préface ordinaire V11). 

L’attitude d’ouverture de Jésus aux autres sans exclure personne a choqué ses contemporains. Le voir s’arrêter sur la route pour conduire dans une auberge à ses frais, le blessé de la vie (cf. Lc 10, 25-37), l’entendre défier le ne rien faire absolu de la loi du sabbat, d’offrir accueil et amitié aux impurs, de s’asseoir à toutes les tables, de ne jamais regarder une personne de travers, soulevaient l’ire des maîtres de la loi et l’ordre. Pour Jésus, ses gestes sont des gestes de guérison. Une vraie rencontre est aussi thérapeutique que de prodiguer des soins médicaux.

Jésus ne se préoccupait aucunement d’être fils de Dieu ni de savoir si on le reconnaissait comme fils de Dieu. D’ailleurs il n’a jamais dit qu’il l’était. Il a sobrement verbalisé que dans ses temps de prière il cherchait à faire la volonté de celui qui l’a envoyé. Sa priorité n’est pas de savoir si les gens prient ou pas, sont assidus ou pas aux offices du temple. Sa préoccupation première est de guérir, soulager la santé physique, relationnelle, émotionnelle, spirituelle qu’il exprime par le royaume de Dieu est arrivé.

On peut affirmer sans se tromper que Jésus ne se contente pas de prendre soin des gens. Il s’empresse de leur offrir des petits soins, de leur rendre la vie meilleure. Quand il rencontre les gens, Jésus n’agit pas comme un soignant, un technocrate qui fait une «bonne job». Il ne soigne pas la maladie. Il guérit les personnes qu’il comble de la grâce de la vie autant physique, psychique que spirituelle. Sa façon d’être présent à toutes les maladies présente une fascination étonnante, admirable. Il se positionne toujours du côté de la vie. La qualité de sa présence est le vrai «miracle» qui relève et remet en marche. La foule le voit comme un vrai sauveur.

Jésus plonge dans notre humanité pour nous sortir de nos enfers, pour nous donner son humanité divine. Ce regard d’un Dieu plongeur (descendu du ciel, dit le credo) suscite le goût de vivre. Vous saurez que je suis le Seigneur  quand […] je mettrai en vous mon esprit, et [que] vous vivrez (Ez  37, 12-14).

Une question à approfondir pour nous aider à être des Noëls pour les autres.  Demandons-nous si dans cette foule de personnes qui se dévouent pour les autres, nous percevons qu’elles sont des lettres évangéliques écrites pour nous ? Dès qu’il y a libération des migrants, des victimes de catastrophes, dès qu’il y a des gestes pour guérir le monde, des gestes de pardon, de solidarité, l’évangile de la bonne nouvelle se répand en dehors de chaire de nos églises. Une caresse fait plus de bien que beaucoup d'arguments […] c’est l’amour inclusif qui guérit[2].

Célébrer l’Incarnation en chrétien qui est autre chose que de célébrer le Temps des fêtes, oblige à changer nos vies en parabole évangélique, parabole d’espérance. Noël n’est pas une fête extérieure à nous. C’est notre «incarnation» comme révélateur de l’amitié de Jésus avec nos proches. Nous pouvons dire que nous ne sommes pas des théologiens, mais tous nous sommes des «théo-praticiens», des praticiens de Dieu, des révélateurs de Jésus quand nous agissons comme lui, quand nous nourrissons les foules. AMEN.

[1] Marguerat, Daniel, Vie et destin de Jésus de Nazareth, Éd. du Seuil, 2019, p.119

 

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Date: 
Dimanche, 22 novembre, 2020

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