2015-B-Mc 12, 38-44- samedi 9e semaine ordinaire- un regard fixé sur l'essentiel : la veuve et son obole

 Année B : Samedi 9e semaine ordinaire (litbo09s.15)

Marc 12, 38-44 : un regard fixé sur l'essentiel : la veuve et son obole

Nous ne sommes pas coupables de la pauvreté grandissante autour de nous. Nous sommes responsables d'y donner prise, à notre mesure. Si Marc et les autres évangélistes nous rapportent ce que personne n'a vu, c'est non pas pour nous culpabiliser mais pour nous ouvrir les yeux à l'essentiel de la bonne nouvelle.

Ce regard de Jésus sur un geste qui se répète presque spontanément aujourd'hui quand on entre dans un sanctuaire, ouvre sur un des fondamentaux de la foi chrétienne. (cf. Bernard, Sr Marie-Christine, Les fondamentaux de la foi chrétienne, Presse de la Renaissance, 2009). Ce regard contient tout l'évangile. Il en dit long sur Jésus qui appelle à voir l'essentiel : se donner plutôt que donner même avec retentissement.

En voyant ce geste que personne n'a vu et qui a une portée considérable pour la pratique de la religion, Jésus donne de la luminosité à un geste fait sans éclat. Il place au cœur de son message, cette nouveauté que la pratique de la religion tient en peu de chose, très peu de chose et dont la simplicité désarme les «intellectuels» de la religion. Pour Jésus, la pratique de la religion ne repose pas sur la visibilité d'un geste, sur la manière de s'habiller ou de discourir jusqu'à imposer un joug qui ne s'adresse qu'aux autres.

Si Jésus n'avait pas exprimé son admiration, c'est plutôt sur les grands personnages que ses disciples auraient fixés les yeux. En rapportant ce geste gravé dans leur mémoire, les disciples expriment comment ils furent bouleversés par ce regard nouveau. Ce geste les a réveillés à la nouveauté Jésus. Voir ces petites choses aujourd'hui, c'est un chemin pour réveiller le monde, comme vous le demandait le pape François en ouvrant l'année de la vie consacrée. On n'est pas habitué à louanger ce qui semble sans valeur.  

Ce qui émeut Jésus et le réjouit aussi, c'est qu'il voit s'accomplir la réalisation de cette pratique nouvelle qu'il veut voir instaurer dans les cœurs. Les deux piécettes signifient plus que l'offrande usuelle demandée. C'est un geste de donation de soi. Cette veuve donne tout ce qu'elle a pour vivre. Elle se donne jusqu'à donner sa vie. On se souvient de cette autre veuve qui a donné le peu de farine qui lui restait (cf. 1 R 17: 9-24 et 2 R 4: 8-37).

Jésus inaugure le commencement de gestes lumineux que sont ces petits gestes anodins, peu dispendieux à poser mais combien évangéliques : donner un simple verre d'eau, se pencher sur un malade en fin de vie, sourire à un enfant, l'accueillir, etc. Ces petits gestes sont lumineux parce qu'ils chantent la profondeur de la foi de ceux qui les posent.

Le regard de Jésus ouvre sur un horizon à sauver, celui de sortir de cette tendance à se faire voir en faisant du bruit en jetant une grosse somme d'argent dans le tronc. Subtilement, Jésus dénonce cette recherche très culturelle, très humaine, de s'auto-regarder, s'auto-plaire, s'auto-contempler. Dans La joie de l'évangile, le pape François lance cet appel qui se retrouve en filigrane des ses prises de parole, ne pas s'enfermer sur soi-même ... et en tout choix égoïste que nous faisons (EG #89).

 Nombreux sont les passages dans les Évangiles où Jésus ouvre le regard de ses disciples à des réalités qu'ils ne voient pas. Il s'extasie devant la splendeur de la nature qui nourrit les oiseaux du ciel et pare de ses couleurs les fleurs des champs. La graine tombée au bord du chemin, au milieu des ronces ou des pierres (image de notre monde !) devient la parabole du Royaume.  

Le message de Jésus est limpide : nous ne voyons pas, ne savons plus voir. Notre regard est déformé, tordu.   Nous ne savons plus discerner l'essentiel de l'accessoire, le bon du mauvais. Nous sommes facilement fascinés par tout ce qui brille, tout ce qui tape l'œil et qui demain tombera dans l'oubli.

Aujourd'hui, découvrons à la manière de l'enfant qui s'émerveille de tout, les splendeurs de bonté, de douceur, de patience qui sont là sous nos yeux. Que cette eucharistie guérisse nos regards. AMEN.

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Date: 
Vendredi, 1 mai, 2015

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