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2015-C-Mt10, 17-22 - saint Étienne:

Année C- samedi de Noël (litcno0s.15)
Matthieu 10, 17-22 : saint Étienne, le premier des stigmatisés de Jésus

Quel mystère ! Un Dieu vient faire l'expérience de notre humanité. Au début du livre de la genèse, Dieu est sorti de lui-même pour entrer en dialogue avec Adam qui se cachait, avec Abraham qui l'a reçu chez lui et qui devient le premier d'une multitude de peuples. Au début des temps nouveaux, Dieu en personne, par son Fils, en s'abaissant jusqu'à nous, vient poursuivre ce dialogue fondateur. Désormais Dieu ne peut plus être considéré comme un principe abstrait mais comme Quelqu'un en conversation d'amitié avec nous.

C'est mal imaginer Noël que d'y voir un banal événement qui se produit hors de nous. Dieu vient vivre en nous, habiter nos laideurs, converser avec nous jusqu'à nous inviter à entrer dans son propre mystère de vie. Tel est le mystère de ce jour. Ce jour inaugure le chemin de notre baptême.

Pour dialoguer avec nous, pour nous éviter de bâtir une relation cosmétique avec Lui, l'Astre d'en haut s'est fait crèche pour justement habiter là où il fait nuit en nous. Là où nous ne pénétrons pas parce qu'il n'y a que ténèbres. Que laideurs. À quoi peut bien servir sa lumière, si elle n’atteint pas nos nuits ?

Il descend, l'Astre d'en haut, non pour rejoindre la partie de nous qui va bien, mais celle qui va moins bien. Il sort pour habiter le plus bas de nous-mêmes, jusque dans nos obscurités. Le pape François écrit qu'il est certain que dans l'obscurité commence toujours à germer quelque chose de nouveau [...]; l'être humain renaît souvent de situations qui semblent irréversibles (EG, # 275). 

La crèche n'est pas un moyen publicitaire pour se faire remarquer puisqu'au soir du jeudi saint, Jésus ira jusqu'à s'agenouiller devant ses disciples. Quoi de plus bas que cela ! La crèche dit l'identité de Dieu. Elle ouvre l'itinéraire Jésus. La Croix le termine. Étienne, le premier des martyrs, a pris cet itinéraire en descendant très bas dans le service jusqu'au don de sa vie. Si tu as du mal à imiter le Seigneur, imite du moins celui qui est son diacre (Jean Chrysostome).

Nous étonner devant ce Dieu qui choisit de faire l'expérience de notre humanité incluant la mort serait une méconnaissance de Dieu. Jésus, Parole d’en Haut, vient, permettez-moi de le dire ainsi, s’abimer dans notre humanité pour que  notre humanité puisse lentement se métamorphoser en sa divinité.

Il y a quelque chose de bouleversant qui se cache sous la visibilité de la crèche, popularisé par François d'Assise qui en a très bien compris sa portée. La crèche stigmatise l'abaissement de Jésus, d'un Dieu qui fait l'expérience de notre humanité. Ce Dieu désarmé, vulnérable, vagabond, itinérant, n'abolit pas le mal. En habitant au cœur du mal, au cœur de nos laideurs, il ensemence le surgissement d'une lumière nouvelle. Par lui s'accomplit en ce jour l'échange merveilleux où nous sommes régénérés (Préface de Noël # 3).  

Qui peut comprendre que la crèche est seulement l'aspect visible d'un Dieu dépossédé de lui-même. S'étant comporté comme un homme, il s'hummilia plus encore, obéissant jusqu'à la mort (Ph 2, 8). Jamais, au grand jamais, un mortel ne peut se figurer la démesure de ce choix divin de faire l'expérience de notre humanité comme chemin pour nous faire entrer dans sa propre expérience divine.

En ce lendemain de Noël, la liturgie nous demande si nous désirons porter dans nos corps et nos manières de vive l'infaillibilité de la faiblesse, les stigmates de la pauvreté de nos moyens comme chemin pour montrer Jésus. Le monde a besoin de ce stigmate dont François, l’évêque de Rome, porte dans sa personne. Christian Bobin écrit: Je me dis qu'il (pape François) connaît l'adresse du Christ mieux que nous. Il connaît la puissance d'évangélisation d'une vie copie-conforme à celle de la crèche. 

Je termine par cette prière du Père Antoine Chevrier : O pauvreté que tu es belle! Jésus, mon maître, t’a trouvée si belle qu’il t’a épousée en descendant du ciel, qu’il a fait de toi la compagne de sa vie et qu’il a voulu mourir avec toi sur la Croix. Donne-moi, ô mon maître, cette pauvreté. Que je la cherche avec sollicitude, que je la pren-ne avec joie, que je l’embrasse avec amour pour en faire le compagnon de toute ma vie et mourir avec elle sur la Croix comme mon maître.  AMEN.
 

Évangile: 
Année: 
Pérode: 
Date: 
Mardi, 1 décembre, 2015

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