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2020-A- Lc 15, 1-3.11-32-samedi 2e semaine Carême- donner de la joie à Dieu

Année A : samedi de la 2e semaine du carême (litac02s.20)       

 Lc 15, 1-3.11-32 ; Mi 7, 14-15.18-20 : donner de la joie à Dieu.  

Dom Helder Camara écrivait : l’un s’est réveillé de son péché, quand l’autre se réveillera-t-il de sa vertu ? Il ajoutait que la vraie conversion n’est pas l’effort pour devenir quelqu’un de bien, mais de donner de la joie à Dieu.

Dans une culture qui n’est plus de chrétienté, l’attitude du Père soulève beaucoup de questions. Son accueil empressé à bras ouvert est difficile à comprendre, encore plus à accepter. Pourquoi courir se jeter à son cou et le couvrir de baisers (Lc 15, 20)? Pourquoi est-il demeuré tout ce temps en attente de son fils ? Pourquoi une telle accolade à un fils puant, réduit à garder les porcs ? Pourquoi lui faire une grande fête ? Pourquoi ne l’a-t-il pas d’abord écouté plutôt que de l’empêcher de s’expliquer ? Pourquoi ne pas lui avoir imposé une période de rééducation, de réinsertion familiale ? Pourquoi sort-il à nouveau vers son fils ainé qui ne reconnaît pas son frère ni ne comprend l’attitude de son Père, pour l’inviter, lui aussi, à participer la fête (Lc 15, 28) ?

La réponse à ces questions se trouve dans cette affirmation qui dépasse notre entendement : rien ne peut nous séparer de l’amour du Père (Rm 8, 35). Rien ne peut nous enlever notre dignité de fils. Dans ce geste du Père, la grâce de Dieu est apparue (Ti 2, 11) pour dire au fils puant qu’il demeure bien-aimé du Père, précieux à ses yeux. L’accueil du Père est une déclaration de la noblesse du fils. Cette noblesse ne lui sera jamais enlevée.  Ce n’est pas ce que fait ou pas le fils qui maintient en lui sa dignité, mais ce qu’il est.  

À nous qui pensons que le Père est bon envers ceux qui sont bons, cette attitude provoque consternation et admiration. Qui donc est ce Père qui ne s’arrête pas sur le bilan négatif de la vie de son fils ? Qui est ce Père qui ne sait rien faire d’autre que de l’aimer (cf. Mc 12, 28-34) ? Qui est ce Père qui apporte autant d’attention à son fils ainé, il sort vers lui, qu’à son fils cadet pour que les deux puissent prendre part à sa joie et qu’ils apaisent leur rivalité ?  Qui est ce Père qui s’empresse de dire à son fils tout ce qui est à moi est à toi (Lc 15,31) ?

Aucune référence ici aux biens matériels. Ce qui est à moi est à toi. Il s’agit de quelque chose d’inaliénable : au fils revenant, le Père  dit qu’il est de sa race, qu’il est son fils et que rien, même sa fugue, même la lapidation de ses biens, ne saurait lui enlever. Le fils retrouve ce qu’il n’avait jamais perdu : sa condition, sa dignité de fils. Le Père dit à son fils abattu par son bilan négatif, tu n’as jamais perdu ma dignité qui est aussi la tienne. Il exprime la même chose à son fils ainé. Ta colère n’enlève pas ta dignité à mes yeux.

Dieu se réjouit tellement de nous voir revenir vers lui qu’il sort vers nous pour nous emporter sur ses épaules comme il l’a fait pour la brebis égarée. Étonnement, il ne pose aucune condition. Ce qui donne de la joie à Dieu, c’est de nous voir refuser la tentation de réduire notre membership, notre appartenance à sa race à des comportements moraux, religieux, à une question de lois et d’interdictions, de devoirs et de conformités.

Ce qui donne de la joie au Père, c’est de nous voir accueillir comme lui, de savoir comme lui dresser la table pour  offrir à chacun une attention fraternelle faite de compassion sans faille.

Pour nous, fils ainé, cette parabole est interpellant. Elle dicte un comportement nouveau, pas nécessairement spontané envers les revenants. Nous avons souvent l’attitude des ouvriers de la première heure qui reprochent au maître de donner le même salaire à ceux de la dernière heure du jour (cf. Mt 20, 1-16).

Le prophète Michée nous présentait déjà ce père quand il écrivait : tu lui feras voir des merveilles ! Qui est Dieu comme toi, pour enlever le crime, pour passer sur la révolte comme tu le fais à l’égard du reste, ton héritage : un Dieu qui ne s’obstine pas pour toujours dans sa colère, mais se plaît à manifester sa faveur ? De nouveau, tu nous montreras ta miséricorde, tu fouleras aux pieds nos crimes, tu jetteras au fond de la mer tous nos péchés !

Que grandisse en nous la culture de la miséricorde, une culture dans laquelle personne ne regarde l’autre avec indifférence ni ne détourne le regard quand il voit sa souffrance (cf. Lettre apostolique Misericordia et misera, no 20). Soyons des signes de l’accolade du Père et du cœur du Père. AMEN.

Autres réflexions sur ce même passage :

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2019-c-lc-151-3-11-32-samedi-2e-semaine-du-careme-celui-qui-denoue-les-noeuds

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2018-b-lc-15-1-311-32-samedi-2e-semaine-careme-histoire-dune-hospitalite-mutuelle

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2017-lc-15-1-3-11-32-samedi-2e-semaine-du-careme-festoyons

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2-16-c-lc-15-1-311-32-samedi-2e-semaine-careme-oser-la-bienveillance

Évangile: 
Pérode: 
Date: 
Mercredi, 11 mars, 2020

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