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2021-B- Jn 3, 22-30- samedi après l'épiphanie- décroître, mot explosif

Année B : samedi après l’épiphanie (litbn01.21)

 Jn 3, 22-30; 1 Jn 5, 14-21 : décroître, un mot  explosif.  

Pour terminer ce temps de Noël, un mot qui fait peur. Un «mot obus» (Paul Ariès), explosif ; c'est un mot qui repousse, qui encourage à redécouvrir notre identité profonde ; un mot insoutenable qui fait éclater l’idéologie d’une croissance exponentielle indéfinie de soi ; un mot nuptial qui prépare notre union avec Jésus, un mot qui est un sacrement, dit Maurice Zundel ; un mot qui est à la racine de l’incarnation : décroître. Dieu s’est fait humain.

Paradoxe : c’est au moment où Jésus vit la déprise de sa propre vie qu’il révèle son identité profonde. C’est au moment où il s’abaisse qu’il élève nos regards à la contemplation. En se dessaisissant de sa Vie, il nous montre qui il est. Par sa décroissance, Jésus dit qu’il est tellement Dieu qu’il ne se possède plus.

Décroître. Jean-Baptiste n’a pas eu peur de ce mot. Il en a fait sa devise. Sa vie fut  sobre, heureuse et détachée des choses; ainsi, à ses disciples paniqués de disparaître, possiblement jaloux devant les initiatives de cet homme que tu as baptisé [et vers lequel] tout le monde se tourne, il répond de laisser croître Jésus.

Jean-Baptiste ne voit pas dans l’attitude de Jésus une concurrence déloyale. Il ne vit pas le succès de Jésus (tous vont vers lui) et le départ de ses disciples comme un échec. Ce fut son chemin de béatitude. Bienheureux, ceux qui renoncent à leur propre bien-être[1]. Il a compris que montrer Jésus passe par le refus d’un moi exponentiel indéfini. Ce chemin ouvre sur une loi de l’extase : sortir de soi-même pour trouver un accroissement d’être (Fratelli tutti, no 88).

Sa vie ancre la radicalité du Nouveau Testament. Jésus le confirme quand il dit qu’il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu (cf. Mc 10, 25).  Appartenir à Dieu, se faire proche de Jésus, se faire le prochain de Jésus —Jean-Baptiste a compris cela— nécessite de délaisser un mode d’existence somptueuse pour celui de la frugalité, plus acceptable à notre mentalité actuelle que celui de décroissance. Quand chacun veut se faire un petit dieu, nous devenons odieux les uns aux autres (Marc-Alain Ouaknine).

Décroître, ce n’est ni s’affaisser ni s’écouler. C’est autre chose que la décadence. Mot très écologique, fondamentalement évangélique. Il appelle à ne pas sur-dimensionner sa personne. Il donne naissance à une nouvelle manière d’entrer en relation avec un autre. D’épouser l’autre, vient de nous le rappeler saint Jean. L’appel à la décroissance fait exploser l’idéologie de «l’égolâtrie» (pape François) qui pousse à exploiter son prochain et à le traiter comme un pur objet (Laudatio si, no 123).

Redécouvrons ou découvrons la beauté de ce mot. Repartons à la conquête de la vraie richesse. La décroissance enrichit. Se faire petit nous grandit parce que nous n’appartenons plus à nous-mêmes, nous appartenons à un Autre. Décroître est la colonne vertébrale de toute spiritualité, chrétienne ou pas.

L’encyclique sur la fraternité offre une belle réflexion sur la décroissance, de la petite voie, quand il  observe que la tentation de créer une culture de murs, d’élever des murs, des murs dans le coeur, des murs érigés […] pour éviter cette rencontre avec d’autres […]. Quiconque élève un mur, […] finira par être un esclave […] tant il lui manque l’altérité (no 27).

Jean-Baptiste avait un cœur tellement ouvert aux immenses horizons du désert dont la moindre lumière éblouit[2] qu’il fut ébloui par Jésus. Il s’est effacé, mais pas à peu près. Il a reconnu en Jésus un plus grand que l’homme. Je ne suis pas le Christ (Jn 1, 20).

Que se réalise pour nous ce qu’écrivait l’apôtre Jean dans la lecture : nous avons cette assurance que si nous demandons quelque chose selon sa volonté […], si nous savons qu’il nous écoute […] nous savons que nous possédons ce que nous lui avons demandé. AMEN.

Autres réflexions sur le même passage :

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2020-jn-3-22-30-samedi-apres-epiphanie-croire-cest-decroitre

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2020-jn-3-22-30-samedi-2e-semaine-noel-don-de-lecoute

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2016-c-jn-3-22-30-samedi-apres-epiphanie-ministere-de-leffacement

 

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Date: 
Vendredi, 1 janvier, 2021

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