2018-B-Mt 25,14-30-samedi 21e semaine ordinaire- l'évangile au travail
Année B- samedi de la 21e semaine ordinaire (litbo21s.18)
Mt 25,14-30 ; 10,5 : l’évangile du travail ; 1 Co 1,26-31 : Dieu choisit les faibles
La première réflexion qui monte en moi est celle de rendre grâce pour les talents que nous avons reçus. C’est la vie elle-même. C’est la communauté que vous formez. C’est l’Église qu’ensemble nous formons. Rendre grâce parce que nous avons trouvé le Messie ; parce qu’appelés à faire connaître Jésus. Rendre grâce pour cette vocation à vivre selon le saint Évangile, à faire circuler entre nous la Parole pour qu’elle grandisse, à la semer aussi dans les cœurs plutôt que de l’enfouir par peur d’en diminuer sa beauté. Rendre grâce à Dieu pour ce talent de la charité (saint Grégoire-le-Grand) que nous avons tous reçu et qui nous rend grands aux yeux de Dieu.
Un chrétien qui ne rend pas grâce à Dieu pour tout ce qu’il reçoit vit renfermé sur lui-même. C’est un faux chrétien. Dieu recherche des gens à qui il confie (c’est le mot de l’évangile) ses biens et ses projets pour les faire fructifier. La culture du bien-être ne doit jamais nous faire perdre de vue que Dieu nous veut dépensiers et non conservateurs d’un musée. La vie nous a été donnée pour que nous la dépensions pour les autres. Vous connaissez bien l’expression : il s’est dépensé sans compter pour les autres. Il s’est démené toute sa vie pour les autres. Après une vie toute dépensée pour l’évangile, Paul affirme qu’il trouve [sa] joie dans ce qu’[il] endure pour vous (Col 1, 24).
C’est une erreur de lire cette parabole comme un appel à l’enrichissement personnel. Triste est la conviction de ceux qui considèrent leurs propres bénéfices comme des signes de prédilection divine, plutôt que comme un appel à servir avec responsabilité la famille humaine (pape François à Genève, juin 2018). Chaque jour, nous devons renouveler nos cœurs, renouveler notre Action de grâce, renouveler nos manières d’agir pour l’Évangile, renouveler nos outils de travail, sinon nous finirons dans un musée que l’évangile présente par la mise en terre des biens reçus par le troisième serviteur.
Les dons que nous avons reçus sont pour chacun de nous une responsabilité et une mission. Dieu nous choisit par pure générosité à notre endroit, pour proposer à notre monde, où la technique est souvent comprise comme le principal moyen d’interpréter l’existence (cf. Encyclique Laudato Si, no 110), une autre manière de comprendre la qualité de vie [en encourageant] un style de vie prophétique et contemplatif, capable d’aider à apprécier profondément les choses sans être obsédé par la consommation (ibid., no 222). Dieu nous choisit pour attester la beauté d’une vie axée sur la vraie sagesse qui est celle du partage. La mathématique de Jésus est étrange : elle se multiplie (prospère) seulement si elle se divise (pape François).
Au jeune homme riche de l’évangile, Jésus a proposé un chemin plein de sagesse. Il lui a proposé une vie pleine plutôt qu'une vie à vivoter sur lui-même. Une chose te manque, détache-toi de ce que tu as. Alors tu auras une vie pleine. Jésus n’offre pas des succédanés de sagesse. Il lui offre d’avoir moins, pour posséder plus. Mieux que cela, Jésus lui offre un plus à lui qui a tout. Je t’ai donné cinq talents, en voici cinq autres.
Qu’est-ce plus? C'est le partage plutôt que l’envie de thésauriser (cf. Th 12, 8) sur ses avoirs, ses talents. Le jeune homme a choisi d’ouvrir sa main pour tout prendre et de la fermer pour tout garder (Si 4, 31). Il a choisi de vivre les bras croisés pour ne rien laisser aller. Il a vécu dans la peur permanente de tout perdre, dans la tristesse et non la joie. Il a refusé de s’enrichir en partageant. Le geste de donner n’est jamais à sens unique. Il est circulaire.
À votre contemplation : que Dieu soit bénit parce qu'il nous confie ses talents, non pas parce que nous sommes meilleurs que les autres, mais parce que lui est bon pour nous. Pour sa bonté, sa confiance, rendons grâce à Dieu jusqu’ à dépenser nos vies pour lui, pour l’Église, pour les autres. C’est quand nous refusons de nous dépenser pour les autres en vivant pour nous-mêmes que le peu que nous avons nous est enlevé. Mettons-nous au travail. Dépensons généreusement le talent, la foi qui est nôtre. AMEN.