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Communauté chrétienne

QU'EST-CE QU'UNE COMMUNAUTÉ CHRÉTIENNE?

 

 

L’Église n’est ni une résidence de personnes âgées ni une garderie. Elle n’est pas une secte ni un club social. Elle n’est pas une agence «spécialisée» qui vend des services pastoraux «professionnels» et offre des «méthodes de bonheur» ou des «pilules de spiritualité». Elle n’offre pas de «paradis fiscaux» et n’est pas un «Club privé», car elle s’adresse à tous : nonagénaires et nouveau-nés, bien-portants et malades, hommes et femmes, jeunes et vieux, étrangers et citoyens «de souche» ; nouveaux arrivants de longue date, etc. C’est cela, l’Église.

 

Ce mélange disparate est rempli de conflits, de malentendus, de reculs, de refus, de mesquineries même. Mais on y trouve aussi des oasis d’harmonie, des merveilles de compréhension, des progrès étonnants, de surprenantes acceptations des différences, des progrès inattendus et des pardons inespérés. L’Église, c’est aussi cela.

 

À ceux et celles qui veulent entrer chez elle, l’Église n’impose aucun prix d’entrée ni aucune condition préalable : chacun vient comme il est et reste lui-même. Elle ne cherche pas à nous convertir. Car sa mission n’est pas de convertir les gens, mais de les accueillir tout en espérant qu’une fois à l’intérieur, qu’ils soient membres ou visiteurs occasionnels, ils rencontreront le Dieu de Jésus-Christ, «celui qui sait ce qu’il y a dans le cœur humain» (Jn 2,25) et qui «a les paroles de la vie éternelle» (Jn 6,68). Car la mission de l’Église n’est pas de ramener l’humanité à elle, mais à Dieu. Sa mission ne consiste pas à «recruter des membres», mais à inviter les gens à se tourner vers les autres. En commentant l’expansion rapide de l’Église primitive, un exégète anglais avait cette phrase : «L’Empire romain acceptait les gens; l’Église les accueillait».

 

L’Église est une communauté dans le plein sens du mot : elle implique unité de cœur, tolérance, émerveillement. Elle invite chacun à se rapprocher de son voisin plutôt qu’à le craindre; à lui donner une chaude poignée de main plutôt qu’à le fuir par crainte de la grippe; à voir l’autre comme un ami possible plutôt qu’à s’en plaindre.

 

L’Église est une communauté où on aime se retrouver même si on risque de se faire écraser les pieds; une communauté où il est fort probable que mon pantalon griffé et ma robe en «organdi» soient froissés. Une communauté où les enfants peuvent crier et les adultes tousser sans être foudroyés du regard ou relégués derrière des vitrines insonorisées.

 

Quand j’étais jeune, toute ma famille se réunissait chez mes grands-parents le soir du jour de l’an. Nous étions 20, 40 parfois 60 entassés dans leur petite maison de 40 par 30. Nous étions littéralement empilés les uns sur les autres. Nous ne mangions pas «bio» et les odeurs n’avaient aucun rapport avec le «Chanel no 5». Il nous fallait patiemment endurer les chants hurlés de l’un et le violon grinçant de l’autre. Et pourtant, je garde un souvenir ému de ces soirées pleines de bruit et de virus. Pourquoi si ce n’est parce que nous formions une vraie communauté?

 

par

Gabriel Clément, prêtre