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2006-B- Jn 14, 1-16-Funérailles personne de 88 ans- tout est accompli

Jn 14, 1-16

ACCUEIL DE LA FAMILLE

Je vous accueille à la table de Dieu pour y goûter un pain qui a la saveur de la qualité de la foi de Laurette.  Nous sommes venus saluer  Laurette, dont « la vie fut agréable au Seigneur » pour citer le livre de la Sagesse.  En toute connaissance, comme un trésor, elle a offert sa vie à Dieu même si comme elle me l’exprimait samedi dernier « c’est difficile de quitter mes enfants » « les plus beaux du monde ». Ici pour faire mémoire d’une femme qui a vécu en amour avec son Dieu et les siens, même si dit-elle, « elle ne l’a pas assez dit »

Il est juste et bon  de faire une relecture de « cette lettre de Dieu » que fut pour nous Laurette. De raviver notre étonnement devant la beauté de cette lettre. Il est juste et bon de devenir louange, admiration pour cette vie vécue en forme d’Évangile. Laurette peut maintenant faire sienne ces mots de Claire d’Assise : « Béni sois-tu Seigneur de m’avoir créée ». Béni sois-tu pour comme elle me l’exprimait « cette belle vie qu’elle a eu ».

Devenons recueillement pour cette vie qui ne fait que changer d’adresse. Implorons pour elle, le pardon de Dieu en sachant « qu’il est plus facile de nous sauver que de nous perdre, tant est grande, répétait le Curé d’ars, la miséricorde de Dieu. » 


HOMÉLIE

« Tout est accompli ». Ces derniers mots de Jésus prononcés sur la croix, je les fais miens pour exprimer l’heure du grand sens, l’heure de l’accomplissement de toute vie. Devant nos yeux, une vie accomplie. «Tout est accompli ». Laurette a atteint le but de sa vie. Elle entend le Seigneur Dieu lui dire comme dans la parabole des invités au banquet : « entre dans la joie de ton maître ». Sa vie toute entière porte la signature de ces mots de l’apôtre Paul à Timothée  « j’ai combattu le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé confiance en Dieu. Maintenant voici qu’est préparé pour moi la couronne de gloire que le Seigneur offre à tous ceux qui ont attendu sa Venue dans la gloire (2 Tm 4, 7-8).»

Parce que Jésus, Fils de Dieu, centre de l’histoire, de l’univers a connu la mort,  est entrée dans l’heure des  ténèbres,  cela a transformé la mort en un « bien » précieux, une sorte de « perle rare » qu’il nous faut maintenant conquérir pour entrer dans la Vie, pour devenir un éternel « vivant ».   «  C’est un grand malheur que d’ignorer cela » affirme le Starets Silouane.  Notre foi clame qu’en entrant dans la mort, Jésus nous introduit avec Lui  dans la « plénitude de l’accomplissement » de toute vie. « Dans la plénitude de la divinité » (Col2, 9). 

« Aujourd'hui dans notre monde chante les 1ières vêpres de Noël, le Verbe est né. Aujourd'hui dans notre mort est semé la Vie. »  Jésus, fils de Dieu, Lumière incréée, la plénitude de l'Être et du temps, s’est « fait l’un de nous pour que nous devenions éternel ».  (Préface) Il est grand ce mystère de la vie qui naît de la mort.

Pour ceux et celles qui sont « sortis à la rencontre de l’Époux » qui vient (Mtt25,6), la mort se transforme en ÉVÉNEMENT grandiose qui fait basculer en Dieu, qui « déiforme » disent les Pères de l’Église. Laurette a compris cela, elle qui m’exprimait sur son lit d’hôpital,  il y a quelques jours, qu’elle a beaucoup aimé ce Dieu-Époux.

Laurette a pris au sérieux la recommandation du renard qui disait au Petit Prince «Toi, tu ne dois pas oublier cela ».  Elle n’a pas oublié que la mort qui est « le chemin de tout le monde » est aussi pour le croyant, un « temps de grâce », un temps où Dieu fait grâce d’offrir en héritage une « espèce de vie nouvelle ».  Laurette avait foi dans cette « vie nouvelle ». Elle en savait la direction. Elle en connaissait le Chemin et connaissait Celui qui en était le Chemin.

Devant nos yeux, une tombe qui cache une vie vécue « saintement » dans la foi. Un grain de poussière qui déposé en terre, devient un grain de beauté. La foi proclame que notre enfouissement dans la terre est un enfouissement dans l’être Divin. « Il s’est fait homme pour que nous soyons divin » Mystère de foi. Mystère de Vie. François d’assisse a tellement compris cela, qu’un peu avant sa mort, il ajouta une dernière strophe à son cantique de la création : «  loué- sois-tu pour notre sœur la mort ».

A l’heure où la mort est devenu un « divertissement » que nous offrent nos bulletins d’information, qu’elle est comme un mirage sur le point de disparaître, il nous faut « sortir de notre sommeil », «  relever la tête »  pour jeter sur elle des yeux de Pâques, des yeux de Lumière.
 
Des yeux de Lumière parce que Laurette comme elle me le disait sur son lit d’hôpital, « j’ai bien vécu ma vie. » Elle a choisie de vivre sa vie en beauté. Elle a connu la grâce d’une vie de beauté.  Pour elle, la vie valait « plus » que toute richesse, « plus » que les résultats de toutes recherches scientifiques, «  plus » que la santé. Pour elle, la vie était toujours «  plus que » tout  ce qu’elle avait, possédait. Pour elle, la vie avait le visage de sa foi. D’où sa grande sérénité devant la mort qu’elle a vue venir. Elle n’avait aucune inquiétude même si c’est dur de « laisser ceux que j’aime ». Et elle ajouta : «  je ne leur ai pas assez dit ».  Elle nous lègue une vie qui est «  plus que » la vie parce qu’elle nous lègue Celui qui est vit. 

Vie de beauté, en forme de beauté qu’elle a vécue dans sa relation avec Arcade, beauté de couple que je salue avec admiration. Beauté d’accueil des siens. Quelle joie elle dégageait dans ses soirées de parties de cartes ! Beauté d’une vie donnée à sa famille. D’une vie en état de service. Elle a fait sienne ce qu’exprime une prière eucharistique : « choisis pour servir ». Elle n’en faisait jamais assez pour rendre heureux les siens.  Elle était heureuse quand elle rendait heureux.  Elle ne vivait pas pour elle-même.  Sa vie fut une vie « offrande », toute consacrée aux autres. Sans le savoir, sa vie confirmait ce que Socrate exprimait dans un lointain passé : « une vie non regardée en profondeur ne vaut pas la peine d’être vécue, car ce n’est pas la vie. »

La grâce de la simplicité. Laurette faisait partie de ces gens simples qui ne font pas de grande théorie sur la vie. Elle se contentait jour après jour, année après année, de vivre le message de l’Évangile. « Aimez-vous comme je vous aime ». Elle a été pour nous une « lettre écrite de la main de Dieu ». Elle a connu la grâce du travail. La vie de Laurette confirme que nos actes parlent plus que nos paroles. Que nos actes sont des écrits qui restent au-delà de la mort. Ce que nous retiendrons de sa présence parmi nous, ce ne sont pas des gestes héroïques mais une manière de vivre le quotidien avec confiance, sérénité. Elle savait que le bien engendre le bien.  Dans sa simplicité de vie, elle nous indique les fondations d’une vie accomplie, vécue en plénitude.  Sa foi « simple » lui faisait me dire lorsqu’elle était en dialyse : « je suis prête à mourir ». Elle ajoutait samedi dernier, mais « aidez-moi ». Quel beau témoigne d’une vie accomplie avec simplicité, générosité, dévouement ! Sa gentillesse survivra à sa mort.
  
A votre contemplation, la mort vient d’avoir le dernier mot. Mais toute sa vie, fut une victoire sur la mort parce qu’elle n’est pas morte avant sa mort. Parce qju’elle a choisie la vie (Dt 30,1-4) Que le vie est belle quand on croit que la résurrection de Jésus a tout changé dans la destinée des humains. ! Se réalise maintenant pour Laurette ce qu’elle a toujours désiré : ce mariage spirituel avec son Dieu qui est l’aboutissement de toute vie chrétienne. Elle peut maintenant dire dans les mots de Maurice Zundel «  mon Je est un Autre ». Que le Seigneur la reçoive maintenant à la table de son eucharistie sans fin. AMEN

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Vendredi, 1 septembre, 2006

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