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2011-A : Mtt 21, 33-43 Dimanche 27e semaine ordinaire - : nous sommes des fruits juteux.

Année A : 27e dimanche ordinaire (litao27d.11) 
Matthieu 21, 33-43 : nous sommes des fruits juteux.

Sans l'émerveillement d'entendre Jésus prendre le temps de nous raconter cette parabole, à nous réunis ici en Cénacle pour le temps d'un week-end, nous risquons de n'en voir qu'une histoire de condamnation. Ce qu'elle n'est pas. Nous avons vocation de contempler dans cette page l'histoire d'un Dieu rejeté hier et aujourd'hui mais qui nous accepte, nous choisit comme travailleurs malgré tout ce qu'il y a d'inacceptable en nous.

Jésus a passé sa vie à faire de la récupération, à récupérer les moins que rien pour leur confier son Évangile. Cette page est invitation à être une Église qui pose sur notre monde - et n'est-ce pas là la mission de tout évangélisateur - un regard de récupération. Aux yeux de Dieu, tout est récupérable. Il offre un regard qui sauve. 

Notre émerveillement, c'est même choquant et scandaleux, c'est que les vrais appelés à être Vigne plantureuse - et nous sommes de ceux-là si nous prenons une vive conscience de notre vocation - sont ceux qui n'en sont pas dignes. L'évangile de ce jour nous ouvre les yeux sur un véritable paradoxe : ceux qui sont apparemment les plus inaptes pour travailler à sa vigne, les plus éloignés de la sainteté, nous sont présentés comme des modèles de transformation, de mutation toujours possible. La pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre angulaire. Admirable et incroyable aussi. Qui donc est Dieu pour agir ainsi ?

Voilà la bonne nouvelle que nous avons entendue ces derniers dimanches, Jésus appelle dans son équipe apostolique, comme évangélisateurs, des moins que rien comme les ouvriers de la dernière heure (Mt 20, 1-16) qui ont flâné toute la journée pour leur donner plus que leur dû au regard de la justice humaine ;  comme les affairés à mener une vie de collusion, de détournement de fonds publics comme Matthieu (Mt 9, 9-13) pour en faire l'un de ses biographes ; des prostituées comme Marie-Madeleine, pour l'élever au rang d'apôtre des apôtres ; des voyous sur les places publiques pour en faire des invités VIP à ses noces (Mt 22, 1-14). Ils vous précèderont dans le royaume. Connaissons-nous des chercheurs de tête qui choisiraient de telles personnes ?

Ce qui fait que Dieu est Dieu, ce qui fait qu'il n'est pas qu'un homme, c'est justement son regard pénétrant qui voit au-delà dans les cœurs. Il ne nous voit pas comme des meurtriers de son Fils. Il voit du beau en chacun de nous. Le dernier regard que nous posons sur cet évangile des vignerons est souvent celui de la mort du Fils, l'envoyé du Père alors qu'il devrait porter sur la vie rendue au Fils pour que nous ayons la vie.  Il détruira [nos regards de] mort pour toujours… C’est lui qui l'a promis (première lecture). Matthieu disait tantôt: Le maître ne pouvait pas faire plus que de nous envoyer son Fils.

En nous envoyant son Fils, Dieu confirme, permettez-moi ce jeu de mot, qu'il est un Dieu innocent. Tellement innocent qu'il ne comprend pas notre désir de tout nous approprier, même son Église, parce qu'il n'en a aucune expérience. Dieu ne fonctionne pas comme cela. Le Père ne comprend pas notre désir toujours réel de nous approprier de tout - spécialement quand nous sommes des clercs- de tout nous approprier aussi, de tout vouloir contrôler, même son Église. Dieu ne comprend pas cela parce qu'il n'est que désappropriation. Parce qu'il n'est que don. En nous envoyant son Fils, le Père nous montre qu'il ne retient rien pour lui-même. Il n'est en possession de rien, même de son œuvre, de sa vigne. Admirable !

En nous envoyant son Fils, le Père montre subtilement qu'il cherche des héritiers qui acceptent d'avoir les mêmes sentiment de son Fils, en vivant à leur tour dépossédé, comme lui, de tout, même des titres d'honneur, dépouillé de tout pour n'être comme lui, que don juteux pour notre monde. Une image de ce fruit juteux: Ne soyez inquiets de rien, mais en toute circonstance, ...la paix de Dieu qui dépasse tout ce qu'on peut imaginer, gardera votre cœur.

Oui, en ces temps de grande, déchirante et profonde mutation, notre vocation la plus impérieuse est peut-être de ne jamais lâcher le fil de la Merveille :Bien loin de te résigner à nos ruptures d’Alliance, Tu as noué entre l’humanité et Toi, par Ton Fils, Jésus ... un lien nouveau, si fort que rien ne pourra le défaire. Pour le temps de cette eucharistie, arrachons-nous à nous-mêmes pour entrer dans cette grande vocation de devenir ce que nous avons reçu : le corps du Christ (oraison finale). AMEN.

 

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Date: 
Jeudi, 1 septembre, 2011

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