Année a

Il m’arrive de recevoir en consultation des jeunes référés par leur pasteur qui souhaite obtenir une évaluation de leur situation avant leur mariage. À chaque fois, je me retrouve devant des personnes tellement éblouies fascinées l’une par l’autre qu’ils n’entendent pas ce que je dis. Leur “je” n’existe plus tant ils sont en extase, en admiration devant l’autre. Ils sont en amour et il n’y a rien à faire, dit une expression populaire. Dans les mots de Luc le peuple était tout entier suspendu à ses lèvres

Nous entrons dans une saison dite des fêtes qui, à première vue , laisse entendre et voir la saison la plus anti-évangélique qui soit. En ces jours de grande effervescence pour les commerçants, la publicité nous vend l’image qu’exister, c’est consommer. Accumuler, c’est bien vivre. À l’observateur éveillé, ce qu’exploite cette saison des fêtes, c’est plutôt une grand insécurité. Ce qu’elle cache, c’est un grand vide intérieur.

Pour exposer notre vie à la lumière de l’Évangile, pour vivre le saint Évangile, il faut accepter que notre vie devienne un combat permanent. Les forces du mal, de Béelzéboul - certains diront les axes du mal - font partie intégrante de nos personnalités. Le mal que je ne veux pas, je le fais confessait humblement Paul (Rm 7,19). Notre “cellule extérieure” -notre moi - notre souci de visibilité a beaucoup d’emprise sur nous. Ne disons- nous pas chaque jour comme pour mieux entrer dans l’eucharistie: Je confesse à Dieu tout puissant. Prends pitié de nous.

Pourquoi celle qui se donne à Dieu se demandait Thérèse d’Avila ne réussit-elle pas à s’élever jusqu’à la plénitude de la joie? Dit autrement et dans les mots de l’Evangile de ce jour, pourquoi tant de difficultés à délaisser nos vieux vêtements (Lc5, 37), ce qui est périmé en nous (le vieil homme ) pour privilégier ce vêtement nuptial, ce vêtement neuf (Lc 5,36) qui donne accès à un Époux trois fois saints? J’ai longuement porté cette question en moi. Oui, comment expliquer qu’après avoir ici décidé de tout donner à Jésus, toute notre vie; de s’être engagé avec tant d’empressement à vivre ce privilège de la pauvreté; qu’après l’engouement, l’extase du début, le doute s’empare de nous? Ce doute qui nous empêche de communier de tout notre être, de nous livrer tout entière, à l’offre d’Alliance que nous présente cet Époux, pourtant si recherché.